Seijiro Murayama et Hervé Boghossian – Château Pallettes chez Isidore Krapo Bordeaux, le 10/10/2023

Seijiro Murayama, batterie
Hervé Boghossian, guitare

D’un son, tel le sifflement d’un doigt sur du cristal, avec une cymbale et un archet, uniquement ponctué par les accords de la guitare d’Hervé Boghossian, Seijiro Murayama par son chant comme prolongement nous fait entrer en pensée, là où l’air s’étale en nappes translucides, où l’on pourrait voir une lente chorégraphie de l’âme, là, en apesanteur, dans un autre temps.

C’est un éloge de la lenteur, de la transparence des choses, de l’insolite ramené à un quotidien, comme la voix de Seijiro, aux sons étranges qui pourraient devenir familiers… Un déplacement. La musique comme translation.

A l’horizontal, la guitare d’Hervé Boghossian reçoit des coups de baguette comme des rebonds obstinés, pendant que Seijiro utilise sa batterie pour une psalmodie. Une partition est faite de silences, de soupirs et de notes. Seijiro semble vouloir retrouver cette origine en amenant une écoute la plus dépouillée possible.

Hervé griffe sa guitare reprise en main disons, puis déforme les sons ; le temps ainsi ralenti, on aspire à une perception de la vie. Seijiro fait rebondir, rouler sa batterie, son chant linéaire devient lien pour l’expérimentation du son, ses ondulations, ses paraboles ; la guitare le rejoint, et le chant de l’écho est au moins aussi important et nécessaire que l’impact lui-même. Une philosophie de l’aléatoire, ils provoquent et découvrent les effets pour à nouveau relancer le mouvement.

Hervé Boghossian tape sur sa guitare avec une baguette, l’accélération est le sésame pour Seijiro qui livre alors la puissance brutale potentielle de sa batterie et saisit le cliquetis de la corde de la guitare pour le restituer par sa voix, instrument spirituel.

Oubliez tout ou méditez. Ou les deux à la fois.

Le plein par le vide.

par Anne Maurellet, photos Stéph