Jazz 360

La météo aura eu raison des ambitions estivales de cette première soirée du très attendu Jazz 360 millésime 2021. Heureusement, la salle culturelle de Cénac est bien entendu là toute proche pour servir d’écrin au premier tableau d’une exposition qui va durer jusqu’au dimanche 13 juin inclus dans l’Entre-deux-mers.

Je dis « très attendu », car il s’agit de l’un des premiers festivals de la saison dans la région, et particulièrement cette année où les amateurs de spectacle vivant ont dû rester chez eux !

Le groupe toulousain Høst est notre hôte ce vendredi soir. Carla Gaudré (saxophones, effets), Dorian Dutech (guitare électrique), Pierre Terrisse (basse), Théo Teboul (batterie et drum machine) entrent sur scène, soutenus par les applaudissements d’une salle bien remplie.

Høst, (l’automne en norvégien) est venu présenter son second CD « Køs », à un public, certes curieux, mais qui ne s’attendait peut-être pas à être cueilli à froid par ce souffle musical venu du nord. La musique de ce jeune quartet mélange les couleurs sonores et les textures rythmiques, le jazz, le rock et le trip hop. Ces influences donnent au projet « Køs » beaucoup de caractère et de richesse.

Le set commence par « Went » ; intro au sax soprano, basse au son électro façon Moog, guitare assurant le soutien harmonique sur le beat de la batterie acoustique et électronique… le décor est planté. 

Saluant le public séduit par cette entrée en matière, Carla Gaudré nous fait part du plaisir de retrouver enfin le public. Plaisir partagé !

Suit « Whipple », dans la même veine, phrases mélodiques exposées au soprano, puis montées en puissance où les effets sont à la fois présents et bien dosés. « Dreamwalk », titre initialement écrit pour être chanté (interprété par Jeff Taylor sur l’album Køs) est donc interpréter par Carla, leader de ce quartet épatant. Plein d’idées et d’innovations, Høst ose les effets électro, l’archet sur la guitare, les chaines métalliques sur la caisse claire, le solo de drum machine et même le sample d’un poème norvégien. Le public conquis encourage le groupe d’acclamations grandissantes, à chaque morceau.

Après les titres « Diu Ors » (là, c’est de l’occitan) et « Køs » (ou l’art de cultiver les bons moments en Norvège), Nicolas Gardel arrive sur scène pour enrichir le tout du son de sa trompette. Sur l’album Køs, il a signé les arrangements du titre « Vill » (sauvage, en norvégien, contrairement au saumon norvégien, qui lui est d’élevage…) Je glisse toujours une ineptie de ce type pour réveiller un peu le lecteur dans mes chroniques ! La puissance de ce titre au tempo rock, basse ostinato, guitare appuyée, fait basculer le concert vers une autre dimension. Était-ce possible ? 

La complicité de Nicolas Gardel, leader des Headbangers, (au sein duquel on retrouve Dorian Dutech), est une première sur scène et la conversation qui s’installe entre la trompette et le saxophone donne un parfait relief aux compositions du groupe.

Le titre suivant « Alt 155 » n’est pas une référence au lac Assal de Djibouti qui avec une altitude de 155 mètres sous le niveau de la mer, est le point le plus bas d’Afrique… rien à voir avec la Norvège en effet, quoique… c’est le code qui nous permet de faire le « ø » de Høst sur votre clavier ! Côté altitude d’ailleurs, ce titre atteint des sommets d’énergie.

Sur le morceau « Kalt », (froid en norvégien) le rythme et les émotions qui font la signature de Høst nous embarquent dans une balade aux confins des vastes étendues enneigées du grand nord.

« Pulsar », titre inédit du groupe, clôture ce concert passé à la vitesse de l’éclair. Høst et Nicolas Gardel saluent le public debout, qui au bout d’une ovation méritée, finit par obtenir un rappel improvisé.

Waouh !

Décoiffés par ce grand souffle de fraicheur, les spectateurs retrouvent les musiciens au pied de la scène pour une séance de dédicace. C’est l’occasion de féliciter Carla et ses complices, ravis de l’accueil réservé par leur premier public depuis bien longtemps.

Voilà Jazz 360 2021 bel et très bien lancé.

Jusqu’au 13 juin, vous pourrez retrouver une palette d’artistes tels que le jazz créole d’Akoda, la transe de l’Elephant Brass Machine, l’afro jazz de Tribal Poursuite, le groove de Bushmen, le jazz funky de Cheeky brass et Cissy Street, Mathieu Chazarenc Canto quartet, Swing Affair, Christian Paboeuf quartet, Nefertiti quartet et Sylvain Rifflet.

Vince, Cénac, vendredi 4 juin 2021
Photos Philippe Marzat