On both sides of the Atlantic !

❤️ [COUP DE COEUR] Quand on aime le jazz, il y a plusieurs façons de se trouver simultanément des deux côtés de l’Atlantique, grâce aux moyens modernes comme les réseaux sociaux, les vidéos etc… L’avion, c’est bien aussi, Paris New-York en à peine sept heures, ça fait réfléchir, le prix, la trace carbone, tout ça… Mais il y a tant d‘expériences à y vivre, et bien souvent, accomplir ce vieux rêve laisse d’inoubliables souvenirs. Si en revanche l’on vous propose un disque qui vous offre un tel voyage, en une heure d’émotions garanties, là vous ne devez plus hésiter ! Tel est le cas de « On both sides of the Atlantic ! », nouvel album de Jon Boutellier (saxophoniste ténor, compositeur et arrangeur), paru sur Gaya Music Production, tout comme son précédent et très apprécié « Watt’s ». Notre homme a eu nous dit-on une enfance bercée par le jazz, les festivals, la discothèque et les rencontres parentales avec le gotha du jazz, ce qui est déjà très bien, mais ne fait pas tout. Il  devait avoir un don particulier, pour parvenir si jeune, à peine plus de 30 ans, à un tel accomplissement musical. Des rencontres déterminantes, on l’a évoqué, mais aussi de brillantes études, qui lui ont permis de côtoyer de jeunes musiciens de sa génération, et de bâtir plus tard des projets communs tel  The Amazing Keystone Big Band, dont il est co-fondateur avec Fred Nardin, Bastien Ballaz et David Enhco, et qui compte une belle brochette d’albums à son actif. Mais ses diverses participations ne s’arrêtent pas là. Si la nouvelle formation qu’il a réunie est plus restreinte en nombre qu’un big band, on s’aperçoit très vite de ses possibilités, dès les premières notes du « Black » de Cedar Walton.  S’entourer d’Alexander Claffy (contrebasse) et de Kyle Poole (batterie), deux jeunes et redoutables pointures new-yorkaises, apporte d’entrée une énergie et une structure rythmique imparables, dont l’agilité propulse sans peine le disque, d’autant qu’en invités de haut vol  se joignent à la fête le légendaire et toujours aussi fringant et précis Kirk Lightsey, au piano sur trois titres, ainsi que le trompettiste Jean-Paul Estievenart, dont les fulgurances illuminent six titres, et duquel on rappellera l’excellent « Strange Bird » qui vient tout juste de paraître en quintet. Le jeu de saxophone du leader est quant à lui d’une grande éloquence, ample et chaleureux,  et tant soit peu coltranien, voire hendersonien, selon les titres, qu’il sert à merveille.  Hormis « Quiet Sides » élégant thème de sa plume, neuf standards nous sont proposés, et, chose appréciable, ils ne sont pas forcément très connus, ce qui promet de belles découvertes, en particulier le très beau « Save that time » (Russ Long) chanté avec douceur et tact par Célia Kaméni. On se régale aussi d’autres belles reprises telles que « Blue Rose » (Duke Ellington), « 1974 Blues » (Eddie Harris) ou encore « Blues on the corner » (McCoy Tyner). Le son signé Julien Bassères et les arrangements sont magnifiques et permettent à la musique de sonner très « actuel », comme si l’ensemble de ces thèmes avaient été écrits la veille. Mentions spéciales enfin à la pochette dont la couleur « vintage » sixties la rend irrésistible, ainsi qu’au très instructif livret dont les notes approfondies du Dr. Hiba S. Abib , décrivent en détail la genèse des morceaux. Un pont entre New-York et Paris, vous n’osiez en rêver ? Et bien pourtant le voici, à parcourir sans limite, dans les deux sens !

Par Dom Imonk

Gaya Music Production/L’Autre distribution