ETHNIC DUO  –  Tarass Boulba

Entre les duettistes, c’est une longue, longue histoire d’amitié et de complicité musicale qui commence en 1970. Yochk’o est sur scène en big band, débarquent C.Vander et sa bande, dont Faton. Magma est en formation et squatte l’entr’acte pour se faire les dents. Notre souffleur est aspiré par la violence, la sauvagerie (le piano va voler), et surtout l’énergie et l’intelligence que dégage ce nouveau groupe. Profitant de l’un des ses nombreux ‘turn over’ , il intègre l’ensemble peu de mois après la 1ère rencontre. 2 ans plus tard, le temps de quelques disques et concerts, Faton et Yoch’o s’échappent sur la pointe des doigts pour fonder ZAO, qui connaîtra plusieurs épisodes. Au bout de 3 ans (76), Yochk’o s’en va , mais il croisera Faton bien souvent jusqu’à la création de ‘Ethnic Duo’ en 1980, année de l’enregistrement de ce superbe concert, au Mans. C’est fusionnel, plus libre qu’avec une section rythmique, ils se retrouvent à toute heure du jour, de la nuit pour jouer, discuter et partager ensemble cette passionnante expérience . Yochk’o : « …notre musique est d’essence européenne, folklorique, impressionniste aussi , voire contemporaine. Tout à tour climatique, hypnotique, chaleureuse, frénétique… intemporelle et ensorcellante. ». Que rajouter ? Interaction totale : qui accompagne qui ? quoi est écrit ? improvisé ? (trop) rapidement, chacun reprend son chemin musical, sans se perdre de vue. En 1994, ils reforment Zao, qui tournera en géométrie variable : musiciens divers, quatuor à cordes… jusqu’en 2007. Arrêt temporaire (pensent-ils), mais le contact n’est pas rompu. En 2011, ils se concertent pour re-re-monter la formation, et réfléchissent à une autre : avec C.Vander et Y.Top… et puis, voilà, le drame : Faton abandonne son piano, ses amis et famille. Il décède  un triste samedi d’automne 2011. 
Ce disque est un épatant témoignage de toutes ces années d’amitié, de complicité, de musique toujours remise en question, toujours en évolution, toujours passionnante. Faton : « … tout balayé, sans rien renier. Nous avons cassé structure, harmonie, cycles… On se dit qu’on va jouer à tel jeu, tout en ré-inventant les règles du jeu. » La musique ici résume toutes ces idées, ces péripéties, ce bonheur de jouer, cette intelligence de partage permanent, cette beauté de création instantanée ! Enfin, ce n’est pas une musique qui se raconte, c’est une musique qui se vit ! Ecoutez, respirez, aimez ! sans modération.  Il n’est besoin d’en dire plus ; découvrez vous-même ce formidable disque qui est passé à côté du temps. 

Par Alain Fleche

FATON CAHEN : Claviers  
YOCHK’O SEFFER : Saxophones et flûte

Label Acel