Comète

❤️ [COUP DE CŒUR] Après avoir sérieusement été décoiffés par « Atlas » (2015) et « Folklore imaginaire » (2017), nous attendions avec impatience un troisième album du gros chat bleu « Oggy » et de ses « Phonics ». Ils prennent à chaque fois le temps qu’il faut pour concocter leurs ouvrages, mais quel résultat ! N’oublions pas que les tournées et concerts qui défilent un peu partout en Europe, les éloignent des studios. On se souviendra longtemps de leurs passages à Jazz in Marciac (Gers) ou encore à Jazz360 (Gironde). Voilà donc « Comète », un nouveau disque qui pousse un peu plus loin les expérimentations, et raconte une étonnante histoire, celle du voyage d’une comète en direction de la Terre qu’elle va percuter, et les émotions humaines au fur et à mesure de sa fatale approche, auxquelles chaque morceau fait référence. Ambitieux projet d’Oggy & The Phonics, qui sont toujours Clément Meunier (clarinette), Louis Billette (saxophones), Théo Duboule (guitare électrique), Gaspard Colin (basse électrique) et Marton Kiss (batterie). Parmi les sept titres proposés, on découvre que sur quatre d’entre eux, Matthieu Michel, prestigieux invité de l’album, offre le souffle unique de sa trompette, mystérieuse, lyrique, profonde, d’une ampleur de phrasé aussi vaste qu’un ciel étoilé, ce qui fait s’envoler la musique encore plus haut. Ainsi, les thèmes aux titres oniriques que sont « Comète », « Ode à l’aube » et « Laura P » (part 1 et 2) accueillent avec grâce ses subtils phrasés, qui se déposent comme feuilles d’or sur les pistes, un peu à la manière d’un Jon Hassell. En parfaite osmose, les chorus et complexes entrelacs moirés de guitare s’associent de morceau en morceau, aux souffles aurifères des bois, en intrépides voltiges, et à une rythmique puissante et souveraine, dont les impacts brefs et impeccablement articulés, accentuent cette singulière fusion jazz, rock et groove actuel, toujours à l’affut d’émotions neuves et tangentielles, et en liaison directe avec l’espace et d’autres univers, grâce à la fée électronique. Impossible de résister aux trois autres thèmes, l’énergique  « Flux », menée par les bois qui chantent à l’unisson et tous ces sons derrière, le génial « Conventions » et cette époustouflante partie de guitare et enfin le guilleret « Pithycanthropus Erectus » qui, à une lettre près, est l’hommage rendu au grand Charles Mingus ! Notons enfin la belle pochette minérale (Marie Tohier), et un son épatant (Andy Neresheimer, Benoît Corboz). Vous l’aurez compris, écouter « Comète », c’est  faire un palpitant voyage, sur elle embarqué, dans un cosmos de sons qui émeuvent, bougent et inventent, et ça, c’est bien plus que de « tirer de simples plans sur la comète » !

Suisa/Aloya Records/InOuïe Distribution

Par Dom Imonk