Butterflies Trio

[ÉVÈNEMENT] Septième album sous son nom, « Butterflies Trio » démontre clairement que Frédéric Borey (saxophone ténor, composition) n’entend pas être raisonnable en proposant, en trio, rien moins qu’un double album, soit deux galettes pleines à craquer d’émotions en tous genres, enregistrées avec les deux passionnantes figures du jazz actuel que sont Damien Varaillon (contrebasse) et Stéphane Adsuar (batterie, composition). 7, l’âge ou le nombre de la raison ? Non, surtout pas, soyons fous! Comme se doit de l’être le jazz ! Et explorons divers chemins pour le faire mieux connaître, s’il en était besoin ! On note d’entrée qu’il n’y a pas de piano, ce qui crée un lien évident au brillant quartet « Lucky Dog », qu’il forme avec Yoann Loustalot (trompette, bugle), Yoni Zelnik (contrebasse) et Frédéric Pasqua (batterie), dont on s’était régalé du récent « Live at the Jacques Pelzer Jazz Club ». Autre lien majeur, c’est celui que le saxophoniste entretien depuis longtemps avec le label Fresh Sound New Talent, mené par Jordi Pujol, qui l’a toujours soutenu. Le premier disque annonce clairement la couleur, avec pas moins de dix compositions, huit de l’hôte des lieux et deux de Stéphane Adsuar, qui tournent idéalement et poussent ce jazz neuf et aéré en des développements élégants et audacieux, en notes vraies et assurées, rebondissant sur des zones de furtifs silences, qui créent d’amples espaces expressifs. L’écriture, magnifique et éperdument jazz, est grandement servie par le jeu exquis et synergique des trois musiciens. Le souffle dense et chaleureux du saxophoniste, cette profondeur physique et charnelle, qui se retrouve par exemple dans le titre « J.H. », qui évoque surement le grand Joe Henderson, pour lequel son admiration ne fut jamais tue, est admirablement porté par une superlative rythmique, dont on comprend aisément pourquoi on se l’arrache ces temps-ci. Tous les scénarios possibles s’imbriquent avec bonheur entre ces trois,  questions/réponses, je t’aime/moi non plus, Tu veux ou tu veux pas ? Fluidité, courants vifs, notion d’espace, respiration…Un premier disque fou de vie ! Vie intense qui se poursuit et bat d’un pouls de jeune homme, pour animer le deuxième disque, havre de spiritualité respectueuse, lettre d’amour, acte de foi aux grands pionniers du jazz, dont l’héritage est toujours bien présent. Sept standards où sont repris, on les citera tous, Pat Ballard, Duke Ellington, Don Grolnick, Wayne Shorter, Billy Strayhorn et Fats Wallers. Éventail grand angle, un vaste pan de l’histoire déployé là, en seulement sept titres, avec toujours une interprétation des plus inventive, précision, profondeur, espaces d’envols multiples et  couleurs chatoyantes. Mentions spéciales pour la beauté du son ( Julien Reyboz, Mix&Rec Studio, Paris; Dave Darlington, Bass Hit Studio, New York), du cover artwork (Luca Fattorini, Daniele Lo Presti et Anna Xhaard) et des photos (Kenneyrha Manuel et Didier Jallais). Ce disque est une leçon de jazz essentielle que nous ne sommes pas près d’oublier! Toutes ces notes, qui volettent çà et là comme de petits miracles bleutés, papillonneront longtemps dans nos têtes d’accros du jazz vagabonds !

Fresh Sound New Talent/Socadisc

Par Dom Imonk