Maquiz’Art : Samedi 17 décembre 2022 à Eymet (24)
François Moutin : contrebasse
Jowee Omicil : saxos, trompette, flûtes, voix
Louis Moutin : batterie
Petite salle chaleureuse remplie de ceux qui ont bravé les frimas de saison pour la fête du samedi soir, qui accueille, à l’initiative de la courageuse association de qualité « JazzOff », une formation toute neuve qui va largement réchauffer la température ambiante et le coeur des amateurs avertis présents.
On ne présente pas les frères jumeaux, fleurons du jazz français toutes catégories, chacun de leur côté, en toujours bonne compagnie, ou bien ensemble pour des projets plein d’énergie. En ce qu’il est de Jowee, moins connu de ce côté-ci des rocheuses (et de l’Atlantique), c’est un canadien, originaire d’Haïti qui n’a pas fini de nous en faire voir (de belles couleurs). Il parle, à chacun des instruments qu’il pratique, un langage particulier, adapté à ses qualités intrinsèques. Langage aussi par la voix, dont il use pour slamer, interpeller, plaisanter, et même chanter !
Tour de chauffe avec soprano, archet et balais. Le tempo s’emballe (nous aussi), les notes deviennent plus serrées, les doigts courent sur la Gand’mère, frappent sur les fûts, le sax s’envole, s’échappe, bondit vers les suraigus, joue avec le free et puis se (re)pose. Un petit air d’alto, torride, à toute volée, parkérien en diable. Le ténor nous envoie un blues, entre joie et introspection, il nous raconte l’histoire du jazz : verve coltraniène, spiritualité à la Sanders, hip-hop genre James Brandon Lewis, créolisation de Rollins… Bulle de plaisir à la trompette évoquant Don ou Lester… Pour éviter le plagiat des grands maîtres, faut en faire le tour, garder les formes vagues qui vont bien ensemble… et tout oublier !…Il parle, il chante, il enchante et nous fait chanter… Joyeux délire sur M.O.M., ce sont des mômes, on est tous des mômes, en inversant, on ne peut que s’exclamer : W.O.W. !
Origine de l’aventure : Louis rencontre Jowee sur un tournage à Paris, leur instinct les rapproche, arrive François, le duo devient naturellement trio sur des musiques improvisées. Imagination perso, écoute collective, les notes s’organisent en mélodies, fluides, jubilatoires. Les rencontres se multiplient, le son gagne en cohérence, en force, beauté et justesse. 3 artistes touche à tout multidirectionnels réunis pour un son à part, unique, lié et définitivement Libre !
Un large break et nos héros reviennent pour un rappel qui ressemble plutôt à un second set. Règne le bonheur d’être là et l’harmonie générale. Les 3 font 1 et chaque auditeur rejoint l’unité où chaque note, son, gestes et mots participent maintenant de la même vibration . Les applaudissements sont des rythmes irréguliers qui accompagnent de nouveaux mouvements de nappes musicales, les tempi sont libres aussi, on joue « devant », sans attendre l’après, mains nues, archet, baguettes, flageolet, cris. Des cris qui se transforment en clameur, traversent les corps, les murs, les frontières… on touche là à l’Universel !
Joie, sourires, bonheur, magie de l’instant partagé, don divin, don de soi, les regards embrassent le mondes des sentiments et des émotions, les yeux pétillent, la tension monte et cherche à se résoudre dans un gigantesque éclat de rire cosmique… Et puis voilà, les 3 nous ont amené au bout du morceau de route à faire ensemble… pour l’instant. Ils arrêtent de jouer, mais c’est juste pour venir se disperser dans la salle et continuer de partager l’harmonie qui nous maintient tous réunis, en vie… et bien vivant ! Ok, c’est l’heure, on se sépare, même pas mal, on sait qu’on se reverra !!!
Texte : Alain Fleche
Photos : Alain Pelletier
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