Jean Vernhères quartet – Héritage Mélodies – maison Meukow – Cognac – 27 janvier 2024

Jean Vernhères, saxophones

Pierre Bauzerand, Piano 

Laurent Vanhée, contrebasse

Guillermo Roatta, batterie

Dans l’écrin choisi pour exhaler les parfums des nectars cognaçais dont ceux de la musique, la maison Meukow accueille ce soir Jean Vernhères quartet. 

Les premiers sons soyeux du sax ténor de Jean Vernhères ne cachent pas le rideau de pluie délicat du piano de Pierre Bauzerand. Un swing langoureux déroule ses courbes dans Haumea city. La batterie stylisée de Guillermo Roatta joue tout en pointillé, à pas menus, retenant l’essentiel pour que le tempo rebondisse à point nommé.  Puis, les éclats de ses cymbales juste agacées mènent en fait la danse de Ballerine Valentine pendant que le sax soprano langoureux laisse couler sa sève savoureuse. 

La contrebasse de Laurent Vanhée, grave, sobre, au son épuré annonce l’hommage à Coltrane quand My Favorite things s’immisce dans ce 48 61 –deux années précieuses- son esprit hantant le morceau, âme profonde restituée ici illuminée par le piano gourmand, fertile, et toujours royalement relevée par la batterie. Le sax ténor les rejoint pour partager les accents valsants du maître. 

S’ensuit une mélodie amoureuse au piano toujours élégant pour entamer le morceau Marion,  swing toujours d’actualité en matière d’amour. Le sax livre toute sa tendresse avec un son net, frôlant toujours le chorus, à charge à chaque musicien de restituer les douceurs, les charmants contours de cette déclaration musicale. Les arpèges au piano traduisent alors la large palette des émotions.

Guillermo lance quelques mots -paroles revendiquant la résistance – mais comme on jetterait un sort afin d’éclairer les volontés ET le lieu.  Sa joie contaminante cuivre le morceau Ambre et mélodie. Ce poète secoue l’espace avec ses balais au son d’hirondelles… comme la musique traverse parfois l’atmosphère et nous ouvre un chemin de liberté : sax, contrebasse et piano lui emboîtent le pas. C’est une traversée commune d’un quartet aux lumières chatoyantes et chaudes.

Par Anne Maurellet, photo Michel Versepuy