Gautier Garrigue – La Traversée
GAUTIER GARRIGUE : Batterie, Percus, guitare
FREDERICO CASAGRANDE : Guitares
MAXIME SANCHEZ : Piano
FLORENT NISSE : Contrebasse
Invités :
HENRI TEXIER : Contrebasse
VINCENT LÊ QUANG : Sax Téno
ÉMILE PARISIEN : Sax soprano
1er disque en ‘leader’ du cofondateur de ‘Flash Pig’ d’où il a embarqué la douceur énergique du pianiste, et la force harmonique du contrebassiste dont nous avons dit tout le bien de sa récente participation à ‘Titta’. S’adjoint pour ce quartet un guitariste dont nous avions admiré le jeu souple et évocateur d’images et de sentiments dernièrement avec francesco Bearzatti.
D’anciens collaborateurs du batteur sont conviés sur quelques titres :
Le puissant et toujours imaginatif Henri Texier, dont il semblerait que Florent ait assimilé certaines de ses plus belles qualités. Un ténor trop rare, doué d’une belle réflexion qui rend logique et chantantes ses plus folles improvisations surprenantes mais évidente dans leur développement spontané et notre Émile national, plus en verve que jamais, au jeu poussé, propulsé par l’élan irrésistible de Vincent. 3 grands talents qui apportent leurs couleurs personnels dans un opus poétique que nous propose Gautier, où on ne trouve nulle place pour de quelconque exposé démonstratif, car ici chaque son à un sens, rien de gratuit, sinon la joie partagée d’être ensemble et de la communiquer !
‘La Traversée’ : ‘Route à destination d’une étrange lueur cosmique’, but hypothétique pour un voyage essentiel semé de doutes et certitudes qu’expriment ces explorateurs confirmés, guidés par les étoiles, à travers des paysages oniriques mouvants et émouvants. Suite en 3 mouvements, pendant la nuit où rien n’est gris, les seuls repères se situent dans l’immensité de la voûte céleste, les reflets lumineux dans la mer, et les montagnes pour balises.
On reste dans la poésie mystérieuse, l’inconnu familier avec un hommage à l’univers romantique de Kenny Wheeler où le piano ne pouvait être qu’evansien dans un tempo découpé à la hache avec une guitare faisant le grand écart sur son manche.
La contrebasse montre la voie dans l’obscurité vague d’une ‘forêt’ dense qu’elle défriche de notes tranchantes, secondé par de grands, forts et précis coups de baguettes qui se prennent pour des machettes, laissant place à la guitare de s’engouffrer et gambader sur le chemin éclairci.
Douce balade autour d’un nom rare : ‘Lezaola’ . Le temps de souffler, de se sourire, quitter les chaussures de randonnée, partager une émotion comme d’un bout de pain, les yeux brillants d’étoiles et de fantômes apprivoisés.
Une chanson emplie de nostalgie d’un passé inventé. Une histoire qui n’existe que par ceux qui l’écoute, inspirée par ceux qui nous ont précédés dans l’aventure de la vie, pour ceux qui suivront et découvriront la raison de leur propre histoire …
‘La Traversée’ passe par ‘La Plage du Troc’. Il y a du monde là ! Les invités sont arrivés et prennent place dans le nouveau décors. Vents forts. Les sax’s semblent contraires, même s’ils soufflent parfois dans le même sens. La batterie mélange les cartes d’état major et remplit la place de personnages flous, masqués des bourrasques soudaines de paquets d’eau salées, début de tempête calmée par les silences de la contrebasse qui est pourtant bien présente et solidement ancrée, enracinée au profond du sol fuyant de sable tourbillonnant…
On passe enfin par Hawaï : ‘Laniakea’, horizon céleste, foison de galaxies. Les musiciens sont aussi des galaxies qui se côtoient en amas cohérent d’identités discernables en leur intimité profonde jaillissant, chevauchant les notes qui leur échappent et traversant les murs de la raison. Les cordes d’Henri et de Frederico font route ensemble, comme les souffles de Vincent et d’Émile qui se soutiennent et s’entraînent mutuellement pour aller plus loin que la mesure flânante. Même la batterie se fait mélancolique à suivre les accords (clair)semés d’un piano rêveur. Fin de la traversée ? Où juste une halte pour compter les étoiles et les grains de sable que l’on met dans la poche pour se souvenir du chemin qui mène à la mer, dont tout est issu, et qui se perdront au hasard des pas, sur la terre mère qui nous recevra tous, enfin. Si on connaît l’origine et la finalité, reste le parcours, la traversée, différente pour chacun, ce qui n’empêche pas de faire un bout ensemble, en se tenant la main ou en émulation, le sens étant de se découvrir soi-même, au travers de toute rencontre, face au miroir, à travers le reflet illusoire de notre individualité qui cessera d’être dualité lorsque nous découvrirons l’indivisible.
Un disque pour rêver, se poser, réfléchir, se poser les (bonnes) questions, méditer sur les disparités multiples qui se résolvent dans l’unité originelle de la conscience universelle, hors du temps et de l’espace, comme les différentes personnalités des musiciens qui se rejoignent dans la musique qui est une.
Écoutez bien ces notes qui en cachent d’autres s’adressant à l’âme…
Chez : Peewee !
Par : Alain Fleche
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