Back To heaven, Led Zeppelin / Chapter two

De 1968 à 1980 un groupe a marqué son époque, Led Zeppelin. Ce qu’on ne savait pas c’est que quarante ans après ses compositions seraient toujours aussi vivantes. Contrairement à de nombreux groupes rock de cette période, ce simple combo de blues rock, chant, guitare, basse, batterie a su créer un univers allant de la transe électrique aux ballades folk acoustiques presque médiévales devenu intemporel.

Et c’est ainsi que leur répertoire comporte désormais des classiques, des standards presque. L’an dernier Lionel Eskenazi a publié un extraordinaire album de compilation « Led Zeppelin in Jazz » dans lequel on retrouve un éventail très varié d’artistes comme Vincent Peirani, Joshua Redman, le trio Romano/Vignolo/Trotignon, Nguyên Lê et You Sun Nah, Bonerama, Pierrejean Gaucher, d’autres et l’Orchestre National de Jazz Franck Tortiller. Ce dernier avec l’ONJ avait en 2006 monté le projet « Close to Heaven » que j’avais eu la chance de voir au Carré des Jalles près de Bordeaux ; déjà une belle claque. Quinze ans plus tard, avec une formation plus légère mais tout de même de huit musiciens, il est revenu au paradis, celui auquel on accède par un si bel escalier avec « Back to Heaven ». Leur premier concert a eu lieu au festival Jazz et Garonne en octobre dernier à Marmande chez et avec Eric Séva en invité, et nous en avions parlé dans le blog : https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/jazz-et-garonne-2021-daniel-zimmermann-4tet-franck-tortiller-back-to-heaven/ On y annonçait l’album, le voilà, enfin oserais-je dire, tant nous l’attendions.

L’album s’ouvre sur un « Achilles Last Stand » effrené aux cuivres cinglants , la douceur revenant soudain chassée par un surprenant hip-hop, le vibraphone ramenant tout le monde dans le thème. Le ton est donné, l’esprit de Led Zep est là. « Going to California » ensuite calme et serein , les saxophones et le vibra chantant tout comme la voix Matthieu Vial-Collet. Robert Plant est inimitable, il ne cherche donc pas à le singer et ça passe tout seul.

Prouesse que reprendre avec une telle formation un monument de violence et de nuances comme « Dazed and Confused » mais le jazz permet tout et ils en profitent, ahurissant. Retour au calme au son des sax soprano avec « The Battle of Evermore » puis « All my Love » enluminé par la trompette et le trombone, le vibra apportant sa touche légère. Grosse rythmique pour démarrer « The Crunge » qui finit par se hip-hopiser lui aussi ; du très lourd ! Peut-être mon titre préféré de l’album ensuite un « Nobody’s Fault But Mine » très jazz, puis la beauté dramatique de « Ten Years Gone ». « Immigrant Song » est méconnaissable, à l’intro orientalisée ce qui ne serait pas pour déplaire à Robert, pour ensuite s’enflammer sur un tempo up. Une composition de Franck Tortiller bien dans l’esprit « Moby and Moby » un blues déluré conclut cet hommage. Énergie, virtuosité, nuances tout est là, les arrangements sont impeccables d’originalité et les huit musiciens donnent leur meilleur. 

Franck Tortiller tout comme un grand Chef avec ses recettes modernes, a revisité le répertoire de Page et Plant, et si la forme a bien sûr changé on y retrouve toutes les saveurs, celles de ma jeunesse personnellement, on se régale mais autrement et en plus ici c’est copieux. Alors foncez acheter ou écouter ce superbe album !

Franck Tortiller : vibraphone, composition, arrangements ; Patrick Héral : batterie, percussions, voix ; Jérôme Arrighi : basse ; Matthieu Vial-Collet : guitare voix ; Olga Amelchenko : sax alto et soprano ; Maxime Berton : sax ténor et soprano ; Gabrielle Rachel : trombone ; Joël Chausse : trompette, cornet, trompette piccolo

par Philippe Desmond.

https://www.francktortiller.com/