Dream a World

Nul besoin de présenter le grand (par la taille et le talent) guitariste, dont le son jazz/blues/folk nous est familier. Le trompettiste, par contre… Il est danois aussi, né en 1969, entré au conservatoire en 1990, enregistre avec  Phil Woods , Benny Golson , Maria Schneider , Kenny Drew , Niels-Henning Ørsted Pedersen , Bob Mintzer , Mike Stern… , enseigne depuis 2005. On comprendra encore mieux le choix de Hasse pour ce compatriote en sachant qu’il a arrangé plusieurs chansons du prolétariat danois en jazz. 


Cette formation rare et atypique -chant et accompagnement- fonctionne très bien et nous surprend agréablement. Elle nous embarque dans un rêve de mots et de mélodies pour refaire le monde … à notre dimension d’être humains sociables, en s’appropriant  (pour mieux les partager) quelques airs et poésies, sans age et sans frontière,  composés par d’autres amoureux de l’humanité libre, de toutes époques. Même si le sujet est aujourd’hui urgent, la lutte contre les empêcheurs de vivre sereinement ensemble date de la nuit des temps où il s’est toujours trouvé certains à se croire plus égaux que les autres (domination de l’égo !). Pour ce faire, nos 2 artistes libertaires ont convoqué (entre autres) B. Dylan, L. Cohen, ce bon vieux Ludwig  qui savait transmettre Joie et Force aux plus démunis, B. Vian, J. Lennon, Simon Grotrian poète danois spiritualiste, pour finir sur l’hymne de G. Weiss « What a wonderful world », il suffit d’en être persuadé pour qu’il le soit ! La justification de la présence  de chaque titre est  commentée dans les notes de la pochette (une fois de plus, la musique n’est pas toujours le seul intérêt d’un disque, ce doit être un tout, avec textes, images qui font sens pour le projet). 


La trompette (ou le bugle) est suave mais franche, de beaux chorus originaux sans esbroufe, un son linéaire qui sait où il va. Elle (en)chante la promenade parmi ces chefs-d’œuvres en les reliant dans leur évidence par cette voix chaleureuse plutôt introvertie mais destinée à tous. Lumineux ! Elle s’appuie sur des arrangements très personnels qui réinvente les harmonies des chansons à l’aide d’accords surprenants, somptueux et riches, pour actualiser l’intemporalité de ces joyaux. Quelques chorus d’un blues sobre mais très touchant, comme H. Poulsen sait bien le faire, avec le placement efficace de sa voix sincère et assurée de lutin king size, pour finir de nous accueillir dans un échange intimiste où l’oreille de l’auditeur à droit à la parole. 
Outre l’extrême plaisir d’entendre une bien belle musique qui s’adresse de tout les hommes de bonne volonté, quel bonheur que tous ces artistes mettant leur foi et leur talent au service du Beau, du Juste et du Vrai, nous rappelant que l’insoumission et la révolte est un devoir lorsque la Vie même est en danger.                                                      

MERCI à eux tous 

Hasse Poulsen : Guitare, Voix / Thomas Fryland : Trompette, Bugle

Chez : Daskapital records
Par : Alain Fleche