Transition

[COUP DE GROOVE] Encore sous le charme de « Lumière sur la nuit », le précédent album en quartet du clarinettiste compositeur Marc Boutillot, paru il y a presque quatre ans, voici que s’ouvre pour lui un jour nouveau avec « Transition ». Un disque tout neuf, enregistré au studio Bopcity, avec sa nouvelle formation LANDS, dans laquelle il retrouve Philippe Monge (contrebasse, flûte, voix, composition), auquel se joignent Dexter Goldberg (claviers) et Jean-Baptiste Perraudin (batterie). Autant dire que nous avons là l’une des meilleures équipes qui soient, les cursus et collaborations diverses de chacun laissant rêveur ! En l’espace de huit titres, cinq de la plume du leader et deux qu’il co-compose avec Philippe Monge, généreusement développés et fourmillant d’éclats émotionnels, LANDS nous invite à visiter d’autres territoires sonores, où se développe un jazz à l’étonnante sensualité, pigmenté de fusion, de rock et même de pop, comme lors de la reprise du « Blackbird » des Beatles, chantée par Philippe Monge, dont la voix est une vraie révélation, notamment aussi sur « Common Ground ». La douce poésie nocturne du précédent projet a donc laissé sa place à une musique plus énergique, qu’une rythmique irrésistible sert à ravir. La connivence contrebasse/batterie est en effet un modèle du genre, avec comme complice, un son clair et punchy qui les catapulte sur le vernis de quelque dancefloor imaginaire.  Sur un tel tapis festif, air pur, espaces mouvants et fluidité gracile s’invitent sans gêne au bal des notes, en une chorégraphie subtile, mise en mouvement par la légèreté funambulesque de la clarinette, qui a laissé sans regret sa livrée classique au vestiaire, pour se parer d’une tenue plus décontractée, aux couleurs d’un groove enivrant, et par la richesse ondoyante des claviers aurifères de Dexter Goldberg, qui nous laisserons pantois, notamment sur le remarquable « Transition », lors d’un époustouflant duel avec la clarinette électrifiée. Très sensible, celle-ci animera « L’éveil des ombres », avant que nous soit suggéré la force d’un impétueux « Nouveau départ », en connexion gémellaire avec « L’envol » et « Paysage électrique » qui avaient débuté l’album. À chaque fois, ce sont des invitations à l’échappée, que l’on ne déclinera pas, formant, ainsi que tout ce disque, un hommage passionné à la musique des maîtres vénérés du jazz fusion. L’une des racines de l’art de Marc Boutillot, dont il a ici partagé la sève vitale avec ses amis de LANDS.

Par Dom Imonk

Chanteloup Musique/UVM Distribution

www.marc-boutillot.com

www.facebook.com/marcboutillot.lands

Lien à la Gazette Bleue n° 20 –  janvier 2017, chronique de  « Lumière sur la nuit » page 32 :