Congé Spatial : Étienne Manchon et Pierre Lapprand
[DÉCOUVERTE] Dans les années 90, les terres généreuses du Grand – Est ont vu la naissance de deux futurs éclaireurs du son, Pierre Lapprand à Strasbourg, puis Étienne Manchon à Nancy. Par la suite, le premier a commencé tout jeune à étudier la musique à Ugine en Savoie, et le second s’est retrouvé à Toulouse, au cœur de ses irrésistibles pulsations occitanes. Chacun a suivi des études poussées, aux cursus « grand angle », et ils se sont un jour connus au Conservatoire Supérieur de Paris, où Ils n’ont pas tardé à se trouver des affinités musicales fortes. Pierre Lapprand (saxophones, effets, compositions) et Étienne Manchon (pianos, claviers, effets, compositions) partagent leurs goûts pour le jazz et l’improvisation, le rock et ses humeurs cavaleuses, les possibilités branchées de l’électronique, la musique classique voire contemporaine, et plus si affinités ! Bref, pas question de les arrêter, ils sont mus par une irrépressible envie d’aller voir ailleurs s’ils y sont, et ils s’y trouvent bien ! C’est ainsi que leurs études terminées, la route s’est ouverte à eux, et des « gigs » de plus en plus nombreux, aux quatre coins de l’hexagone, se sont succédés, leur permettant de se faire mieux connaître, quelques fois au sein de prestigieuses formations et lors de festivals réputés. Cela a grandement nourri leur imaginative écriture, dans divers projets, parmi lesquels Chrones et Pierre & The Stompers pour Pierre, et pour Étienne, son Trio ou encore La Pieuvre Irréfutable, qui devrait d’ailleurs sortir son premier album fin 2023. Liste non exhaustive qui révèle un appétit créatif réjouissant ! On retrouve cette inspiration multi facettes dans Congé Spatial, dont nous saluons d’abord cet art de trouver un nom qui percute, comme ceux de la plupart des onze titres qui forment l’album, ce qui accentue la fraîcheur singulière de l’ensemble. Les choses démarrent en douceur avec « Solarium », qui nous enveloppe dans un micro climat onirique où un délicat fluide nordique nous entraine à voleter comme les deux petits bonhommes de la pochette, face à l’immensité d’un ciel bleu, parsemé de quiets nuages. Un capiteux parfum floydien s’en échappe, et crée ainsi un lien naturel avec la belle Albion, grâce aux très beaux « Vent sur la colline » et « Il fait mi-beau », deux pièces dont l’arrière-goût celtique laisse imaginer des chevauchées effrénées au travers de vastes espaces verdoyants. L’étonnante complicité qui unit nos compères s’épanouit aussi dans des pièces au ton plus imprévu telles que « La Boiteuse » qui valse si bien ou encore le méditatif « Chaussettes on the floor », dont la facétieuse petite vidéo, visible sur leur page facebook, est d’une bizarrerie qui rappellerait un peu celle de Blake Edwards ou des Monty Pythons ! Tous ces morceaux, habités d’un jazz riche et audacieux, sont traversés de lumineuses envolées de saxophone et de claviers, irriguées de mille et un détails sonores qui épousent à ravir les pulsations de cette musique. Alors, face à une telle densité, c’est idéal de pouvoir reprendre son souffle avec des miniatures comme le plutôt urbaino/folklo « Ram Dam », ou « La demi boiteuse » que n’aurait pas renié Nino Rota. Intermèdes souvent gorgés d’une pointe d’humour et de tendresse. Un peu plus loin, l’ambitieux « Houlà » se voit rejoint par le délicieux « S.l.r..m », minuscule pépite, dont le feeling à la Jon Garbarek est à peine caressé par une bribe de la « Lonely woman » d’Ornette Coleman. C’est impressionnant de savoir faire entrer autant de choses dans de si courts morceaux, et d’avoir su à ce point les emplir d’émotion ! Enfin, Impossible de résister au rythme irrésistible du groove ensoleillé de « Kuti » et à celui plus électro dance de « Ivre mais sincère », dont nous ne ressortons pas indemnes, surtout après avoir avalé cul sec le verre du fantôme ! Mené par deux jeunes musiciens de grand talent, à la vision spatiale, pas moins, ce disque au son très pur défile comme une urgence, un kaléidoscope multi musical, où passé, présent et futur dansent une farandole vitale ! Cet album c’est déjà une fête, alors il vous le faut, et si d’aventure vous les voyez programmés en concert près de chez vous, surtout n’hésitez pas, foncez !!
Par Dom Imonk
Fluffy Fox Records
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Congé Spatial « Chaussettes on the floor » (Live in Marciac) (2022) :
Congé Spatial – Création au Festival Toulouse les Orgues (2022) :
Congé Spatial en tournée 2023/2024 :
• 20/04 : Hot Club de Lyon (69)
• 21/04 : Librairie des Bauges, Albertville (73)
• 04/05 : Jazz à l’Ecuje, Paris (75) Finale du Prix René Urtreger
• 30/05 : Le Charlie, Paris (75)
• 31/05 : L’Envers du Bocal, Poitiers (86)
• 01/06 : Juillaguet, Angoulême (16)
• 02/06 : Le Taquin, Toulouse (31)
• 11/06 : Jazz à Barraux (38)
• 23/06 : Wolfi Jazz, Wolfisheim (67)
• 10/08 : Festival du Comminges, Cazères (31) Création Saxophone et Orgue d’Église
• Mi-septembre : Colmar Jazz Festival (68) Création Saxophone et Orgue d’Église
• 18/10 : Jazz Club Tübingen (DE)
• 21/10 : Il Salone, Darmstadt (DE)
• 24/11 : Théâtre de Cornouailles, Quimper (29) à confirmer
• 26/01/24 : Albi Jazz Festival (81) à confirmer