Alom Mola
Où nous retrouvons, au côté de Michel et de ses palettes, les fidèles frères Côté, Pierre et sa contrebasse enchanteuse, Michel et son arsenal de bidules (classiques ou exotiques) à frapper, souffler, caresser, un quintet de cordes à géométrie variable (2 formations), et le piano de Alexandre Grogg qui habille un doux et généreux Haïku de Jeannette.
Encore du beau monde pour ce qui peut faire suite aux épisodes précédents. Enregistré en 2016 à Montréal, nous bénéficions de tous les talents de notre artiste coloriste. Un livret avare de commentaires, mais rempli à (nous faire) craquer de croquis dessinés coloriés, peints sur du papier à musique où quelques notes se promènent. Images épurées ou touffues, instants clé de la vie foisonnante du batteur, supports et prétextes d’inspiration en perpétuelle ébullition, ne reste qu’à jeter quelques instruments divers (et les interprètes qui vont bien) dans le chaudron, et on obtient un nouveau paquet de bonbons acidulés plein de couleurs vives ou douces au goùt indéfinissable (vous voici prévenus), qui possède l’avantage magique d’être encore replie lorsque le dernier bonbon est savouré.
Coloriste semble être le meilleur qualificatif du batteur/compositeur/peintre, sorcier des notes et des âmes qui nous entraîne ici dans une sarabande de sketches qui nous en font voir de toutes les (belles) couleurs. 5 titres découpés en 4 à 7 chapitres : un hommage à “Caravaggio” (peintre du XVIe), “1008 Fenêtres” d’où l’on devine des bouts du quotidien de notre cherchant (et trouvant !), un tour à Barcelone sur un air baroque, fond de cloches, sarabande et vision de Gaudi, un “temps de rêve” : poésie onirique en mots et accords papillonnants… En fin, titre éponyme du disque, palindrome en forme de miroir à tiroir avec symétrie incertaine et circulaire, batterie qui organise, scande, arrange, ponctue puis dé-mollit un Little/big orchestre de cordes oscillant en courant d’air contemporain, à effluves jazz. Justement, quid du jazz dans ce voyage fantasmagorique ? hé bien, écoutez bien, le rythme avant tout, toujours, tout le long, quelques notes bleues au clavecin, le maîkotron qui se marche dessus et par-dessous, contrebasse qui évite les “walking”, mais n’échappe pas aux successions “tension/détente” qui gère l’ambiance instable d’une écriture ferme et d’improvisations potentiellement permanentes.
Oui, le beat est bien là, et nous n’oublions pas que l’oreille de l’auditeur participe au son qu’elle perçoit !
Alors, écoutez bien !
Par Alain Fleche
Chez : JazzFromRANT