Déluge/Socadisc/Absilone

Par Dom Imonk

Pour avoir déjà vu Le JarDin en concert, on espérait que la densité de cette musique pourrait un jour se retrouver sur disque. La réponse est oui avec ce premier album studio, qui  nous emmène encore plus loin, par le message philosophique et poétique, partagé par Julien Dubois (saxophone alto, compositions), leader du groupe. En lisant en effet  les notes intérieures,  tirées des « Hétérotopies » (Des espaces autres) de Michel Foucault, on comprend vite le dessin (dessein ?) verdoyant de la pochette, chargée de symboles, finement illustrée par Vincent Odon et conçue par Émilie Möri. Un jardin carrefour humaniste, partageant le monde en quatre parties vitales, avec au centre une fontaine sacrée, bordée de l’idéale végétation. Ici, quatre musiciens, membres vitaux du JarDin de Julien Dubois, qui s’est entouré de Simon Chivallon (Rhodes et synthétiseurs), d’Ouriel Ellert (basse électrique) et de  Gaétan Diaz (batterie), de très affutées pointures hexagonales, avec en plus deux prestigieux invités : Sylvain Rifflet (saxophone ténor sur deux titres) et Élise Caron (voix, chant sur une piste). Nous voici donc embarqués avec eux, à bord d’un intrépide voilier, dont les rêves turbulents vont nous mener de « La tectonique des plaques part 1 » à la face cachée de « Warp zone » en passant par « Sisyphe ou la révolte du diminué » et autre « Icare ou le drame de l’augmenté ». L’électronique, plus présente qu’en live, élargit la vision vers un univers aimé du leader, qui cite Donny McCaslin et Steve Coleman, dont on capte le mood fiévreusement actuel. Cette musique mutante, pétrie de new jazz et de post rock prog, est réellement fascinante !