Eurydice #21

Carine Bianco : piano/machines
Nicolas Bianco : basse
Sébastien Mourant : batterie/machines/compositions
Hilda Doolitle : voix et Orchestre National de l’Opéra de Lyon


Nous connaissions Nicolas, par sa remarquable prestation au festival de « Trois-Palis » et, entre autres, sa collaboration avec l’ONOL.
Il nous présente ici le talent de son épouse au piano, qui met sa palette sonore au service des (belles) compositions de son mari. Ecrin parfaitement adapté à l’art de la dame, que l’on devine largement nourrie de musique classique, mais pas que ! Un style qui fait penser à un autre pianiste singulier : E. Iverthon, avec une finesse toute féminine et des extrapolations bien personnelles à partir de thèmes serrés, truffés d’obstinanti entêtants appuyés d’une basse électrique nerveuse, très présente, là où on aurait pu attendre (entendre) une contrebasse plus fluide… mais moins percutante ! De ce fait, la batterie, en ponctuant allègrement chaque phrases avec précision et pertinence, peut se lâcher de temps à autre et semble décaler certains rythmes en leur influant une liberté de cadre dont profite Carine pour ponctuer les morceaux de chorus, plus proches de fioritures et embellissements propres à l’improvisation que permet la musique classique que de soli de musiciens de jazz. L’épreuve de force se trouve sur la 2e plage, un hommage à J. Lennon, qui commence sur une basse rock, batterie binaire, les accords de « Imagine », avec un thème… différent, inattendu, attachant. Un peu d’écho sur le piano, venu de loin, d’ailleurs, presque faux du long chemin qui l’a conduit jusqu’à nos oreilles. Les accords on disparus, digressions autour du thème qui s’envole vers des régions oniriques, cosmiques, inconnues, si ce n’était la basse qui continue à pilonner sa ligne obsédante, secondée de battements imperturbables. Des mots, une voix qui sort du disque (?). Liberté inventive du piano toute jazzistique. Reprise des 1ers accords, moins forts, moins justes, de plus en plus loin, déjà… D’autres titres, d’autres couleurs, toujours proches du rêve, de l’irréel, de l’évaporation, si ce n’était la basse qui relie à la terre, comme le fil d’un ballon de baudruche, prêt à disparaitre dans les nuées,mais tenu par un enfant trop sérieux, le pas sûr, et qui sait où il va. Alors on le suit. Il fait parti du rêve. Nous aussi !

DIVAgations

Par Alain Flèche