Le Vox, Saint-Christoly de Blaye les 11, 12 et 13 juin 2021

Pour sa deuxième édition qui aurait dû être la troisième le millésime 2020 n’ayant pas été produit, le festival itinérant « Les Grands Espaces » organisé par le label Laborie Jazz a fait une incursion en Gironde, plus précisément en Nord-Gironde comme on dit ici.
Grâce à la Communauté de Communes de Blaye et à la ville de Saint-Christoly très dynamique culturellement c’est le Vox qui a accueilli la manifestation durant trois jours. Jolie salle qui accueille des concerts de musique de tout style, du théâtre, du cinéma, de la magie… L’envie de recevoir du jazz a donc pu s’assouvir. Espérons que ce coup d’essai sera suivie d’autres éditions malgrè la désaffection du public. Il faut dire que pas moins de trois festivals de jazz se déroulaient en Gironde ce même week-end, mais le département est vaste et peuplé et peut largement remplir tous les sites, alors les amateurs où étiez-vous ? Aucun des trois évènements n’a fait le plein malgré les jauges réduites…

« Waterworks » – Gaël Rouilhac en trio

Au pays des vignes à perte de vue, il nous fût offert d’entendre et de voir, à défaut de boire, un assemblage original des plus réussis. Il ne s’agissait pourtant que d’eau. « Waterworks », le premier album personnel du guitariste Gaël Rouilhac ce soir est présenté, source d’abondance, de diversité et de fraîcheur.
Le trio fonctionne à merveille, et ce, sans section rythmique ; un pari à la fois audacieux et courageux car le fruit d’un travail ciselé et raffiné.
Le violon de Caroline Bugala parfois enjôleur et l’accordéon rieur de Fred Langlais s’entrelacent avec la guitare de Gaël Rouilhac, tout en finesse, en rondeur et légèreté. 
C’est un peu une danse, harmonieuse et envoûtante.
Les compositions originales et les arrangements de Gaël Rouilhac nous plongent dans des univers musicaux variés ; folklore, tango, musette, jazz manouche… c’est un voyage en pays lointains, la route est belle.
Ce concert nous donne à vivre une grande douceur mais du rythme également, de la poésie, de la tendresse et de la profondeur. Les anges présents dans la salle sont sous le charme et n’ont qu’à bien se tenir ! 
Afin de revivre cette belle soirée, le disque produit par le Label Laborie jazz est disponible en version CD ainsi que sur les plateformes digitales. Nous lui souhaitons longue et belle vie !

Texte et photo Solange Lemoine

Lorenzo Naccarato trio « Nova Rupta »

Samedi c’est le retour en Gironde du pianiste toulousain Lorenzo Naccarato après sa venue en 2018 lors du festival Jazz à Caudéran organisé par Action Jazz. Il est toujours en trio avec ses deux mêmes compères, Benjamin Naud à la contrebasse et Adrien Rodriguez à la batterie. Il est toujours sur sa création « Nova Rupta » du nom d’un volcan d’Alaska et signifiant nouvelle éruption et sorti en CD chez laborie Jazz. Le premier titre est d’ailleurs « Séismographe » . Cette musique c’est la poésie alliée au lyrisme, tantôt très écrite, très précise à exécuter, tantôt en totale liberté. Les ostinatos de la main gauche de Lorenzo, la contrebasse pincée, frottée ou frappée à la mailloche, la batterie délicate le plus souvent. Et soudain après des passages minimalistes, la lave qui monte, lentement, inarrêtable et qui finit par jaillir.

Une musique très construite avec des rendez-vous précis laissant entre eux des libertés d’improvisation. On a des panneaux indicateurs pour ces rendez-vous, des signes imperceptibles pour le public me dira Benjamin Naud. Tiens le public, où est-il celui qui se plaint depuis des mois que rien ne se passe, qui tape sur les pouvoirs publics et ne se dérange pas quand ceux-ci organisent un événement comme ce soir la Communauté de Commune de Blaye ? Certes ce festival est nouveau, il faut qu’il se fasse une place mais malgré une communication importante, les fameux « amateurs » ne sont pas là, quand aux autres ce n’est pas la curiosité qui les étouffe… Les absents ont eu bien tort de ne pas venir passer ce moment de musique.

Texte et photo Philippe Desmond

« Les Quatre Vents » ont caressé nos oreilles à Saint-Christoly de Blaye

Nous étions prévenus, Alex Dutilh nous avait fait découvrir cette perle « made in Marseille » à l’antenne de France Musique à l’automne 2019, lors d’un concert en live au Studio de l’Ermitage, à Paris (P. Mansuy, C. Leloil, P. Fe#CD2). 
Les saisons tristes « no concert – no culture » se sont succédées juste après, cette pépite a due rester sagement cachée, trop hélas…
Mais il ne s’était pas trompé bien-sûr, car « Les Quatre Vents », tel est son nom (ainsi que le nom de la formation) est un album produit par le Label Laborie Jazz qui réunit 4  musiciens incontestablement excellents et de renommée internationale. 
Sur la scène de Saint-Christoly de Blaye, avis de trompette et déferlement de notes pour notre plus grand plaisir ; comment ne pas se laisser transporter par les doigts d’or de Perrine Mansuy au piano, l’espièglerie de Christophe Leloil à la trompette, les bourrasques vivifiantes de Fred Pasqua à la batterie et la verticalité toute en ondulations de Pierre Fénichel, à la contrebasse ? 
L’univers jazz de ce quatuor aux moult influences est unique et singulier. Il vibre de poésie dans la manifestation d’une musique libre, et ce, avec maîtrise et rigueur.
Une complicité exceptionnelle entre les musiciens vient porter chaque morceau ; ils ont l’art de jouer au singulier pluriel. Il s’agit bien là d’une communion et c’est magnifique. 
« Les Quatre Vents », c’est un seul cœur qui bat, un cœur généreux ; ça pulse, ça vit, ça respire et ça donne du baume à l’âme ! Et puis c’est une musique presque « maternelle » tant elle est présente, à la fois douce et sensible mais si forte, puissante et structurée. 
Ainsi pour moi, ce concert fût vécu.
Merci à chaque musicien pour cette excellente soirée, je leur souhaite un été Jazz le plus « en live » possible, pour l’expression de leur art et la joie de leur public.

Texte et photos Solange Lemoine