Piano variations on Jesus Christ Superstar

Est-ce une curiosité d’entendre un musicien de jazz interpréter un opéra-rock ? Mais nous étions-nous posé la question lorsque Miles Davis reprit le répertoire de « Porgy & Bess » ? Ce sont des centaines de versions de « Summertime » et autres chansonnettes que des musiciens en mal de mélodies ont fait leur, alors, quid de la relation des jazzmen avec les chansons de music-hall ? La question ne s’est jamais posé de la motivation originale d’une composition dite « populaire », ni de l’attrait que peut exercer ce genre de  « scie » auprès d’un musicien accompli ! Il suffit que l’air soit bien construit, sonne bien à l’oreille, puisse donner à l’auditeur envie de chanter, de danser, d’entrer simplement en sympathie avec le rythme ou l’harmonie générale de la pièce … et de se l’accaparer, en chantonnant ou en esquissant quelques pas… D’autant que, pour l’heure,  le rock n’a jamais été très éloigné du Jazz… dont il est issu ! La jeune oreille de Stephano a quatorze ans lorsqu’elle reçoit la version filmée de cette œuvre présentée à la télévision… prenant bien soin de ne pas réveiller ses parents, profondément catholiques, lesquels, bien entendu, fustigent, selon la doxa imposée par l’église, cette version quelque peu trop humaine de leur croyance, et de leur vision de ce soi-disant moment historique, bien que jamais confirmé scientifiquement. Mais, foin de la querelle qui souleva les esprits chagrins ou belliqueux lors de la création de ce spectacle, l’adolescent écoute. Il n’entend parler que de fraternité, d’amour et de justice… et puis c’est du rock, alors… Il en suffit bien ainsi pour impressionner le jeune Stefano qui n’oubliera jamais ce choc musical. Peu importe les convictions religieuses, ni même de connaître la version originale pour écouter, et apprécier ce qu’en fait le pianiste transalpin. A la trappe les chœurs, orchestre et guitares rock, les décors, costumes, danseurs et lumières, nous sommes en présence d’un homme, face à son  piano, avec ses souvenirs, ses désirs, ses idées et son caractère. Oublions tout de l’original, reste une histoire d’hommes mis en musique, avec des actes,  des sentiments, des émotions portés par une bande son que s’approprie totalement le pianiste. Sa maîtrise de l’art musical et sa sensibilité transforment en or tout ce qu’il approche. Ce nouvel opus ne fait pas exception. Oubliez toute référence, et écoutez. Voici un beau moment de jazz avec tout qui va bien dedans : des notes qui chantent, des accords qui swinguent, des impros qui nous élèvent au-dessus des thèmes qui tiennent la route… Tout simplement , un beau disque de bon jazz ! 

Par Alain Fleche

Chez Alobar Srlu