Sroka – « Rivages »

Ovni 5 étoiles

Martin SROCZYNSKI (alias Sroka) : Basse, percussions, synthé, compositions

Paolo CHATET : Trompette, bugle

Christophe BAZIN : Piano

Emile GUILLAUME : Batterie

Pierre MEUNIER : Violon

Quelques amis d’Action Jazz et moi-même avions eu la chance d’assister au concert de lancement de cet album le 13 janvier dernier au « Sortie 13 » à Pessac (33) – voir notre rubrique concert sur les sites d’Action Jazz et de la Gazette Bleue (*) -, vient le tour de la chronique du disque : un jazz électro pop au son unique !

Martin Sroczynski (Sroka) est né en Nouvelle-Calédonie, il a d’abord été initié au violon puis vers l’âge de 15 ans on lui offre une guitare basse (son père en fabriquait) et cela deviendra son instrument de prédilection. Après avoir monté un groupe de reggae et tourné sur l’île, à 18 ans il vient en France, après un passage à Bordeaux, il va étudier la musique au Conservatoire de Paris. Puis il part faire un voyage d’1 an en Amérique Latine (Patagonie, Chili, Colombie) où il joue de la guitare en partageant avec des musiciens locaux, occasion de découvrir, de vibrer et d’intégrer de nouveaux rythmes en les superposant à ses propres sons calédoniens.

Rentré en France, il obtient le diplôme d’études musicales du Conservatoire de Paris (2016) et devient professeur à celui de Bordeaux où il enseigne la basse et les musiques actuelles.

Pour cet album, sur lequel il s’est entouré de jeunes talents du grand Sud-Ouest, Sroka propose des compositions uniques remarquablement enregistrées dans deux lieux régionaux : le studio l’Inconnue à Talence et le studio Kay Lika à Castres en Gironde.

Mes moments préférés :

« Bridge of a Thousand Miles » : Après une intro planante aux bruitages multiples, la trompette de Paolo CHATET, le violon de Pierre MEUNIER et le clavier d’Emile GUILLAUME rivalisent de lyrisme en nous embarquant dans un univers sonore unique. Le piano déroule la mélodie, les autres ondoient autour, la rythmique soutenue impose avec force et finesse ce tempo itéré (quelle connivence entre Sroka et Emile Guillaume). Paolo soupire (avec effets) dans sa trompette vers des envolées quasi mystiques.

« Rivages » : Martin entame avec un effet percussif sur bambous, le travail d’ampli sur le son est incroyable, atmosphère éthérée puis rythmique qui groove, la trompette envoie doucement ses volutes pleines de feeling, Christophe évolue fluidement sur les touches, Sroka envoie ses éclats de basse avec énergie et doigté. Un beau morceau titre également de l’album !

« Mont Humboldt » : Paolo ouvre en tendresse sur les bruitages bambou/synthé puis surfe sur la mélodie par touches impressionnistes d’une délicatesse infinie dont la palette s’agrandit au fur et à mesure que la rythmique incisive prend de la place, le clavier et le violon ajoutent au mystère : magnifique !

« Macatresi » : Solo plein d’émotion et de subtilité de Sroka à la basse évoquant une plante au pouvoir positif de sa Nouvelle Calédonie natale.

« Aguilas » : A nouveau ce rythme répétitif, hypnotique scandé par la rythmique dont le jeune doué Emile. Paolo puis Christophe et Martin chorussent de manière de plus en plus expressive. Les cordes se distendent, les effets nimbent le tout.

« Ancestral Recall » : Accords répétés de transe (façon derviche tourneurs) où la basse ancre profondément en terre, les doigts de Christophe s’envolent sur la rythmique serrée, Paolo très en verve vient lancer ses vrilles flamboyantes vers le ciel, suit un dialogue cuivre/clavier planant et un final collectif éclatant : mon morceau préféré !

Bref, un album original avec un son unique à découvrir absolument !

Chronique de Martine Omiécinski le 04 Février 2024

Jazz Family sortie le 12 janvier 2024

https://sroka.bandcamp.com/album/rivages

(*) Chronique SROKA à Sortie 13 ci-dessous (Faire clic droit « ouvrir dans un nouvel onglet ») :