L’ogre intact
❤️ [COUP DE CŒUR] Depuis une quinzaine d’années, le label Émouvance, créé par le contrebassiste et compositeur Claude Tchamitchian que nous retrouvons sur ce projet du Pierrick Hardy Acoustic Quartet, s’est donné pour mission d’émouvoir un public exigeant, donc pas toujours aisé à capter. Il s’agissait de piquer peu à peu sa curiosité par des projets défiant le risque, où soient privilégiés pureté des sons et douceur des silences, hardiesse contemporaine, densité d’une écriture libérée et singulière, tout cela grâce à des musiciens de très haut niveau, funambules agiles dansant avec aplomb sur un fil reliant « une sorte » de jazz à « une sorte » de classique. « L’ogre intact » qui se présente ici, prêt à dévorer avec bienveillance nos envies sonores, vient d’être lâché sur une plage d’un gris infini, par Pierrick Hardy (guitare, clarinette), auteur des six admirables compositions, qui habitent une chambre aux fenêtres grandes ouvertes. Pour jouer cette musique raffinée, dont une plume visuelle dessine dès le début les délicats contours sur la toile, notre leader jongleur de couleurs et metteur en scène d’images rares, devait donc s’entourer de musiciens d’exception : Claude Tchamitchian, dont le jeu puissant et varié suggère par moment la batterie absente, et fait résonner les fibres de bois précieux, entre introspection et envol d’altitude à l’archet, ainsi que Catherine Delaunay, qui nous enchante de ses chants de clarinette et de cor de basset, qui s’envolent tels ceux d’oiseaux ivres de liberté, et enfin Régis Huby, friand de ce genre d’univers, qui oppose à ravir ses traits vifs de violon à ceux impérieux de l’archet, en de pacifiques combats d’escrime musical, quand il ne s’envole pas en de vertigineux tourbillons boisés. Cet album est captivant, car de thème en thème, l’ennui est banni par une enivrante diversité de climats, et une légèreté bondissante. On peut y trouver de gracieuses alliances, en de limpides fluidités, puis des affrontements décisifs, par exemple entre les cordes, ailleurs ce seront des ententes sonores inattendues, notamment entre clarinettes et cordes au presque unisson. Toutes ces variations, mues par un rythme à la profonde respiration créative, une poésie en perpétuel flottement au-dessus du sol, et une force collective émotionnelle rare, rendent cet album indispensable.
Label Émouvance/Distribution Absilone
Par Dom Imonk
Une question en guise de commentaire : pourquoi « L’ogre intact »….
Bonjour !
Ça, c’est à l’artiste de le dire 🙂
Merci pour votre lecture.