Coccolite – Extrasystole

Nicolas Derand, claviers, synthé
Julien Sérié, batterie, machines
Timothée Robert, basse, synthé
Guest : 
Christophe Zoogonès, flûte

 En Exorde, le clavier de Nicolas Derand apparemment sage, monacal, hypnotise l’écoute, enjôleur afin que s’y adjoigne en hiatus une voix numérique pourtant tout aussi envoûtante. Déchirant ce premier rideau, des pulsions explosent à la fois cosmiques et aquatiques, la batterie de Julien Sérié battant la chamade comme un cœur prêt à exploser, et laissent les constellations du clavier et du synthé jeter des éclairs. 

Et pour finir, pour l’instant…,électronique et instruments se marient judicieusement et nous déplacent ici dans un futur agité, assoiffé, excité, gourmand. Le tempo frénétique réclame l’énergie des musiciens comme si la course au vainqueur avait commencé. Soit l’alliance est durable, soit l’un dépassera l’autre. Le croisement obstiné des deux ambiances crée un tourbillon créatif futuriste.

Pourtant, l’intention semble être de transposer notre monde – Qu’il est agréable de croiser un chevreuil en forêt et ensuite Fait chanter la pluie où  la basse de Timothée Robert se met à friser rejointe par son synthé–  vers des sensations nouvelles, poésie du devenir, lyrisme, une fusée vers une planète rassurante où l’on pourrait rêver autrement et à nouveau.

L’Epitre de Mikail insère la  flûte de Christophe Zoogonès dans ce monde-là ; voilà l’espoir d’un son épuré, accueilli par la mixité des jets sonores lancés çà et là, swinguants autrement. On les suit comme envoûtés pour un ailleurs prometteur ?

Et ça recommence pour que cela ne prenne pas fin ! Le clavier redonne de sa voix, virulent, attaché à une mélodie impossible puisque l’électronique le submerge pas vagues successives, absorbantes, consenties. Peut-être se mêlent-ils, apaisés ?…

Je ne suis pas trop sensible, est-ce la vue d’une fragilité qui livre ainsi ses émotions, récepteurs abyssaux du monde alentour restituant la fébrilité, l’étonnement par la richesse des sons habillement tressés les uns dans les autres. Tout n’est pas si simple… Comme le vent dans tes yeux le laisse croire.

L’électronique aura peut-être le dernier mot parce que son tempo est aussi parfait, précis qu’il est métallique, mais batterie, claviers et guitare rivalisent de maestria. Qui s’en sort. Les derniers accords nous donnent-ils la réponse en guise d’Epilogue ?

Eh bien Extrasystole, dernier morceau, correspond aux variations extrêmes d’un tempo avec ses ralentis apaisants et accélérations déchaînées, les battements irréguliers d’une musique qui saisit l’arythmie comme promesse.

Anne Maurellet

La Pluie Chante

En concert au New Morning le 16 février 2024

https://www.newmorning.com/formations/3494-coccolite.html