Conservatoire de Bordeaux, jeudi 18 novembre 2021
A l’occasion de la tournée en France du quintet de Yannick Rieu, Action Jazz a organisé une masterclass pour de jeunes musiciens des classes de Musiques Actuelles du Conservatoire Jacques Thibaud de Bordeaux. Ainsi sous l’égide de Laurent Bataille le responsable de la formation, un sextet avait préparé cette rencontre avec le saxophoniste québécois accompagné de son batteur Louis-Vincent Hamel, en travaillant trois titres : le très tendu « A Shade of Jade » de Joe Henderson, le standard « Like Someone in Love » et un titre de Yannick Rieu lui-même. Pierre (sax), Jules (Trompette), Maxime (trombone), Théo (basse), Léo (batterie) et Clément (piano) un peu intimidés, ont d’abord joué le premier, à mon avis le morceau le plus complexe. Très bonne base pour entamer un dialogue avec le maître du jour et son assistant.
Félicitations d’abord, présentations mutuelles puis progressivement, élégamment, passage à la critique et surtout aux conseils. Travail des phrases, les mêmes six mesures complexes de la section reprises en boucle pour arriver ou approcher la perfection, échanges sur la nature des improvisations « Essayez d’être un peu plus proches du thème », « Soignez, les attaques, donnez du relief ». Petit à petit voilà l’interprétation qui s’améliore. Puis Yannick Rieu et son sax ténor rejoignent le groupe, chacun prend son chorus ; on s’arrête on discute, les conseils pleuvent, ça repart, ça progresse vite. Louis-Vincent Hamel à son tour aux baguettes montre la voie, explique : « Change de texture de cymbales de façon stratégique, non pas au hasard, joue avec énergie mais pas tout le temps, préserve des nuances, propose plutôt des explosions que le public soit surpris, fasse Waoww ». Son jeune collègue concentré se remet en place, se remet aussi en question. Plus de deux heures de vrai travail.
Très agréable et instructif de voir ces échanges et surtout le travail que cela représente pour des musiciens de se présenter ensuite devant un public qui ne soupçonne souvent pas l’importance de ces heures cachées à répéter, peaufiner, progresser…
Merci à ces deux musiciens tellement talentueux et pas avares de travail, l’un n’allant pas sans l’autre, de perpétuer la transmission.
Philippe Desmond, photos Philippe Marzat