OUTLAWS

Tribute to Hubert Laws

[COUP DE GROOVE] Tout au long de son histoire, le jazz n’a pas cessé d’évoluer, ouvrant des chemins vierges, ou à paver d’intentions nouvelles, voire révolutionnaires. Ainsi, pour exemple, de l’aube des fifties au printemps des sixties, nous avions déjà été téléportés des rives du cool aux embruns cinglants du  free, en passant par le be-bop et le modal. Tout un pan d’histoire, en à peine plus de dix ans ! Un miracle vital qui était loin de s’arrêter, car tout au long des années soixante, et même bien après, le jazz a continué à se nourrir de divers évènements, en particulier de ceux liés à la force militante des luttes sociales et raciales, elles même soutenues par de grands représentants de la soul et du funk, autre courant musical fort que ne tardèrent pas à rejoindre certains jazzmen. On appela ça le jazz-funk, la soul-jazz, mais le terme jazz- groove maria plus ou moins les deux et c’est de lui dont on parle encore aujourd’hui. Le flutiste Hubert laws est l’un des plus brillants représentants du style, auquel, avec d’autres comme Bobbi Humphrey ou Herbie Mann, il parvint à donner ses lettres de noblesse. Auteur de nombreux disques, c’est à ceux parus sur le légendaire label CTI que s’est intéressée la flutiste Ludivine Issambourg, excellente instrumentiste, grande admiratrice d’Hubert laws. Elle est déjà connue de la scène electro-jazz française, amoureuse de groove, de funk et donc de ces musiques des seventies. Avec « Outlaws », elle a voulu rendre hommage à son mentor, et s’est pour cela rapprochée d’Eric Legnini, autre grooveur dans l’âme et magicien du son, pour assurer la réalisation et la direction de l’album, et ça s’entend dès les premières notes du très décidé « Undecided ». Notre homme fait aussi merveille au Fender Rhodes, et laisse cependant sa place à Christophe Chassol sur le prémonitoire « What do you think of this world now ? » qui clôt l’album. Question claviers, l’excellent Laurent Coulondre est aussi de la fête à l’orgue hammond et au clavinet, alors qu’en matière de rythmique, l’impressionnant duo  formé par Julien Herné (basse) et Stéphane Huchard (batterie), est une redoutable pompe à groove qui propulse bien haut l’engin spatial qui orne la pochette. Ludivine Issambourg survole tout cela avec beaucoup de fraicheur et un jeu dont la précision et la moderne adaptation du ton, associées à celles du groupe, portent avec cœur et élégance les dix thèmes qui défilent, comme une décapotable insouciante, en plein soleil californien, avec cette saveur retrouvée, héritée des seventies aimées. Les notes indiquent d’ailleurs que le disque a été enregistré sur une table « Neve », qui faisait le son de ces années, ceci expliquant cela ! 

Vous l’avez compris, ici, impossible d’échapper à la loi du groove, et à celle de Laws, car grâce à Ludivine Issambourg et à son gang dynamite, nous voici libérés en hors-la-loi de l’ennui, étant tous devenus des « In Laws » !

Par Dom Imonk

Heavenly Sweetness/L’Autre distribution