Qui aurait pu se douter, il y a seulement 30 ans, que l’accordéon serait sorti avec un tel brio du cliché un peu ringard du bal musette franchouillard. Loin de moi l’idée de mépriser un quelconque genre musical, a fortiori populaire, mais il est heureux de voir que, finalement, l’instrument ne fait pas le style. Premier pays producteur mondial de joueurs d’accordéon à tendance jazz, la France a vu naître de nombreux artistes qui se sont récemment emparés du piano à bretelle et qui ont exploré l’énorme potentiel de ce curieux instrument, pour notre plus grand bonheur.

Serena Fisseau Vincent Peirani

So Quiet

ACT

Dans la liste des plus fameux d’entre eux, le niçois Vincent Peirani s’est fait une belle place depuis une quinzaine d’années. Il n’a pas vraiment suivi les pas de son ainé Richard Galliano, mais a tracé seul, une toute nouvelle voie et il a réussi à s’imposer dans la scène jazz sous son nom et en sideman sans jamais s’écarter de son chemin si singulier, créant ainsi sa bulle, sa narration, son univers. On ne compte plus les collaborations avec des artistes de premier plan mais aussi avec d’autres, moins connus. Cette fois-ci, Peirani nous amène dans l’intimité créatrice de son couple et dans une complicité artistique inédite avec sa compagne et chanteuse franco-indonésienne, Serena Fisseau. Le projet « So Quiet » n’a pas d’autre ambition que de nous raconter quelques jolies histoires, dans un format cocooning épuré qui convient parfaitement à la voix douce de Serena. « Over the Rainbow », « What a wonderful world », « And I love her » des Beatles mais aussi « La tendresse » de Bourvil, la célèbre « Javanaise » de Gainsbourg, la superbe ballade « Luiza » de Carlos Jobim… sont autant de petites perles ciselées et égrenées par le duo. Dans une économie de note qui souligne l’émotion de la voix, Peirani délaisse parfois l’accordéon pour le piano acoustique ou électrique. Laissez-vous enchanter, tel un enfant, par le timbre, l’ambiance et la douceur toute tranquille (« So quiet » donc) qui vous submerge dès les premières notes.

Frédéric Viale Quintet

L’envol

Diapason

Dans le même esprit, « L’envol », le nouveau projet de Frédéric Viale pousse juste un peu plus loin le curseur de la richesse sonore grâce au quintet qui l’entoure. Chloé Cailleton (voix), Julien Leprince-Caetano (piano), Natallino Neto (basse) et Zaza Desiderio (batterie) s’emploient à servir avec grâce et sobriété, les 8 compositions originales du compositeur accordéoniste Frédéric Viale.  Les thèmes empruntent des rythmiques gorgées de soleil sur lesquelles la voix de Chloé Cailleton souligne la mélodie, car c’est un album instrumental. Une délicieuse reprise du « Sud » (Nino Ferrer) est interprétée avec le talentueux guitariste brésilien Nelson Veras qui est présent sur 4 titres de l’album. Une nouvelle version de « La tendresse » de Bourvil (seule chanson du CD) achève cette douce série de plages musicales qui font la part belle aux mélodies un brin rêveuses et nonchalantes, parfois un peu plus canailles, mais toujours élégantes.

Deux belles galettes de douceur à offrir pour la fête des mamans et des papas, par exemple.

Vince