Le Festival, qui fête ses 25 ans, est accueilli, pour la troisième année, dans les locaux de la Sirène, Scène Nationale Espaces Musiques Actuelles. Pour mettre rapidement le public dans l’ambiance des clubs de jazz, une très belle exposition de photos, signées Patrick Pouhaër retrace le parcours de ce fan photographe,40 clichés pour autant de légendes du jazz.
Cette année ‘’ Jazz éclectique et groove électrique ‘’ au programme.
La tradition est respectée avec la programmation d’une scène offerte dans le cadre du jazz Club, scène dans une ambiance chaleureuse qui précédera toutes les soirées et donnent l’occasion d’accueillir des artistes en développement.
Mardi 11 octobre
Lada Obradovic et David Tixier
C’est sous l’appellation ‘’ Soirée d’ouverture ‘’ avec le duo Lada Obradovic et David Tixier que s’ouvre le bal des musiciens. Leurs titres commencent souvent au piano par une ritournelle, presque enfantine, avant de se développer soit vers une sage adolescence ou une tumultueuse confrontation avec le réel mais sans débordement qui pourrait demander de l’aide, tout est maitrisé. Globalement David Tixier amorce avec des phrases musicales souples qui se développent avant de finir en presque transe, montée en puissance…
Seule aux manettes d’une vertigineuse foulée poussée par les ventes d’ouest, nous sommes sur la côte atlantique priorité aux éléments naturels, Lada Obradovic manie ses percussions avec efficacité et dextérité.
Tiens sont-ce les intempéries portées par les percussions qui poussent le piano à une telle réaction, ou les modulations des claviers de David Tixier qui entrainent la batterie à réagir pour ne pas dire décoller.
Ils ont développé une composition sur la base d’enregistrements vocaux de leaders internationaux au début de la crise COVID. En français par le président Macron, « Nous sommes en guerre » et le même thème dans plusieurs langues.
Ils évoquent le récent tremblement de terre à Zagreb, épisode qui avait peu marqué, regrettent-ils, les esprits européens occupés par la Covid.
Le concert fini sur une « Pièce of Yesterday » titre de leur dernier opus.
En quelques mots, voici un duo qui évolue avec une aisance féline au milieu des instruments pluriels qu’ils repartissent et maitrisent avec classe.
Gogo Penguin
GoGo Penguin, qui est salué dans le monde entier comme un groupe électrisant aux rythmes entrainants, commence leur concert par un titre joué à l’archer par le contrebassiste. Cette soirée est l’occasion pour le public de découvrir la présence du Jon Scott, nouveau batteur du groupe.
Fidèle à son identité le collectif continu à associer les musiques électroniques, de clubs, de jazz et de rock.
Le pianiste Chris Illingworth joue des phrases mélodiques qui tournent en boucle, des ‘’Turn around’’ hypnotiques et entrainants soutenus par la section rythmique.
Concert accueilli très chaleureusement par le public rochelais.
Mercredi 12 octobre
Christian Escoudé
Sur la grande scène le guitariste Christian Escoudé présente son Unit 5 « Ancrage », un nouveau répertoire complétement original. A cette occasion la couleur musicale s’inscrit dans un jazz mélodico- harmonique illustré par un hommage au saxophoniste Paul Desmond, qui fut un des principaux maitres du guitariste, et par une suite en plusieurs mouvements faisant référence à ses origines charentaises.
Ludivine Issambourg à la flûte, Sophie Alour aux saxophone ténor et à la flûte, Antoine Hervier à la présence très remarquée à l’orgue et Simon Goubert à la batterie.
Thomas Mayeras en trio.
Le mercredi 12 octobre est la soirée anniversaire, les 25 ans du festival, elle est dédiée aux musiciens de la région Nouvelle Aquitaine. Et quoi que de plus légitime que d’inviter un pianiste rochelais pour débuter la soirée.
Thomas Mayeras, en trio, Germain Cornet à la batterie et Anthony Muccio à la contrebasse, ouvrent le bal à l’occasion du Jazz Club par des standards bien menés.
Premier titre « Tenderly » qui est le titre de son deuxième opus. Le pianiste Thomas Mayeras captive par sa musicalité et la richesse de son univers mélodique. Entre autres titres ils interprètent « Lolo’s » en hommage au batteur de Claude Nougaro, composition du batteur Germain Cornet. Tout au long de leur prestation le trio va nous livrer un paysage musical qui interpelle par leur goût et confirme leur maîtrise et la conception de l’art du trio.
Géraldine Laurent « Cooking »
La soirée « Jazz Nouvelle Aquitaine » se termine avec la saxophoniste Géraldine Laurent qui vint présenter son projet ‘’ Cooking’’.
Et ‘’Cooking’’ parce qu’en musique comme en cuisine, c’est une affaire d’équipe que de doser chaque ingrédient pour la perfection ô combien éphémère du résultat final.
Et pour l’équipe nous avons droit à la fine fleur actuelle avec Pierre de Bethmann au piano toujours aussi brillant et aussi fluide dans ses improvisations, une section rythmique de haut vol avec Yoni Zelnik à la contrebasse et Donald Kontamanou que l’on ne présente plus.
Compositions précieuses et délicates, des mets partagés avec le public.
C’est de l’énergie à revendre et surtout qu’elle partage de bon cœur avec ses coéquipiers de scène.
Jeudi 13 octobre
Drapagoa
Soirée dédiée au piano avec « Around Piano » en hommage à Alain Le Meur fondateur du festival. Elle débute au Jazz Club avec le quartet Drapagoa.
Dans le groupe Drapagoa, cofondé par le guitariste Thomas Gaucher, les musiciens Olério Paladini à la batterie, Clément Dal Dosso à la contrebasse et Livi Harvey au piano sont également compositeurs et contribuent au répertoire. Ce quartet donne à écouter un jazz qui plonge les auditeurs dans la surprise et la découverte de nouveaux horizons. Pour un public enchanté 4 jeunes musiciens pleins d’énergie. Un clin d’œil à la musique d’Argentine avec un Milonga, musique proche du tango, en hommage à un ami du guitariste. De toutes parts une musique lumineuse et joyeuse.
Marc O Poingt
La soirée dédiée au piano avec « Around Piano » en hommage à Alain Le Meur, fondateur du festival, se poursuit sur la grande scène avec le trio du pianiste Marc O Poingt.
Il faut avouer qu’il est déjà un artiste au talent reconnu tant en jazz qu’en musique classique.
Il est le vainqueur du tremplin Jazz Connexion 2021 qui est à la recherche des stars de demain, des artistes porteurs d’émotions, d’énergie et de générosité. Pour rappel le tremplin Jazz Connexion est un partenariat entre Cristal Production, le Festival Jazz au Phare et Le La Rochelle Jazz Festival.
Yaron Herman
Alchimie particulière à chaque concert il a besoin de ressentir le public avant de prendre la parole pour présenter les titres interprétés. Comme il l’évoque après quelques minutes de jeu, il n’a aucun scénario préconçu, il va au bout d’une forme de lâcher-prise, être tout entier à l‘écoute de ce que la musique a à lui dire, ouvrir des portes vers des espaces qui lui sont encore inconnus. Improviser c’est composer en temps réel. Il insiste sur le fait que chaque improvisation est singulière et aucune ne ressemblera à une autre en fonction de ressentis du moment.
À suivre…
Texte : Patrick Beyne, photos Philippe Blachier