ISLA

[BACK TO THE ROOTS] Un disque, c’est comme un livre, la couverture est essentielle ! Simon Moullier l’a bien compris et pour son troisième album, il est l’auteur de la très belle photo qui ouvre les portes d’« Isla ». Prise à Ouessant, elle est en phase avec l’esprit de ce nouveau projet, l’ancrant à fleur de vague de la mer qui a bercé l’enfance du musicien.

D’abord, un peu d’histoire ! Il y a trois ans sortait son premier album « Spirit Song », qui suscita bien des éloges, après que le vibraphoniste ait personnellement reçu celles d’Herbie Hancock et de Quincy Jones ! Pour ce projet, il avait formé un quintet avec invités, et proposait principalement des compositions. Mais c’est en trio que parut l’année suivante « Countdown », offrant une relecture fraîche et actuelle de quelques célèbres standards. Un nouvel essai risqué mais  fort bien transformé,  jouissant là aussi d’un très bel accueil.

« Isla » est un retour aux sources de la vie de Simon Moullier, qu’il nous raconte en quartet et en revenant à la composition, à l’exception de deux reprises. Même s’il est désormais plongé dans le bouillonnement new yorkais, comme le sont ses redoutables complices, c’est tout près de celui de la mer bretonne qu’il a grandi, à laquelle « Isla » rend hommage. Pour ce nouveau voyage, il s’est donc entouré du fidèle Jongkuk Kim à la batterie, déjà présent sur ses deux précédents albums, et l’on découvre les épatants Lex Korten au piano et Alexander Claffy à la contrebasse.

Nous voici embarqués dans « Empress of the Sea », très belle pièce où des tourbillons de sons cristallins s’envolent au soleil, des embruns de beauté que figurent les myriades de notes de vibraphone, petits diamants aquatiques qui n’appartiennent qu’à Simon Moullier, lequel est remarquablement appuyé par ses acolytes. En un proche tempo, nous voici déjà rendus sur « Isla », l’île dont on sait déjà quel disque cher nous y emporterions si elle était déserte ! Deux standards sont repris dans l’album. Nous sommes d’abord saisis par l’approche touchante, un tantinet mélancolique, de « You go to my head » (Fred Coots), riche des notes aux modulations rêveuses de vibraphone, parfois en échappées sidérantes, d’un piano savant aux aguets gémellaires, le tout porté par une intrépide coque rythmique, fendue d’un superbe chorus de contrebasse. Mêmes frissons à l’écoute de « Moon mist » (Mercer Ellington), admirable balade «… entrée dans la conscience de Moullier par le biais de l’album « September Afternoon » de 1982, de Donald Byrd avec Clare Fisher & strings » ! Le vibraphoniste ajoutant s’être basé sur certaines de ses influences « …en créant du mystère dans la clarté et la mélodie ». Mission accomplie, c’est magnifique ! En un rythme plus appuyé, sur lequel volette toujours cette singulière féérie sonore, « Enchantment » décrit les humeurs changeantes de la nature, de la mer, la magie improvisée des éléments, qui sont tout autant dans nos gènes, et encore mieux perçues sur une île au destin solitaire. Régalons-nous aussi de « This dream », sorte de « new standard » en forme d’escapade moderne, au mood presque pop, ainsi que de « Phoenix eye », une très belle pièce dont l’irrésistible tempo ne nous laissera pas indemnes ! Cette vivifiante promenade s’achève sur un magnifique « Heart », composition à la fluidité lumineuse, propice à la spiritualité, dont la vision grand angle ne connait aucun obstacle. « Isla », île de l’émotion, carrefour de l’eau, du soleil et du vent, terre de racines. Album vital !     

Simon Moullier (Vibraphone, compositions)

Lex Korten (Piano)

Alexander Claffy (Contrebasse)

Jongkuk Kim (Batterie).

Par Dom Imonk

Label Simon Moullier Music

www.simonmoullier.com

Si vous souhaitez écouter et acquérir l’album, c’est par là :

https://simonmoullier.bandcamp.com/album/isla-2