Fidel Fourneyron – Oko

5 étoiles

Fidel Fourneyron : Trombone, compositions

Thibaud Soulas : Contrebasse

Antoine Paganotti : Batterie

Décidément les trombonistes compositeurs nous gâtent ces derniers temps, après (entre autres) Daniel Zimmermann et Robinson Khoury, Fidel Fourneyron sort « Oko » un album empreint de l’héritage afro-caribéen, de ses croyances et de ses rythmes !

Fidel Fourneyron, tromboniste et compositeur, jeune quarantenaire né à Albi a suivi les cours du conservatoire de Bordeaux puis ceux du CNSMPD de Pris, il a été récompensé aux Victoires du Jazz 2019 comme « Artiste qui monte ». Il a dirigé des formations importantes du septet à la fanfare de 80 personnes, s’est entouré carrément de Vincent Peirani, Ana Carla Maza et Arnaud Dolmen (excusez du peu !) pour le quartet « Cuatro Caminos ».

Sur ce nouveau projet il choisit d’être en trio avec une rythmique éclatante :

-d’une part : Thibaud Soulas : un contrebassiste fougueux qui a vécu à Cuba et a collaboré notamment avec Rolando Luna et Harold Lopez Nussa et a traversé le jazz avec Eric Truffaz, Manu Codjia ou encore Léonardo Montana.

-d’autre part : Antoine Paganotti batteur très demandé entre autres par Pierre de Bethmann, Yoan Loutalot, Pierre Perchaud, Vincent Peirani ou Baptiste Trotignon.

Très inspiré, l’album « Oko » prend ses racines en Afrique, chez les « Yorubas » et leurs dieux (orishas) dont Oko est celui de l’abondance et de la fertilité, plusieurs autres de ce panthéon sillonnent le disque. Cette mythologie a accompagné les peuples d’Afrique déportés vers le Brésil, la Caraïbe et la Louisiane. La rythmique fait écho aux tambours des origines et le trombone aux chants des esclaves vénérant ces dieux.

Mes morceaux préférés :

« Indians » : C’est joyeux, énergique comme une parade très colorée car Fidel s’est inspiré des costumes du défilé du Mardi-Gras à la Nouvelle Orléans célébrant ainsi les ancêtres afro-américains et autochtones. La rythmique voltige, le trombone danse en liberté sur ce socle doré, la contrebasse au son bien rond de Thibaud Soulas improvise un solo profond suivi d’un jeu collectif chaudement envoyé !

« Inlé » : Mélodie simple, facile à retenir, au groove intense, les percussions d’Antoine Paganotti et les notes de Fidel nous invitent dans des contrées afro-caribéennes

« Algo Nuevo » : Mélodie en boucle façon ritournelle à la Sonny Rollins (clin d’œil de Fidel à cet habitué du trio : rythmique plus un soufflant) comme « St Thomas » par exemple, quelle liberté, quelle cohésion et quelle maîtrise ! Mention spéciale au dialogue batterie/contrebasse éclairé ensuite par le leit-motiv du trombone.

« Babalu Ayé » : Pour le dieu qui protège de la maladie et de la pauvreté, invoqué souvent au Brésil ou à Cuba, Fidel nous propose un morceau enlevé et lumineux ses volutes s’envolent sur une rythmique « caliente ».

« Iroko » : Retenons les jeux de changements de tempo, l’improvisation des 3, les cordes tendues très présentes !

« Oshalufan » : Le dieu qui veille sur les vieillards a inspiré à Fidel un morceau plein de poésie et d’émotion sur une marche lente scandée par Antoine, ponctuée de jets de trombone de Fidel et d’un beau solo de contrebasse de Thibaud, magnifique !

« Agwé » : Mélodie entêtante au trombone dès l’entame soutenue par la rythmique en boucle, cela m’évoque les pérégrinations africaines du trio Sclavis/Romano/Texier avec des échos des compositions d’Henri Texier, avec la même puissance !

« Odduduwa » : Sacré groove, très dansant, chaloupé, efficacité absolue du jeu collectif, le trombone se glisse dans les interstices en utilisant toute la tessiture de l’instrument pour un dernier morceau flamboyant !

Bref un album qui réchauffe le cœur et l’âme. Vivement les « Live » !

Chronique de Martine Omiécinski

Label Uqbar Records

https://www.facebook.com/FidelFourneyron

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