Benjamin Sanz Directions – Black Seeds
Benjamin Sanz : Batterie, Compositions
Hermon Mehari : Trompette
Ricardo Izquierdo : Sax Ténor
Rob Clearfield : Piano
Luca Fattorini : Contrebasse
Ces ‘Graines noires’ sont ceux qui ont cultivé la Great Black Music de tout poil et de tout horizon, et ceux que Benjamin Sanz a cotoyé ( David Murray, Oliver Lake, Roy Campbell… et Hervé Samb en Afrique). Des graines d’où germeront d’autres plantes qui feront d’autres graines dont se nourrira cette musique en évolution permanente. Lui-même a poussé parmi tous les courants de la musique noire, du traditionnel au contemporain, en passant par le Free et tout ce qui sent bon la pensée libertaire (Antonin Viard, James Brandon Lewis…).
Il affirme son éclectisme et sa largeur d’esprit en embauchant des musiciens d’origines diverses pour réaliser des disques généreux et habités, façonnés de son propre langage. Le premier opus (Mutation Majeur en 2011) contenait déjà de belles mélodies et une pulsion sûre pour guider l’ensemble d’audacieuses polyrythmies et de polyphonies colorées, on garde les mêmes et on continue !
Les comparses sont actuellement basés en France, ils se connaissent , ça se sent !
On retrouve le son chaleureux et enjoué du sax cubain, que nous avons notamment apprécié avec Fabrice Moreau, plutôt à l’ombre du trompette ici, il lâche cependant de belles phrases expressives qui colorent le disque du lyrisme latino que l’on lui connaît.
Le trompettiste, aux origines érythréennes, vient de Kansas City. Comme on l’entend ici, il est fortement influencé par les harmonies, les rythmes et les mélodies de la musique érythréenne. Il est aussi danseur, prof, animateur radio… Son jeu incisif éclaire le disque d’un bout à l’autre.
Rob a fait ses études à Chicago où il a largement participé à la scène locale avant de multiplier les participations avec ses héros rock et jazz actuel. 6 disques en leader et une foultitude de compositions pour orchestres de toutes géométrie. Pianiste (et guitariste) qui affiche clairement son tribut à Monk et autres maîtres dont il a tiré un jeu très personnel et limpide.
Quant à Luca le romain ( pas si fou, quoique…) il a appris la contrebasse a 12 ans avec Larry Grenadier, puis avec Ben Street, Ameen Saleem, Ron Carter… joué avec Tom Harrell, Danny Grissett, Rick Margitza, Enrico Pieranunzi… et d’autres qui ont reconnu son jeu sûr et précis, rond et percutant, idéal pour se laisser aller sans calculer !
On démarre avec les fondamentaux. ‘Morning song’. Esprit New-Orleans, enlevé et vif, ‘à la’ Ed Blackwell, le batteur fait merveilles d’inventions et de force, sans rabattre la couverture à lui pour autant.
Un air venu du Mali, plein de soleil et de fête. ‘Bamako Stomp’. Tambours et piano électrique, une basse qui respire, les vents se croisent et s’enrichissent, et ça tourne !
‘Coltar’, signé par le sax, moderne, à la recherche de nouvelles aventures pour se frotter à de nouvelles sensations, provoquer de nouvelles explorations, sans se perdre dans la complexité d’une écriture contemporaine.
Retour en Afrique pour ‘Chindini’. Apaisé et solaire, reflet de la vie de village, joies et peines, enfants et vieillards, rêves et réalité…
Impro collective pour descendre la ‘River’, en pente douce, fluide, parfois raréfiée. De l’écoute, égrener des notes, des belles, des obstacles affrontés de face, lucide et paisible, avec la pointe de mystère qu’induit une rivière inconnue.
Une ‘Colline (Dans le Jardin)’, où se baladent des enfants se tenant la main, se racontant des histoires secrètes, des histoires de tous les jours, des chansonnettes qu’on n’oubliera pas.
Encore de l’eau : ‘Turbulent streams’, seconde impro. collective. De l’eau qui va et vient, s’échappe et revient, de l’eau pour le moulin de l’autre, turbulence qui fait avancer la machine.
On garde le souvenir de ceux qui sont partis. Sans nostalgie mièvre ni peine obséquieuse, ils restent vivants, en nous. Réflexion intimiste sur la vie, son sens… ‘The Spychopomp’.
On finit sur une note joyeuse qui flotte encore sur l’eau : ‘Sea’. Moderne et enlevé, originale.
Un beau disque bien équilibré, qui sonne juste, où chaque musicien trouve naturellement sa place, au cœur de la musique qui ravit le notre.
Benjamin confirme : « Les musiciens œuvrent pour la paix, le partage de la connaissance et de la beauté. »
Chez : MiRR / l’Autre Distribution
Par : Alain Fleche
https://www.facebook.com/benjamin.sanz.7