Miki Yamanaka – Chance

[COUP DE COEUR] Il y a à peine un an, nous découvrions l’étonnant« Shades of rainbow », cinquième album de Miki Yamanaka, pianiste japonaise basée à New York depuis plus de dix ans, qui y est très active et reconnue comme l’une de ses âmes les plus vives. Pour ce disque, qui avait reçu un excellent accueil, en particulier dans nos colonnes, elle était entourée de l’illustre Mark Turner au saxophone ténor, et des épatants Tyrone Allen à la contrebasse et son mari Jimmy MacBride à la batterie, ces deux derniers de nouveau réunis autour d’elle afin de tenter en trio cette sixième « Chance ».

Alors que les précédents projets de la pianiste portaient essentiellement sur ses propres compositions, dont l’inspiration intimiste et colorée avait séduit, le nouveau disque fait siens neuf standards, pas les plus connus pour certains, dont le trio s’empare avec originalité et une réjouissante ardeur interactive. Reprendre des thèmes écrits par les grandes figures du jazz, d’autres l’ont souvent fait, c’est à chaque fois un véritable challenge qui libère la motivation créative, mais aussi des flots d’émotions. Nous ressentons bien cela chez nos trois complices, d’autant plus que ce disque a été enregistré aux légendaires studios de Rudy Van Gelder à Englewood Cliffs, qui ont peaufiné un son d’orfèvre au jeu de ce trio en état de grâce et en a sublimé les interactions entremêlées.

Miki Yamanaka aime à décrire les thèmes choisis dans des notes intérieures concises et éclairantes, ce qu’elle fait pour « Dark Side, Light Side » qui ouvre le disque, et souvent ses spectacles nous confie-t-elle, une composition de George Cables, l’un de ses héros. Une belle énergie s’en dégage, grâce à un groupe soudé et inventif, en excellente forme, chacun ira même de son chorus. Un morceau « carte de visite », qui débute l’album comme lors d’un concert dans un club feutré de New-York.

Nous avons tout autant été captivés par d’autres reprises, parmi lesquelles le vitaminé « Trinkle Tinkle » (T.Monk) et son dynamisme oblique joueur, le bizarre et addictif « I Wish I Knew » ((H.Warren) ou encore le palpitant et assez speedé « Herzog » (B.Hutcherson) traversé de mémorables chorus, dont celui de batterie.

Mentions spéciales enfin à « Unconditionnal Love » (G.Allen), « une lettre d’amour à la merveilleuse Geri », à « Body And Soul » (J.Green), dédicace indirecte de Miki Yamanaka à Kenny Baron qu’elle admire, et à la pépite « Chance » (K.Kirkland), dont on devine l’hommage très touchant à Kenny Kirkland.

Résultat, nous écoutons en boucle « Chances », qui est un disque sensible, profond et délicieusement amoureux du jazz et de ses grandes figures. Alors tentez votre chance et découvrez-le, vous non plus ne résisterez pas à son charme !   

Par Dom Imonk

Cellar Music

https://www.mikiyamanaka.com/

https://mikiyamanaka.bandcamp.com/album/chance