Comfort Zone

Hugo Lippi : Comfort Zone – GAYA 048

par Ivan Denis Cormier

Comfort Zone annonce la couleur : laissez-vous porter par cet album enjoué, imprégné de be-bop et de jazz moderne qui ne dédaigne pas quelques brèves incursions en territoire manouche, qui évoque avec délices tantôt la rythmique souple et aérée du Poinciana d’Ahmad Jamal, tantôt la verve d’un George Benson ou d’un Pat Martino sur la structure circulaire d’Humpty Dumpty ou sur la grille speedée de Just in Time, tantôt aussi la douceur et la plénitude dans des moments plus calmes.

Guitariste caméléon au jeu très fluide, Hugo Lippi construit de beaux discours autour de standards parmi lesquels il glisse subrepticement ses propres compositions. Pas besoin de vous triturer les méninges pour saisir le sens harmonique, bien ressentir les subtilités rythmiques. Vous n’aurez aucun mal à repérer les mélodies. Tout semble couler de source.  Un son bien granuleux, un phrasé lumineux, une agilité flagrante sur tous les tempos, suffisamment d’accents et de contrastes pour vous tenir en éveil, l’art de conclure chaque solo par son aboutissement logique.

Les radicaux qui ne crient au génie qu’à l’écoute de hurlements et chuchotements, d’élucubrations dans un univers glacial ou torride regretteront la sagesse (eux diront la tiédeur ou la fadeur) des choix esthétiques effectués, la fidélité à la tradition. OK, les compositions d’Hugo Lippi auraient peut-être gagné à être plus aventureuses, plus folles, à recourir davantage au jeu « out » et aux tensions internes, mais les musiciens et passionnés de divers jazz trouveront tellement agréable d’écouter discourir avec talent et conviction 4 artistes intelligents et chaleureux !