Cuba Cuba 

Manuel Anoyvega Mora poursuit 40 ans de carrière en signant « Cuba Cuba », son premier projet en leader. Un bout d’Amérique en France, qui rend hommage à ses terres natales.

Des tournées internationales, des collaborations avec Ernesto Tito Puentes, Sophia Nelson, des bandes-son de films en compagnie de Catherine Ringer, seul un projet en leader manquait au CV déjà conséquent du musicien cubain. Un temps révolu désormais avec ce disque, mélange du répertoire musical sud-américain à un casting de premier choix : Pierre Guillemant à la contrebasse, accompagné de Abraham Mansfarroll à la batterie, Inor Solotongo aux percussions, Guillaume Naturel au saxophone et à la flûte, le tout accompagné par ce cher Manuel Anoyvega Mora au piano et à la composition.

Au programme des huit titres de cet album, un mélange de vivacité et de mélancolie mêlé aux sonorités de la guajira et du danzón. Sur un fond de percussions et de contrebasse, l’ajout du piano/sax/voix de « Veneracion » nous invite à une danse entraînante que l’on retrouve dans « Alizé » ou dans « Frescoson ». D’un instant à l’autre, le quintet laisse place à la sensualité dans « Ilduara Carrandy » et le magnifique titre « Marinna » aux faux airs de « Caramel » signé Suzanne Vega, en s’accordant un instant de nostalgie grâce aux deux balades au piano que sont « Soplos de Musas » et « Preludiosa Matanzas ». Une richesse sonore remarquable dès les premières mesures, qui décrit une contrée cubaine qu’on a l’impression de connaître sans même l’avoir visitée.

Au-delà d’une invitation à la musique cubaine et afro-cubaine, « Cuba Cuba » est le résumé du parcours de son créateur. Manuel Anoyvega Mora consacre un instant à tout ce qui a rendu possible sa vie en musique : A son pays, mais surtout à Matanzas, sa ville de naissance dans laquelle il a joué ses premières notes, et enseigné ses premiers cours au milieu des années 80. Il offre aussi une douce pensée à sa mère, qui l’a orienté vers l’instrument qu’il aime tant : « Comme tous les enfants, je prenais des objets que j’utilisais comme des instruments. Ma mère m’a vu et a dit ‘’ Celui-là, il pourrait bien être un peu musicien, mais il ne fait pas de percussions, il va jouer du piano ! » Une évidence confirmée un peu plus avec cet album.

Aujourd’hui installé en France, Manuel Anoyvega Mora nous invite avec lui pour une expédition à travers l’Atlantique. La proposition est faite, Il ne tient qu’à vous de larguer les amarres… Direction Cuba !

Corentin Maratrat

(2019 Fo Feo Productions)