Roger "Kemp" Biwandu - Rocher de Palmer - La Gazette Bleue

50 nuances de note bleue

Roger « Kemp » Biwandu

Bordeaux Quintet & invités

Rocher de Palmer – Samedi 28 janvier 2023

Voilà notre Roger Biwandu, l’enfant de Cenon, entré dans le Top 50, comprenez le club des 50 bougies.

Pour fêter ça, il s’est offert un quatrième CD enregistré avec une ribambelle de musiciens, ses fidèles compères girondins, mais aussi des pointures internationales (Birelli Lagrène, Mario Canonge, Christophe Cravero…) et même quelques membres de sa famille.

Le second cadeau, c’est le salon de musique du Rocher de Palmer, plein à craquer, sold out depuis début janvier. Pour ceux qui auraient butté sur une billetterie close, une séance de rattrapage est prévue le 21 octobre prochain au Rocher… qu’on se le dise, et vite, il n’y en aura pas pour tout le monde !

L’entrée du « Bordeaux Quintet » se fait par le fond de la salle ; le facétieux batteur emmène son élégante troupe cravatée, sur la scène. Hervé Saint-Guirons aux claviers, Jean-Christophe Jacques aux saxophones, Michkaël Chevalier à la trompette et Nolwenn Martin-Leizour à la contrebasse.

Sous les claps du public, déjà chaud, le quintet, beau comme un camion, fait tourner ce titre de bienvenue ad libitum.

Le set débute vraiment sur le tempo vif de « Tainzilla », un titre dédié à Jeff « Tain » Watts, batteur américain, mentor de Roger depuis des années. Une note bleue d’émoi.

Après quelques instants de blabla (c’est ce qui est marqué sur la set list) et de nombreux remerciements, le quintet démarre une version très singulière du célèbre « Footprints » de Wayne Shorter. C’est une pure merveille. Tout se joue sur le contretemps rythmique basse piano d’un côté et le thème susurré par le sax et la trompette de l’autre. La classe internationale ! La note bleue de 20/20.

Suivent « The walk », morceau inspiré par le pianiste Thelonious Monk aux accents de « Sidewinder » et par une belle vietnamienne qui lui est sienne… Toute une histoire !

Puis « Rara Avis », un titre original composé par le trompettiste navigateur Mika Chevalier, du nom d’un voilier… bien barré lui aussi, nous apporte une note bleue océan.

Avec « En direct du stade Tata Raphaël » (de Kinshasa), le quintet pousse la note bleue outremer, en forme de pont entre l’Afrique et les Caraïbes. Ce calypso original, enregistré sur le tout dernier album, est l’occasion pour Roger de se taper la cloche (percussion musicale en métal, en forme de coupe renversée, qu’on met en vibration en frappant sa surface extérieure, selon Larousse). Il la sort rarement dit-il ! Dommage, c’est un instrument qui émeut. (La vache, quelle bonne vanne !)

Ok, j’arrête.

En patron, Roger donne beaucoup plus que le tempo ce soir… il distribue le jeu, met en valeur et fait jouer ses partenaires pour le plaisir de tous… de celui des musiciens d’abord et de celui du public aussi. Ils s’envoient tous, tant dans la fulgurance des chorus que dans l’émotion des mélodies, sans compétition, mais en toute complicité et altruisme. Nolwenn, la patronne dixit « Kemp », distille l’harmonie avec charme et talent. Le souffle du duo JCJ et Micka et les doigts agiles du « révérend » nous régalent de surprenants breaks sexys et de phrases mélodiques de la plus belle harmonie.

Mais, ce n’était qu’un début, une délicieuse mise en bouche… voilà que les premiers invités (Régis Lahontaa, trompette et Loïc Demeersseman, sax ténor) entonnent « From Palmer » en version small band (à retrouver sur l’album « Three »). Puis suivent « No Doctor » et « Essai après une attaque en première main » avant les rappels « Human nature » et « Sunny ». Marcus Biwandu son fils, Dave Blenkhorm (guitare), Célia Marissa et Matthieu Gimenez (chant) gagnent la scène devenue trop petite, pour ce bouquet final plein d’amitié, de sourires et de reconnaissance pour Roger, batteur d’exception, ami fidèle et papa modèle.

Les couleurs se mélangent et la note bleue devient un arc en ciel, dans le gris de janvier. Blanc nacré, comme les futs de la batterie, vert comme un terrain de rugby, rouge comme un verre (et les toits) de Palmer.

Si la musique habille le temps, alors Roger Biwandu est sans aucun doute un grand couturier qui enveloppe les petits et les grands moments de sa vie d’une délicate étoffe sonore.

Pour tout cela et ce que tu nous prépares… Merci.

Line-up « Bordeaux quintet » :

Nolwenn Martin Leizour : contrebasse

Mickael Chevalier : trompette

Jean-Christophe Jacques : saxophones

Hervé Saint-Guirons : claviers

Roger Biwandu : batterie

Invités :

Marcus Biwandu (le fils) : tambourin

Freddy Biwandu (un frère) : scratch

Dave Blenkhorm : guitare

Régis Lahontaa : trompette