Adrien Sanchez Trio – Titta
ADRIEN SANCHEZ : Sax Ténor
FLORENT NISSE : Contrebasse
FRED PASQUA : Batterie
Ce son de saxophone ténor vous rappelle quelque chose ? Normal ! Adrien est le cofondateur des groupes ‘Flash Pig’ et (moins connu, dommage) ‘Kepler’. Il a fait ses 1ères armes avec François Theberge, étudie à la fameuse ‘Berklee’ de Boston, puis joue avec Olivier Laisney, Pierre de Bethmann, Chris Cheek… Un son qui pourrait venir du fond des âges du jazz (Coleman Hawkins), explorateur de schémas ‘tension/détente’ dans un lyrisme sinueux (Joe Lovano) ou mystérieux chaud/froid des étendues arctiques et leurs refuges (Yan Garbarek)… un peu tout ça, selon les besoins du thème, les idées qui jaillissent, en permanence, l’air du temps… mais c’est surtout un son très personnel, caméléon peut-être, original définitivement !
Pour ce disque il s’entoure de vieux potes :
Florent Nisse de ‘Flash Pig’ qui a côtoyé les principaux artistes de la scène hexagonale (Michel Portal, Emile Parisien, Yaron Herman, Sylvain Rifflet, Pierrick Pedron, David Enhco) et internationale (Seamus Blake, Joachim Kühn, Gilad Hekselman, Aaron Goldberg, Jeff Ballard), et a enregistré son 1er disque en leader en 2014 avec Chris Cheek, Jakob Bro, Maxime Sanchez et Gautier Garrigue (on reparlera de se magnifique batteur bientôt). Il se fait une solide réputation de musicien doué d’humilité, finesse, retenue, suggestion mélodique… Pour notre ami Dom Imonk : « Son jeu est beau et profond, il a cette générosité, cette parcimonie contrôlée, cette omniprésence du son du bois, qui le placent dans l’esprit de Charlie Haden «
Et l’incontournable Fred Pasqua qui empile les participations aux projets novateurs auxquels il apporte un équilibre indispensable, avec : Walter Smith III, Ben Wendel, Yoann Loustalot, Glenn Ferris, et bien sùr : Fred Borey qui résidqui a un long moment à Bordeaux. Il a hérité de la force du grand Elvin Jones, et de la folie jubilative de Christian Vander lui permettant de faire le joint entre la pulsion ‘Fusion’ et le beat nécessaire, moins cadré et plus libre, d’une musique plus improvisée.
‘Titta’ à la délicatesse, la douce folie, la fougue, la surprise qu’apportent les enfants. Adrien l’à dédié aux 2 siens qui ont adopté ce joyeux impératif suédois : Regarde !
Disque construit comme une suite de jeux d’enfants, pas trop sages. Le temps de comprendre les règles, la raison, le but du jeu, un autre commence, sans autre lien que le plaisir de jouer ensemble, à partir d’une complicité taquine qui permet de se chahuter les uns les autres, pour de rire, de chantonner, chanter, rugir, hurler, chacun son tour, et enfin se réunir autour d’un chocolat chaud pour rire encore des blagues et des histoires qu’on vient de se raconter.
Ça démarre très fort sur un gimmick rock qui rappelle le ‘Pipeline’ d’Antoine Viard (un autre choc !), mais avec déjà des mélanges de sons, d’expressions douces, rauques, enflammées puis assagies, ça c’est pour ‘Patrick…’
Puis, une ritournelle, sourire d’enfant coquin, digne du grand Albert. Les 3 s’emploient à étirer, condenser, déchirer le thème : ‘Spits’
En douceur pour ‘Split’, les arpèges de la contrebasse qui saute des notes, manque des temps que rattrape la batterie en alerte…
‘23h23’ hommage aux amis de 11h11 en forme d’impro collective foutraque et rigolote où chacun se tire la langue.
Une chanson pour cabaret, pour caresser, séduire et partir…
Celle-ci pour faire comme les grands, sérieux mais pas trop, on fait semblant. Sauf qu’on fait pas semblant d’être bien ensemble… que ça finit par être bon !
Une reprise de chaussette qui n’aura plus jamais le même air, un trou, une envie de le remplir, avec d’autres couleurs. ‘It should have happened…’ de Paul Motian.
Une phrase qui fait sourire, qu’on se répète jusqu’à la déconstruire : ‘Manana por la manana’
Un ’Chrome’ avec de la poussière dessus, pour faire des dessins avec son doigt. Des lignes qui se croisent, qui débordent, avec des points pour relier, des gribouillis et de jolis fleurs qui montent jusqu’au ciel.
Un marin ivre éructe, titube, balbutie une chanson qu’il a oublié à force de la répéter. Une ‘Scandinavian Suite’ qui se relève du caniveau grâce à la courte échelle que lui font la section rythmique de connivence et la tendresse du sax bientôt seul à cheminer le long de la nuit.
Maintenant on va construire un château fort, avec des rois et des princesses, mais ça existe plus, ben, on va en inventer des nouveaux. ‘Futur Medieval’.
Une comptine berceuse pour calmer le jeu. Allez, ça y est, ça déborde encore. Bon, on fait un nouveau jeu, comme ça, non comme ça : Regarde. ‘Titta’.
Voilà, il se fait tard, le disque se finit. C’est l’heure, les enfants sont presque endormis. Une dernière bise, pour la route de la nuit, le temps de s’inventer de nouveaux jeux… ‘You are too beautiful’
En attendant le réveil des diablotins, on a le temps de se remettre le disque, chouette !
Un régal pour grands enfants, pour s’ébahir comme des petits aux grands yeux étonnés, les oreilles aux aguets pour ne pas en perdre une miette. Miam !
Chez : Encore Music /Believe/Absilone
Par : Alain Fleche
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