Armando Luongo – New Lands
5 étoiles
Armando LUONGO : Batterie, compositions
Matt CHALK : Saxophone alto
Jean-Paul ESTIEVENART : Trompette (3, 4, 5 et 8)
Wajdi RIAHI : Piano
Giovanni DI CARLO : Guitare
Basile RAHOLA : Contrebasse
Armando Luongo est un batteur italien installé en Belgique où il a fait des études musicales au conservatoire jazz de Bruxelles, complétées par quelques stages à New-York notamment avec Greg Hutchinson ou Jeff Ballard.
Cet album est doublement une première pour lui puisqu’il se présente d’une part comme leader et d’autre part il en a composé les 8 morceaux (il s’est donc jeté à l’eau après le confinement !), ces premières fois sont, semble-t-il, ses « New Lands » !
Il y a quelque-chose de fougueux dans ses compositions et dans son jeu, c’est à la fois bouillonnant et tendre, l’urgence de créer est tempérée par la poésie de certains sujets (« New Moon », « Korean Tree » etc). Quant aux musiciens, ils sont tous habités et créatifs aussi bien en solo, qu’en duo ou en collectif, c’est très vivant et très actuel !
Mes morceaux préférés (presque tous !) :
« Nano Ballerino » : Le piano du tunisien Wajdi Riahi martèle les notes une à une, à la batterie Armando Luongo se fait incisif toutes cymbales dehors, la guitare de Giovanni Di Carlo colore de touches vives, l’alto et le piano se glissent hardiment dans les intervalles, la contrebasse ancre la rapide proposition, puis vient le dialogue vif et libre de la guitare et de l’alto : un premier morceau nous mettant tout de suite dans le bain en nous dévoilant les talents de chacun.
« New Moon » : Début en douceur pour cette ballade puis l’alto et la guitare déroulent la mélodie laissant place au piano groovy de Wajdi engagé dans un duo expressif et fluide avec la contrebasse généreuse de Basile Rahola (son rond et jeu puissant de ce montpellierain évadé à Bruxelles !), ces deux-là jouent par ailleurs ensemble en trio d’où la complicité ressentie. Suit un brillant retour collectif sur le thème grâce à l’art des musiciens mais aussi la richesse de la mélodie, puis un duo guitare/alto nous saisit, à l’alto, l’américain Matt Chalk que notre ami Dom Imonk vous a déjà présenté dans La Gazette Bleue d’Action Jazz lors d’un passage à Bordeaux en Mars 2022 avec Alexis Valet.
« Korean Tree » : Quelques notes à l’entame pourraient venir d’Extrême-Orient version Corée pour nous décrire cet arbre planté solidement par la rythmique et dont la canopée est suggérée plus légèrement par les volutes de l’alto et de la trompette ainsi que le piano. La contrebasse de Basile et la batterie d’Armando maintiennent les racines puis tous éclatent en live menés par la trompette vibrante !
« Vibes » : Entame douce piano/trompette sur les « Vibes » énergiques de la batterie d’Armando, puis le piano et la contrebasse s’entrelacent doucement puis vivement rejoints par la trompette qui part dans une improvisation foisonnante suivie par Matt à l’alto exalté à son tour, sur une rythmique très vivante et très solide.
« La ballata di Kali » : Le morceau démarre par un solo de batterie aux tambours puis le saxo et la trompette déboulent lentement, la basse se fait ronde et veloutée à souhait. Un chorus lyrique de trompette nous happe. Puis le rythme s’accélère, les cymbales prennent le pouvoir ainsi que les soufflants qui s’expriment « free style », quelle énergie !
« New Lands » : Titre de l’album : Le rythme est haché, frappé, puis la mélodie dévoile ses accords, l’alto disert et coloré remplit l’espace avec le piano (électrique cette fois), c’est bien envoyé, le jeu collectif est vif et créatif. Puis un riche dialogue guitare (de Giovanni) / contrebasse (de Basile) poursuit l’histoire vers un final collectif en belle osmose où la batterie explose !
« Illusion » : clôt l’album en mettant en contraste d’une part le jeu tendre et classique du piano, et le lyrisme de la trompette et d’autre part la guitare et la contrebasse emmêlées et la batterie incandescente. Cette dernière nous offre un solo magistral bien envoyé puis le rythme s’accélère puis redescend vers un ensemble final qui n’a rien d’une illusion !
Bref retenez bien les noms de ces 6 musiciens et ne les loupez pas s’ils s’aventurent dans votre région, en attendant l’album est disponible !
Chronique de Martine Omiécinski le 08 janvier 2024
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