Movin’ Blues

Dans la continuité de ses projets avec son Lady Quartet, Rhoda Scott revient avec un nouveau disque. Aux commandes de son orgue Hammond, la Barefoot Lady débute 2020 avec « Movin’ Blues », une nouvelle étape dans la continuité d’une carrière incroyable.

Traverser les époques sans pâlir, devant de nouveaux artistes, de nouveaux genres, très peu pour elle. Cette fille de pasteur, originaire du New Jersey remet les mains sur les touches de son orgue pour un retour à ses premiers amours : le jazz instrumental en duo.

Oubliez les orchestres et les grandes formations de musiciens : un orgue, des percussions et le tour est joué. Le premier morceau « Blue Law » annonce la couleur (sans mauvais jeu de mot), avant de laisser place au très dansant « Movin’ Blues ». Avec une intro proche de « Moanin’ » signé Art Blakey, qu’elle jouait en 1968 sur son album « Take A Ladder », Rhoda Scott nous emmène dans une danse rythmée swing, blues et funk, assez représentative du disque. Tels deux métronomes humains, la Barefoot Lady accompagnée du talentueux Thomas Derouineau à la batterie se répondent à travers un échange de mélodies remarquable, dans un disque qui ne perd pas en intensité. Les mélodies sont variées et regroupent des sonorités de plusieurs artistes tous genres confondus, de Carlos Santana à Frank Sinatra.

Un titre, une ambiance : on passe de la danse enthousiaste dans « Caravan » à la contemplation d’une ville illuminée le soir dans « Blues At The Pinthière », morceau qui se démarque avec une batterie plus en retrait qui laisse place à un orgue très mélodieux. C’est dans une expédition mêlant mélodies intenses et virtuosité que nous emmène ce disque, à travers une heure de musique répartie en 14 titres. Un duo qui propose un son de quartet, c’est possible et ce disque nous le prouve. Près de 50 ans après ses premiers jams dans le club de Count Basie à Harlem, Rhoda Scott s’apprête à confirmer sa place d’ambassadrice du Hammond B3 (aux côtés de Jimmy Smith et consorts) avec plusieurs concerts, dont un au Café de la Danse à Paris le 8 mars.

En attendant, « Movin’ Blues » fait office d’une nouvelle note bleue qui n’attend plus qu’à s’installer dans votre étagère, et votre jukebox…

Corentin MARATRAT

(2020 Sunset Records)