« Ilium » et « Complexe« 

Le CV de Pierre de Bethmann, (P2B pour faire court) est tout simplement exceptionnel.

Jetez-y donc un œil ici http://pierredebethmann.fr/fr/bio/

Plus encore, sa prolifique créativité impressionne ! Artisan de projets aux formats sonores multiples, voire éclectiques (cf. Medium ensemble), P2B est un infatigable chercheur qui ne se contente pas de triturer le son en studio laboratoire. Le plaisir de cette exploration, P2B sait aussi le partager généreusement en live, tant avec Prysm qu’avec ses très nombreux autres compères et pas seulement dans les clubs parisiens, mais aussi sur les scènes régionales. Récemment aperçu au Rocher de Palmer avec Pianoforte (4 claviers), en trio (Prysm) au festival Jazz d’Anglet en 2021, ou encore en grande formation, avant la pandémie en juin 2019 pour les 10 ans de Jazz 360 !

2003, 2005, 2007, 2009. Avec la précision d’un métronome De Bethmann se paye le luxe de lancer le projet Ilium dans la première décennie du 3ème millénaire et d’enchainer ainsi 4 enregistrements en parallèle du trio Prysm. Cet infatigable créateur embarque le même quintet 4 étoiles (David El-Malek saxophone, Michael Felberbaum guitare, Franck Agulhon batterie, Vincent Artaud contrebasse) sur les 2 premiers opus, Ilium et Complexe. Suivent Oui, puis Cubique où Stéphane Guillaume (saxophones), et une certaine chanteuse nommée Jeanne Added viendront compléter le line up !

Nostalgique de ce format ou tout simplement désireux de poursuivre l’exploration Pierre de Bethmann relance le projet Ilium au cours de la saison 2021-2022.« Les trois idées de départ restent inchangées : un piano ou un rhodes entouré de claviers ou d’effets, un répertoire exclusivement fait de compositions originales inspirées de multiples sources, et un groupe de solistes hors pairs », c’est ce que l’on peut lire sur le site de Pierre de Bethmann.

Mais la musique s’écoute avant tout et les mots peinent parfois à exprimer l’émotion, l’impression, le ressenti. Sur son propre label ALEA vous retrouverez donc Ilium et Complexe, les 2 premiers CD réédités, originellement sortis sur plusieurs labels dans les années 2000, et disparus depuis.

Les mélodies sont facétieuses, peut être à l’image de ce personnage filiforme souriant toujours disponible, mais aussi insaisissable.

A la première écoute, prédire un accord, imaginer une fin de phrase mélodique est impossible. C’est une perpétuelle découverte, une succession de surprises, un enchaînement de plans inédits. Le matériau sonore clavier, contrebasse, batterie, guitare, saxophone est pourtant assez classique, mais avec cette palette, De Bethmann, l’impressionniste impressionnant surprend tout du long. Les chorus sonnent juste, les phrases souvent reprises à l’unisson par plusieurs instruments réalisent une fusion nouvelle. Les 2 projets fraichement réédités portent le même ADN et j’avoue ne pas trouver les mots justes pour décrire avec finesse, le plaisir que j’ai eu à l’écoute. C’est frustrant !

Alors, je vous laisserai, là sur votre faim, celle de découvrir ou de redécouvrir ces 2 pépites d’un grand monsieur du jazz français.

Sinon, notez que l’Ilium est un métal découvert par tâtonnements dans un centre de recherches d’Ivry sur Seine en 2000 et récemment intégré dans le tableau de classification de Mendeleïev. Il tient son nom de la synthèse entre l »exceptionnelle légèreté de l’Hélium, et la réactivité du Lithium, exemplaire pour ses propriétés cristallines et magnétiques.

Il n’y a donc pas de hasard, professeur Bethmann ?

Signé : Vince

Alea (réédition)