Faune

RAPHAEL PANNIER : Batterie, Compositions
MIGUEL ZENON : Sax Alto, direction Musicale
AARON GOLDBERG : Piano
FRANCOIS MOUTIN : Contrebasse
GIORGI MIKADZE : Piano


Un disque de batteur ? plutôt :  disque d’un batteur qui a des choses à dire ! Plein ! Belles et Bien ! Il fait donc : Faune. Référence à Debussy ? au Fauvisme ? À l’éclectisme New-Yorkais où il a passé du temps avec T.L.Carrington, D.Liebman, L.Ritenour… a enregistré une 20aine d’albums, et des projets … autant que de rencontres possibles dans la ‘grosse pomme’ ! Il s’est trouvé des accompagnateurs idéaux, nomades aussi, d’origines variées, des déracinés qui sont partout et en tous styles « chez eux » ! 
Les styles !? Éclectiques , aussi ! On démarre avec une version lyrique de « Lonely Women » (O.Coleman), ça passe par O.Messiaen, M.Davis … d’autres, dont R.Pannier lui-même, qui ne fait pas du tout  tâche, encadré de tant de beauté,  il avait challenge : réussite ! Encadré aussi, et même bordé, aidé, appuyé, soutenu par de beaux talents qu’il a su se choisir : aucune chance pour le flop ! Que du bon ! Le sax latino dirige l’ensemble qui se prend toutes les couleurs de la palette exposée. Plaisir de retrouver son jeu nerveux, sa respiration (et celle qu’il induit) en décalage rythmique, des idées à chaque phrase, et toujours cette humilité non feinte qui l’empêche encore d’en faire trop ; il en profite, d’ailleurs, pour ne pas jouer sur le morceaux latino du disque, après s’être approprié, par une lecture en forme de chorus époustouflant « le baiser de l’enfant Jésus ». Voici aussi ce bon vieux frérot Moutin, encore un bon coup pour lui qui n’en loupe guère, espèce d’ambassadeur de la « French Touch », digne du souvenir de J.F.J.K. dont il a hérité de la gentille simplicité et d’une technique ‘béton’, reconnaissable quelque soit le contexte : puissant, discret, présent ou effacé à volonté, c’est lui ! 1 piano, 2 pianos . L’un, jazzy des oreilles aux bout des doigts, distingué, dandy swingueur, pulsion et lyrisme … L’autre : réservé pour les parties classiques, qu’il charge de son imaginaire à couleurs et textures particulières et personnelles . (réminiscence de séances Evans/Kelly ?)
Comme souvent, chez les (bons) batteurs-leaders, Raphaël écoute, avant tout, puis se place pour continuer à tout entendre et tout sentir, et envoie ! Et pour envoyer, il connaît la recette ! Y en a ! Non pas plein partout gavé dans tous les coins, non, juste à bon escient, quand et où il faut, avec surtout un imaginaire qui lui permet de ne jamais se répéter, de se renouveler en permanence à chaque battement de temps, d’idée, de coeur qui bat le bonheur de vivre dans la beauté. Un batteur de grand art. Il mène son projet avec un son bien précis, bien choisi, bien découpé, ciselé, un son d’unité qui laisse   à chacun des titres son propre sens, aussi disparates puissent-ils sembler, ou être, sans en faire des îlots isolés, mais réunis en archipel qui abrite des esprits différents et heureux de se faire briller réciproquement en vivant en bonne harmonie .
Ce disque : un bonheur simple, autant qu’efficace. Des grands joueurs talentueux réunis… Totale réussite pour notre plus franc bonheur que nous savourons à chaque écoute ! Vous en reprendrez bien un p’tit morceaux ? Huuum, avec plaisir ! 

Chez : French-Paradox
Par : Alain Fleche