Un très bon cru ! A consommer immodérément…

Grand Prix du Jury – Prix FIP

ASURA

Martin Arnoux : guitare
Pierre Thiot : saxophone
Octave Potier : contrebasse
Simon Jodlowski : batterie

La contrebasse assurée d’Octave Potier ouvre le bal ; s’installe la batterie de Simon Jodlowsi tout aussi déterminée, la guitare très électrique de Martin Arnoux les rejoint, arrive un sax impertinent, au son juste un peu dévié, du genre ça ne se passera pas comme vous croyez. Et ça, on aime. Belle entrée. 

Le tempo semble fragmenté, au contraire élastique par instants, et rend la musique énigmatique. Le sax soprano de Pierre Thiot, irrité -et c’est peut-être bien son rôle- engage la batterie à le rejoindre, elle aussi sauvage, revendicatrice. Sacré démarrage !

Pierre Thiot possède d’autres cordes à son sax, et extirpe un son pincé puis ample presque celui d’une trompette mais tout en finesse comme la guitare, moment plus contemplatif après le somptueux premier morceau. 

Envoûtés, ça doit être ça quand la musique s’enroule autour de vous, vous émeut par la sensibilité de de jeu des instrumentistes. Un moment de grâce, sans doute…

A l’origine, une infinie précaution, amener le son à sa plus belle expression en lui restituant toute sa place par la technicité du doigté. Alors, il faut laisser venir à soi. Le swing vous enlace ; les sons vous touchent, et même à l’imperceptible, ils restituent sa nécessité.

Prix Action Jazz

HORMÊ

Rozann Bézier : trombone
Robin Jolivet : guitare
Jasmine Lee : contrebasse
Nico Girardi : batterie

Notes de contrebasse aux vibrations multiples comme une précaution pour appeler le trombone volontaire et la guitare chantante, la batterie fermant la marche.

Les compositions sont habillement structurées. La guitare de Robin Jolivet maintient tout du long un son fluide, aux accents pop pendant que le trombone de Rozann Bézier offre une singulière douceur. La contrebasse de Jasmine Lee et la batterie de Nicolas Girardi cadencent les morceaux habilement. 

Film est une traversée sur les fleuves impassibles, le temps s’écoule plus lentement et cette musique imagée nous invite à l’apaisement. Pourquoi pas ?!

Prix de la Note Bleue

ÎLUJE

Juliette Delas : chant
Jérémie Lucchese : saxophone ténor
Vincent Le Bras : piano
Antoine Ferris : contrebasse
Pablo Giusiano : batterie

Les frôlements d’élytres du saxophone ténor de Jérémie Lucchese accompagnent la voix lancinante de Juliette Delas. Le clavier de Vincent Le Bras, la batterie de Pablo Giusiano et la contrebasse de Antoine Ferris désorganisent habilement les morceaux comme un doux chaos. Les duos voix/sax, voix/contrebasse, s’harmonisent pourtant tour à tour. Les textes eux, sont des balades  qui entraînent les musiciens à voyager avec un jeu délicat d’entre les nimbes. Le piano contrôle le swing avec finesse.

Intéressant !

Prix Découverte

Polis Matak

Mathis Polack : saxophone
Thibaud Dufoy : piano
Idris-félix Bahri : basse
Curtis Efoua Ela : batterie

Le son plein du  sax lyrique de Mathis Polack emplit l’air de la salle du Rocher de Palmer. Juste quelques notes pour créer une atmosphère jazzy et entraîner à sa suite la basse d’Idris-Félix Bahri, la batterie de Curtis Efoua-Ela et le clavier d’Arthur Guyard, passionné, nerveux et prolixe à bon escient. Les compositions originales travaillent la dentelle du swing et ne laissent pas indifférents ! La basse dessine un tracé sensible -c’est rare-, au son méditatif. La batterie assure avec précision et dextérité.

Le quartet ne craint pas les silences, les ruptures, et on lui en sait gré. Ça laisse entendre de jolies harmoniques qui s’élèvent : on s’évade, songeurs, avec les musiciens, et c’est comme ça qu’on aime le jazz ! On estampille ce morceau !…

Prix Espoir

J4ZZARY

Martin Labat-Labourdette : claviers
Jon Caliot : trompette, bugle
Antonin Puyo : trombone
Enzo Laidi : batterie

L’ambiance est feutrée pour ce démarrage, mais il ne faut pas s’y méprendre, le quatuor s’affirme rapidement. Le clavier  de Martin Labat-Labourdette à la palette élargie livre un récit et pourtant c’est du latino qui explose. La trompette de Jon Caliot et le trombone d’Antonin Puyo, tonitruants sont en dialogue permanent. Musique composée pour chalouper ; la batterie d’Enzo Laidi et le clavier donnent le tempo sans relâche.

Des morceaux plus en douceur valident la maîtrise technique du quartet. La tendresse du bugle saurait nous émouvoir accompagnée par la douceur du clavier et de la batterie.

Le trombone trouve le son du cor pour voyager dans des sous-bois lointains.  Original !
La fête reprend pourtant le dessus et le jazz band…

Dynamique, hétéroclite et festif ! 

Par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier