Paris Rio New York

Pendant les dernières 10 semaines vous avez tous entendu parler de SHA, vous en avez même cherché désespérément, et vous en utilisez tous les jours, j’en suis sûr !
SHA, comme Solution Hydra Alcoolique !
Eh bien il est grand temps de faire tourner un peu les lettres de l’alphabet dans le « monde d’après » et de passer à EHA de toute urgence ! (Prononcez é – a, s’il vous plait).
Cela ne va pas vous désinfecter les mains mais bien vous décrasser les conduits auditifs mes amis !

Déjà le troisième album d’EHA, un collectif né dans les années 2000, sous l’impulsion du guitariste et compositeur Philippe Coignet qui a réuni dans ce projet international son fidèle compère Leandro Aconcha, pianiste et arrangeur suisse qui a joué avec Didier Lockwood et Ibrahim Maalouf, entre autres, le souffleux brésilien Cacau De Queiroz (compagnon de route Baden Powell, Tom Jobim et Vinicius de Moraes, Stan Getz…), Michel Alibo, un des plus grands bassistes de la scène jazz et world music (Sixun, Manu Dibango, Ray Lema…) et le phénoménal et toujours gamin, Damien Schmitt (Jean-Luc Ponty, Alain Caron, Bireli Lagrene…) à la batterie. Sur la base de ce quintette à la rythmique implacable, les compos de Philippe Coignet révèlent toute son inventivité et sa musicalité. Mais ce n’était là qu’une mise en bouche destinée à vous faire saliver… tout ce joli petit monde est complété par un casting international tout à fait exceptionnel. Attachez vos ceintures.

Mike Stern à la guitare, une légende du jazz rock (USA) reconnaissable au premier coup de médiator, le plus français des percus argentins Minino Garay (Dee Dee Bridgewater, Legrand, Ira Coleman, Paolo Fresu, Jacky Terrasson…), Andy Narell le maître américain des steel pans, Mario Contreras (Chili) et Juan Manuel Forero (Colombie) aux percussions, additionnent leurs talents à la solide brochette initiale. J’espère que vous n’êtes pas rassasiés, car une section de cuivres vient parachever cette prestigieuse collaboration :  le saxophoniste américain Sulaiman Hakim (Max Roach, Percy Sledge…), le tromboniste français Lionel Segui (Wynton Marsalis, David Sanborn, le sacre du tympan…) et le trompettiste brésilien Rubinho Antunes. Ce nouveau son, ce souffle dans la musique d’EHA, c’est l’occasion de donner une nouvelle couleur, un nouvel accent au projet, où le jazz et le funk fusionnent avec la world music, où les sons électriques et acoustiques se marient à merveille.

Du coup, quoi de plus naturel que de titrer ce CD « Paris Rio New York », puisque les musiciens sont, non seulement originaires de ces 3 destinations, mais qu’ils ont aussi enregistré leurs pistes séparément. Un vrai album de confinement ! Je vous le disais SHA, EHA, même combat !

Côté musique, que dire de ce joyeux melting pot ? Le jeu de Philippe fait penser à Larry Carlton, mais les influences et les comparaisons ne s’arrêtent pas là…il y a du N’guyen Le par moments. La section cuivres livre une série de pistes (« 1984 », « Missié Didier », « Plain Dance ») où l’énergie déborde du tempo, où le groove dégouline comme au temps des Tower of Power. Les morceaux plus intines (« 2 stars in my skies », « Celeste A » font la part belle à la guitare, celle de Philippe et de celle de Mike Stern y dialoguent suavement. « Toronto Layover » nous replonge à l’époque où Weather Report révolutionnait le jazz ; ici le phrasé de Jaco Pastorius dégouline délicieusement dans vos oreilles, façon Madeleine de Proust.

Ma piste préférée : « Nuits magnétiques », une ballade mi-tempo où la guitare et le sax soprano tendent les notes jusqu’à l’essoufflement.

Il ne suffit pas de réunir de grands musiciens pour faire de la bonne musique, il faut un vrai projet fédérateur, un supplément d’âme partagé et ce EHA-là en a !   

PS : Petit conseil aux mélomanes internautes : si vous cherchez EHA sur votre moteur de recherche préféré, ajoutez « Adima » (le label de production), pour ne pas risquer de vous retrouver perdu parmi les membres de « l’Entente de la Haute Alsace » ou ceux de la très sérieuse « European Hematology Association »… question musique, c’est pas ça du tout !

Kwazil – Adima Productions

Vince