Ludivine Issambourg – Above the Laws
La flutiste normande Ludivine Issambourg est repérée assez tôt par le producteur de hip-hop Wax Tailor, alors qu’elle se produisait dans les salles et festivals plutôt prestigieux comme l’Olympia ou les Vieilles Charrues.
Elle crée le groupe Antiloops et en 2014 produit un premier album « Electroshock », dont le succès lui permet de remettre ça en 2017, avec « Lucid Dream », où elle franchit un pas supplémentaire avec l’usage des machines. Le style Issambourg est né, c’est « l’éolien », à savoir de l’électro produit à la force du vent.
En 2020 parait sous son seul nom le projet « Outlaws », revisitant l’œuvre du flûtiste américain Hubert Laws, véritable hommage à l’âge d’or du jazz funk des années 70, du groove et des synthés monstrueux qui ont marqué à jamais la mémoire auditive de toute une génération. Pour assurer le coup et parce que la mutine Ludivine a un sacré talent, le casting avait été choisi dans la crème du jazz et du groove hexagonal : Eric Legnini (naturalisé français pour ma chronique), Stéphane Huchard, Laurent Coulondre, Julien Herné et Chassol. Entretemps, Ludivine retrouve Antiloops pour la sortie de « Supernova » paru en mai 2022.
Mais la gourmandise n’étant pas un vilain défaut, surtout en musique, Mme Issambourg se permet d’en remettre une couche, ou une louche, bref, une nouvelle galette à déguster sans modération à paraitre le 8 novembre 2024. Un très bon remède à la grisaille de la Toussaint, un placébo pour le moral à zéro, un coup de Kärcher à la morosité du moment !
Les recettes et certains complices du premier tome de l’aventure Laws sont encore là ; Chassol et Eric Légnini soignent la production, tandis que Laurent De Wilde (claviers), Céline Bonacina (sax), le suédois groovant Nils Landgren (trombone) ou encore Yoan Serra (batterie) viennent rajouter leur immense talent aux reprises mais aussi aux compositions originales qui cette fois couvrent presque la moitié des 11 pistes. Parmi mes préférées, « Kickin’your ass » qu’il vaut mieux écouter que traduire ! https://www.youtube.com/watch?v=1s1GMCgnkF0
Les références à Laws et à la période sont toujours là mais le son a pris de l’épaisseur avec notamment une section cuivre façon « Tower of Power » plus présente sur certains titres (« the Bear », « New Morning », « Hop Scotch »).
La flute est certes omniprésente, mais Ludivine laisse intelligemment la place à ses invités prestigieux et tous les chorus donnent du relief aux mélodies et à cette ambiance si délicieusement datée seventies. « Avec le morceau « Fever », la température monte encore d’un cran et le tempo aussi. La patte d’Eric Legnini, le maître de l’afrobeat transpire sur ce titre très coloré. Cerise sur le gâteau (ou plutôt sucre glace…) le chanteur Brian Jackson reprend « Angel Dust » qu’il interprétait aux côtés de Gil Scott-Heron en 1978.
« Manoir », « if you knew » Night Watch » et « Lenox » aux tempos plus langoureux permettent de faire descendre un peu le cardio ! Tout le charme de Ludivine la divine s’en dégage avec sensualité.
Que vous dire d’autre ? Que Ludivine est en plus de tout cela une artiste ultra généreuse sur scène, aussi simple et spontanée que sa musique est géniale et foisonnante, bref c’est l’artiste à voir et à écouter absolument. Elle sera le 31 janvier 2025 au New Morning pour les chanceux parisiens, mais je prédis que les festivals 2025 vont avoir envie de la booker très vite. Restez bien à l’affût.
Par Vince
Heavenly Sweetness/L’Autre Distribution
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https://ludivineissambourg.bandcamp.com/album/above-the-laws