Vendredi 13 octobre au théâtre Comoedia de Marmande

Eric Séva « Adeo » 

ADEO est une expression latine qui signifie « aller vers ». 

Quand le jazz et le classique ne se croisent pas mais qu’ils se rencontrent, nous allons alors vers quelques choses de nouveau. 

D’où l’idée d’ADEO, de cette formation en septet, une création d’Éric Séva (saxophoniste baryton, ténor, soprano et compositeur). 

C’est parce-que le confinement isolait tout un chacun que l’envie d’ADEO devint plus fort. Il était donc normal de créer un répertoire manifestant cette envie « d’aller vers » le monde. 

Pratiquant le jazz, Eric Séva est justement « allé vers » le monde de la musique classique afin de faire émerger les compositions que nous écoutons ce soir. Confinement oblige, cette rencontre musicale est conçue comme une musique de chambre ; un quatuor classique composé de Nicolas Fargeix à la clarinette basse, Philippe Hanon au basson, David Vainsot au violon alto, Grégoire Korniluk au violoncelle, associé au fameux trio jazz d’Eric Séva, avec Gilles Coquard à la basse et Zaza Desiderio à la batterie. Afin de favoriser la rencontre entre ces musiciens venus dʼunivers et de cultures différents, une composition fait écho au très riche travail d’ethnomusicologie du grand compositeur hongrois Béla Bartók, en lui empruntant l’une de ses danses roumaines. Cette danse a été adaptée et réarrangée pour nourrir ce projet transversal. Eric Séva a l’habitude d’aller chercher des harmonies d’origine différentes et de les mélanger avec bonheur, et bien ce soir, le cocktail est une réussite de grande qualité. Quel plaisir de savourer avec délectation cette musique mélangée et quelle satisfaction de se rendre compte que le mélange des cultures est une issue possible, une réalité à partager. 

Le public venu nombreux ne s’y est pas trompé. 

Merci Eric, merci à vous sept. 

par Philippe Marzat, photos Solange Lemoine


Vendredi 13 octobre au théâtre Comoedia de Marmande

Roger Biwandu Bordeaux quintet

Eric Séva vient d’annoncer, sur la scène du Théâtre Coemédia à Marmande, le Quintet de Roger Biwandu.

La musique résonne et se diffuse dans la salle… mais la lumière ne s’est pas éteinte… les spectateurs surpris s’interrogent et se regardent, quand tout à coup, les portes du fond de la salle s’ouvrent. Entrent alors, en farandole, les musiciens du Bordeaux Quintet. Ils avancent au rythme des applaudissements des spectateurs sur « Bienvenu ». Le titre original du morceau de Roger Biwandu étant Bienvenu à Cenon, il l’a ici rebaptisé pour la soirée « Bienvenue à Marmande ». Dans le même mouvement, les voilà installés à leurs instruments… et la musique continue. Quelle entrée en matière ! Les morceaux s’enchaînent à nous faire trouver le concert bien trop court. Pour célébrer son 50e anniversaire, Roger a décidé de s’offrir un 4e album de Jazz. Il a réuni autour de lui quelques-uns de ses meilleurs musiciens et amis ; Mickaël Chevalier à trompette, Jean-Christophe Jacques au saxophone, Hervé dit ‘Le Révérend’ Saint-Guirons au piano, orgue et clavier, Nolwenn Martin-Leizour à contrebasse et au chant, et bien-sûr Roger Biwandu à batterie et aux compositions.

Pour cet anniversaire, il nous fait partager un retour aux sources aux influences de son pays d’origine, la République Démocratique du Congo, sans oublier le quartier de son enfance, près de Bordeaux : le quartier Palmer à Cenon. Son groupe propose une musique qui reste d’inspiration jazz et de tradition noire américaine teintée de musique pop, d’Afrique et des Caraïbes. Roger va emporter avec lui les faveurs du public, en particulier celui des enfants et des jeunes des classes de jazz du collège de Monségur, venus en force pour les deux concerts de la soirée. Il va même discuter avec eux. Encore un bel échange. Et puis, toutes les bonnes choses ont une fin, même ce soir. 

C’est l’heure des adieux avec « Sunny »., repris en choeur par le public un public chaleureux, heureux et enthousiaste.

Une belle soirée vraiment, joyeuse et haute en couleurs.

par Philippe Marzat, photos Solange Lemoine


Samedi 14 octobre Médiathèque Albert Camus

Le Label Blue Note

La journée commence avec la conférence de Jean-Michel Proust sur « L’extraordinaire histoire du label Blue Note ».
Qui mieux que lui pour parler de ce sujet ? Musicien, animateur de radio, journaliste, directeur du festival Jazz au Phare, tout récent Président de l’Académie du Jazz il fut le directeur artistique France de ce label prestigieux dans les années 90. Créé à New York en  1939 par Alfred Lion, vite rejoint par son ami Francis Wolff, berlinois tous les deux, le label a vu défiler les plus grands, son catalogue représentant un trésor du jazz. Le design des pochettes si caractéristique, les enregistrements légendaires, Jean-Michel Proust a évoqué tout cela, illustrant son propos d’anecdotes et d’extraits musicaux.Une conférence passionnante bien trop courte évidemment !


Samedi 14 octobre au théâtre Comoedia de Marmande

Naissam Jalal et ses « Healing Rituals »

Le théâtre Comoedia a du mal à se remplir, la gent féminine y est majoritaire, les hommes plus rares, d’autres hommes les uns en maillots verts, les autres tout en noir s’expliquant autour d’un ballon ovale. Ici pas de combat, pas de sueur, de la douceur, de la beauté, de l’émotion pour les rituels de guérison de la chanteuse flûtiste franco-syrienne Naissam Jalal. Ces rituels elle les a inventés, composés, dédiés au vent, à la colline, à la rivière, à la terre, à la forêt, à la lune, au soleil. Avec elle Clément Petit très créatif au violoncelle, Claude Tchamitchian envoûtant à la contrebasse et Zaza Desiderio d’une délicatesse enchanteresse à la batterie. Une musique proche de la musique de chambre mais où la rythmique faite le plus souvent d’ostinatos tirant vers la transe vous emporte , la flûte mélodieuse alternant avec la voix à douce à la large tessiture de Naissam, traduisant bien les émotions qu’elle veut nous faire partager. Un concert, certes loin du jazz tel qu’on l’entend, mais d’une réelle beauté et des échanges entre musiciens qui font plaisir à voir. Un moment suspendu. 


Samedi 14 octobre au théâtre Comoedia de Marmande

Thierry Eliez « Emerson Enigma »

Nous avions vu début septembre Thierry Eliez sur ce projet au Rocher de Palmer Th Eliez au Rocher de Palmer et nous avions envie de le revoir. Même équipe autour du pianiste arrangeur de l’oeuvre de Keith Emerson la figure de proue du trio Emerson Lake and Palmer au début des années 70 : Ceilin Poggi (voix) et le quatuor Manticore monté pour le projet  avec Johan Renard (violon), Khoa-Nam Nguyen (violon), Valentine Garilli (alto) et Guillaume Latil (violoncelle). Ce concert est une véritable performance musicale. Ayant la chance d’assister aux balances – plus longues que le concert – nous avons pu nous rendre compte une nouvelle fois de la minutie de la préparation, du perfectionnisme à la note près. A chaque concert c’est une certaine remise en question des musiciens que le public ne perçoit pas forcément. Le résultat est somptueux. La créativité, l’intensité sont là transcendant la musique d’Emerson sans la dénaturer confirment ceux qui, comme moi, l’écoutaient il y a maintenant bien longtemps. Les autres découvrent une œuvre puissante avec un Thierry Eliez habité, virevoltant sur son piano, chantant avec ferveur et émotion. Ceilin apporte cette note douce et rayonne dans « Trilogy » ce morceau phare joué « simplement » en trio piano-violoncelle-voix sans perdre de son éclat initial. Quant au quatuor Manticore (du nom du label d’ELP), le plaisir visible qu’il prend à jouer se traduit musicalement par une prestation de très très haut niveau, pourtant la partition n’est pas simple ! Un concert éblouissant,de la musique, de la grande.

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat


Dimanche 15 octobre à 19h à l’église de Fourques sur Garonne

Duo Céline Bonacina et Laurent Dehors

A bout de souffle, 
un duo qui ne manque pas d’air ! 

Un concert vécu corps et âme, de la première à la dernière note ! Pas le temps de réfléchir, de juger, de comparer, d’intellectualiser… juste écouter et ressentir, vivre à fond l’expérience immersive, emportée par un grand vent de notes de toutes les couleurs, vivifiant et envoûtant. 
Le duo fonctionne à merveille, humour espiègle et complicité affichés. Les deux musiciens, Céline Bonacina – de rouge et de noir vêtue – et Laurent Dehors – tout immaculé de blanc – ne sont pas seuls en scène ; aventuriers et explorateurs, ils jouent et surfent sur une mer d’instruments – pas moins d’une dizaine d’aérophones – qu’ils font vibrer en solo et en duo. Laurent Dehors fait même la prouesse de jouer de 2 instruments en même temps (dans un même souffle).
Les morceaux aux titres évocateurs et malicieux  – dans le désordre : « Attention à tes béquilles », « Angel », « Jingle », « Over the line », « open the door », « les oiseaux »… – s’enchainent et nous enchaînent, suspendus, happés.
Céline Bonacina aux saxophones baryton et soprano, à la voix parfois et Laurent Dehors, aux saxophones, clarinettes, basson, cornemuse (mais oui), flûte… livrent une symphonie de timbres infinis qui s’entrelacent du très doux au plus féroce. L’embarquement est immédiat et le contraste est percutant ! Les morceaux composés – soit par l’un, soit par l’autre – se succèdent, joyeusement orchestrés et méticuleusement mis en scène, entrecoupés de mots d’humour et d’enseignement sur leurs merveilleux instruments que les non-initiés ont bien du mal à identifier (merci au passage).
Plus d’une heure de pur bonheur en un lieu qui invite à la beauté, à la profondeur et à la paix ; un lieu auquel ce concert donne Vie. Oui, c’est bien du vivant dont il s’agit en ce dimanche à l’église de Fourques, nous sommes sortis joyeux et régénérés, plaisir et sourires partagés.
Le concert de ces deux musiciens hors normes signe hélas la fin du « Festival Jazz & Garonne » 2023, un festival réussi qui nous a comblés et qui a confirmé que la musique n’est autre qu’un élixir.

Par Solange Lemoine, photos Philippe Marzat

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