« Les Egarés » : Vincent Segal – Ballaké Sissoko – Émile Parisien – Vincent Peirani –
Le Rocher de Palmer Cenon le 29 Nov 2024
Vincent Segal : Violoncelle
Ballaké Sissoko : Kora
Emile Parisien : Saxoplone soprano
Vincent Peirani : Accordéon, accordina
En quartet : le double duo Segal/Sissoko et Parisien/Peirani ont performé hier soir pour la deuxième fois au Rocher de Palmer pour célébrer leur album « Les égarés » sorti le 31 Mars 2023. Le concert d’hier a fait le plein comme celui de mai 2023, entre temps, en septembre dernier ce projet a été « sacré » concert jazz de l’année par Les Victoires du Jazz !
Effectivement le nombreux public est tombé sous le charme et au-delà !
Avant de vous dire quelques mots sur les morceaux joués, je vous livre en vrac tous les adjectifs que j’ai mentionnés sur mes nombreuses notes pendant le concert:
Cosmique, céleste, mystique, aérien, harmonieux, mélodieux, lumineux, intelligent, fusionnel, puissant, profond, syncopé, rythmé, épicé, multiculturel, envoûtant, vibrant, irradiant !!!
Presque tout est dit !
Lumière intime sur la scène mettant en valeur les 4 instrumentistes assis, son parfait (merci aux techniciens du Rocher) :
« Ta Nye » : Dès les premiers accords de ce morceau de Ballaké Sissoko la sensation d’unisson émerge, la magie opère, puis les notes de Kora nous donnent des accents mandingues auxquels se mêlent le lyrisme de la mélodie déroulée par Vincent Peirani à l’accordéon, les accords vibrants de Vincent Segal au violoncelle et les fulgurantes notes haut perchées du soprano d’Emile Parisien : le voyage commence en apesanteur !
« Time Bun » : (de Ballaké et Cyril Atef) met en lumière la voix du soprano et les silences ainsi que des improvisations vivifiantes très applaudies.
« Izao » : Composition de Vincent Peirani : Les cordes en accord et troublantes invitent l’accordéon lent, profond ; le soprano sublime le propos en volutes douces s’envolant vers le ciel. Le rythme s’accélère, revient lento puis un coup de folie final conclut en apothéose cette œuvre très colorée acclamée par le public.
« Nomad’s Sky » de Vincent P. : Vincent Segal tire de son violoncelle une multitude de sonorités aux accents sahariens (à l’archet, cordes grattées comme une guitare ou caisse de résonnance), la kora d’abord en boucle puis plus bavarde magnifie la mélodie sur laquelle l’accordéon vient poser lentement quelques touches subtiles sur lesquelles s’élèvent les arabesques lumineuses d’Emile, nous imaginons la progression de la caravane : somptueux !
« Orient Express » de Joe Zawinul : Un morceau, vif, fulgurant où soli, duo et quartet se succèdent en un mélange épicé inouï dont Emile assure la saveur très pimentée, les cordes la base salée et l’accordéon le fruité !
« Banja » de Ballaké Sissoko : Longue entame quasi mystique du soprano qui tutoie les étoiles puis la kora nous amène en Afrique mandingue, suivent 2 soli magnifiques du violoncelle (gratté puis à l’archet) puis de l’accordéon d’abord sur peu de notes puis ouvrant sur l’infini de son art. Quelle complicité entre les 4 compères !
« Dou » d’Emile Parisien : Mélodie élégante aux accents de folklore, portée par le trio puis scandée par les spirales enchanteresses du soprano.
« Esperanza » de Marc Perrone: les voix des enfants du collège de Cenon (ayant répété le chant l’après-midi) entament cet inoubliable morceau (entendu tant de fois notamment à Uzeste Musical !) avec émotion, les musiciens enchainent frénétiquement sur cette cumbia très entrainante qu’ils amènent ailleurs. Le public exulte debout !
Le rappel se fera avec « Amenhotep » de Vincent Segal : pour ce voyage en terre égyptienne, Vincent Peirani introduit à l’accordina, suit un dialogue de cordes aux sons très étirés entre Ballaké et Vincent S., Emile complétant de ses douces volutes. Puis la fête pharaonique éclate vers un final collectif superbe.
Merci à ces 4 grands musiciens qui nous ont offert ce moment intense plein de grâce, d’unisson et de complémentarité, d’énergie positive et d’exemple de partage !
Inutile de vous dire que l’on ressort complètement subjugués et heureux de ce concert, on retrouve les amis à la sortie le sourire jusqu’aux oreilles, et le cœur débordant de reconnaissance !
Chronique de Martine Omiécinski le 01 Décembre 24, photos Philippe Marzat
Galerie photos :