Glow

Chez : FMR
Par : Alain Fleche


FRANCOIS CARRIER
: Sax Alto / PABLO SCHVARZMAN , DIEGO CALCEDO : Guitare, électro / MICHEL LAMBERT : Batterie
Yeap, grand jour : un nouveau F.C. est arrivé !  Il nous avait habitué à 1 ou 2 disques par an… celui-ci sort 18 mois après « Suite Japan ». Pire : enregistré quelques mois avant la promenade (explosive) au Japon ! Ralentissement d’activité dû à l’épidémie , évidemment . Enfin, ne boudons pas notre plaisir et laissons nous embarquer pour une nouvelle expérience proposée par ce monstrueux saxophoniste extraordinaire qui a toujours tellement de choses à nous dire, sans jamais se répéter, et avec toujours autant d’acuité dans sa vision et transmission de l’actualité générale et du temps qui est !
Notre héro du jour, accompagné de son fidèle, inimitable et (presque) inséparable ami et complice Michel sont en juin 2019 à Barcelone pour enregistrer. Ils sont rejoints par 2 guitaristes sud-américains résidant au Portugal ; du fait, la basse n’a sans doute pas semblé indispensable, les 2 x 6 cordes feront  le job ! Ajoutons une bonne dose, jamais gratuite, d’électronique, utilisée ponctuellement et pertinemment, souvent proposé par Pablo qui, par ailleurs, est enseignant pour généraliser les applications de ce récent instrument (l’électronique). Argentin d’origine ,  il se souvient  avoir croisé les chemins de gens comme P.Kowald ou B.Morris, et d’en avoir gardé une large connaissance de l’art d’improvisation, qui est le sujet même de cette session. Diego n’est pas de reste. Né en Colombie, il travail essentiellement sur les techniques de solo sur guitares électriques. Free-jazz, impro. libre, et même si cela n’est pas trop mis en évidence ici, il possède de copieuses références rock qui finissent par colorer son jeu indéfinissable, très personnel !
Ces 4 talents sont réunis pour une expérience probablement unique : impro totale. Unique et éphémère, comme le sont les notes qui vivent le temps d’être recouverte, ou finissent d’épuisement, ou coupée courte, selon une décision ferme, ou aléatoire , comme le sont chaque instant vécus intensément : sans pourquoi !
Bien que fort présentes et judicieuses, les 2 guitares jouent à faible volume, formant une nappe, un tapis mouvant, de notes et de sons tissés, de guirlandes lumineuses, halot persistant, étincelles filantes, fugitives, loin de n’être que de simples faire-valoir, des bouts de mélodie, ou suites de notes harmonieuse, propositions de riff instantané ou gimmick effleurés, sont souvent repris à la volée par le sax toujours à l’écoute du temps et du mouvement, puis développés selon l’instant, reflété par les 12 cordes pour se parer de nouvelles couleurs, ainsi dans un aller-retour ponctué de bruissements mêlés à l’electro. qui enflent et se définissent comme vagues tempi incertains d’une batterie qui ne fait pas que passer, mais omni-présente, même dans ses silences d’observations, comme le peintre préparant sa palette, avant de disposer quelques touches discrètes mais définitives, ou bien d’exploser dans un feu sans artifices de couleurs emplissant l’univers entier, bombe cosmique qui s’épuisera en bris et débris perdurant parmi les étoiles d’or qui continuent à scintiller dans le ciel qui n’en peut mais de dégouliner de tout « genre de bleu ». Car, ne vous fiez pas aux traces de sentiments libertaires éparses et rassemblées, suggérées et imposées : la liberté est un concept, puis  une réalité, liée au rythme, défini ou absent, mais inévitable puisque mouvement ! Et rien n’empêche le bleu, le blues de battre, fusse à travers des cascades, des tornades de formulations abondantes, débordantes d’un pavillon de cuivre chauffé au blanc, au rouge , du noir au transparent, ou bien juste  serein, plein, mais toujours,  à juste titre,  sûr de lui !
La musique est une clameur, qui vient de loin, puis approche, gonfle, emplissant des voiles qui de déchirent, dévaste tout ce qui est connu, ne laissant qu’incertitudes et doutes, les dogmes, habitudes et balises éclatent en miettes, puis poussières, enfin disparaissent pour que Vive la Liberté !