A certain trip

A 40 ans (c’est le 21 juin) Guillaume Perret s’est fait un nom dans le microcosme du jazz français, mais n’a peut-être pas encore le statut et la reconnaissance qu’il mérite. Découvert avec sa formation « The Electric Epic » en 2009, son approche très novatrice du saxophone électrifié a vite fait le buzz. Pourtant il faudra attendre jusqu’en 2012 pour qu’un premier CD nous parvienne enfin.
La marque de fabrique de Guillaume Perret, c’est un son ! Inclassable, éclaboussant, mais aussi déroutant, tant les énergies, les influences et les ambiances nous emportent sans prévenir dans des univers sonores inconnus jusqu’alors. Remarqué pour ce langage très personnel et résolument libre, John Zorn décrit Guillaume Perret comme une « bombe nucléaire d’émotions » et le publie sur son label Tzadik.
Cette liberté chez Guillaume Perret, c’est son ADN, intitulant successivement ses précédents albums « Doors », « Open Me » et « Free ».
Son nouveau projet appelé « A Certain Trip » est composé de huit titres qui évoquent le voyage et les voyageurs mythiques. Chacune des compositions propose une exploration différente ; sur le titre éponyme « A certain trip » on appréciera les influences orientales marquées à la fois par la rythmique, le phrasé et les sonorités. « Poséidonis » démarrant par une intro presque trop classique nous offre soudain un plongeon dans les abysses de l’univers Guillaume Perret. « Gulliver » (3e plage), c’est le voyage au pays de l’électro. « Sirènes » étonne par des sonorités qui évoquent des violons électriques nerveux, tendus sur un rock mid-tempo qui nous attirent finalement dans un monde nouveau, tels des Ulysses de la musique.
D’autre titres semblent plus anecdotiques comme « Phatty », dont le ton hip hop pourrait avoir emprunté le nom au fameux synthé Moog, à moins qu’il ne s’agisse d’une rencontre avec « a girl with a vulumptcious bottom » (sic : définition de Phatty en langue d’Eminem).
Accompagné par le foisonnant Yessaï Karapetian aux claviers, et une rythmique atomique, Martin Wangermée à la batterie et Julien Herné à la basse, Guillaume Perret a l’air de se plaire dans son voyage futuriste sur des morceaux aux sonorités urbaines entre free-jazz, rock oriental et électro. Son audace et ses idées ne laissent pas insensible et donnent à l’idée que certains se font encore du jazz, un véritable électro choc. Dans cette exploration musicale, Guillaume Perret, risque bien de vous embarquer vers l’infini et au-delà : alors, bon voyage.
« Le jazz a de nombreuses couleurs, et ne saurait se limiter à un style en particulier. C’est un grand bac à sable ou tout est possible. » Guillaume Perret
Vince
French paradox