Ecorchure

Jean-Luc Petit : Sopranino, Soprano, Ténor Saxophones
Jérémy Baysse : Electric guitar, Crackle box, Gadgets
Fabrice Favriou : Drums

Jérémy est à l’origine de ce projet. Tout juste 40 ans, il ‘gratte’ depuis l’âge de 15 ans. Se frotte au rock, comme beaucoup de jeunes guitaristes, Se tourne rapidement vers le Jazz Trad. Il commence à accompagner des chanteuses, en profite pour travailler ses chorus, la mise en place pour se mettre au service de la voix. Il aime aussi jouer seul. Vers 22 ans, cherchant un peu sa voie… de solitaire, il choisit de jouer avec des images ; ce sera un long et fructueux exercice de ciné-concerts (jusqu’à 50 prestations par an), auquel il continue de se plier ponctuellement. Il fait un peu de batterie, donne des cours d’impro.à l’école de Poitiers (où il réside toujours), et, de rencontres en concerts, d’élans en opportunités, découvre le Free-Jazz et la musique improvisée. Il joue fréquemment avec son pote de Niort : Fabrice Favriou ; ils invitent souvent d’autres musiciens, des potes de potes, et finissent par tester un truc avec un vieux copain de Fabrice, multi-soufflant qui a joué avec tout ce qui compte de farfelus, mais très sérieux instrumentistes délirants de l’hexagone, Mr Jean-Luc Petit (que l’on a fortement apprécié lors du festival organisé par Bruno Tocanne à Trois-Palis). Nos 3 compères se rejoignent, font connaissance, et jouent. C’est un « Fun » ! Ce ne peut être ni un projet lucratif (on ne choisit pas ce style pour gagner de l’argent), ni le moyen de devenir célèbre (ce n’est pas le but du jeu), cela reste donc une joyeuse expérience qui ne demande qu’à être réitérée. Pour la 3ème tentative, Jérémy branche un micro (celui dont il ne se sépare jamais), les gadgets sont prêts, la min-radio proche du micro guitare, les artistes sont chauds. Ca joue, on écoute, on garde. Jérémy doute un peu de la qualité (de ce qu’il a fait et enregistré), mais devant les 2, emballés par le résultat, il se rend à l’évidence : c’est du bon ! Après, autre doute  : éditer ?! (voir à ce sujet : le colloque des « allumés du Jazz » en Avignon). La réponse, pour notre grand plaisir, est : Oui. Ouf. 
Écorchure. Nom déjà utilisé pour un précédent ensemble de Fabrice… qui plaisait aux 3  (à nous aussi) . Un incident de peau, d’âme, qui ne cicatrice pas. Qui s’envenime. Devient une blessure douloureuse, une plaie sombre. Sont-ce les coups (francs) répétés, martelés, acharnés de la batterie qui marquent  et creusent, derrière les tympans, là où c’est sensible. Des coups de masse qui forment des cavités, deviennent des trous béants et purulents ou s’engouffre les vents violents des sur-aigus (même et surtout lorsqu’ils ne sont qu’assourdis, ou suggérés) de jean-Luc, qui tordent, vrillent, laminent, épuisent toute résistance de l’auditeur qui chercherait désespérément un moment de paix à se raccrocher pour continuer la traversée de cet océan lugubre, mais hypnotisant. Ils s’y connaissent les 2 larrons pour créer des ambiances pesantes, mais attachantes, obscures, mais vivantes, harassantes, mais obsédantes. On compte sur Jérémy pour (nous) apporter quelques harmonies pacifiques, aires de repos propres, panser les vilaines marques infligées… Peine perdues. Des obstinenti interminables, des sustains qui n’en finissent jamais, des assauts de stridences pointues, ce sont des traits d’union entre 2 attaques franches ou sournoises, sans répit ni miséricorde. La guitare semble discrète ? Un prédateur tapis dans l’ombre du doute. Parfois mignon, presque joyeux, des suites de notes agréables, des sons paisibles… ne pas s’y fier. Juste nous cajoler  pour ne pas voir venir la prochaine volée de bois vert (de gris, de rage). Une voix féminine, ouf, sauvé ! Que nenni.  On reste dans le sombre. Inaudible au 1er passage, reprise à la fin : « c’est moche ». Aussi  désespérée que le reste. Jérémy raconte : « j’ai juste allumé la radio, c’était ça ! « . Impossible d’y échapper vous dis-je. Même le hasard s’en mêle. Désespérant. Sauf que : le désespoir, c’est quand nous sommes comblés, avec plus rien à espérer (de plus ou de moins) . Alors vive le Désespoir ! Il reste, bien sur, la joie d’entendre des musiciens accomplis qui s’amusent à nous faire peur (en allant au bout des leurs ?), le bonheur de passer un moment avec des gens qui nous racontent leur vision de la vie (à cet instant), pas si moche, pas si insupportable ; voyez : nous sommes encore en vie, et ça nous plait ! 

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