François Carrier, Rafal Mazurl, Michel Lambert byFrancoisCarrier

Artiste trop peu connu en France, c’est pourtant un saxophoniste (alto et soprano) hors pair qui n’a rien à envier (sinon la notoriété, mais court-il après ?) à ses pairs ! il est grand temps de le découvrir !
Né au Québec, sensibilisé par son frère trompettiste, il découvre le sax alto en 1968. Il va écouter Phil Woods, Charlie Parker, Miles Davis et John Coltrane, Charles Mingus… Vite lassé de la musique écrite, il va rapidement s’intéresser à des formes plus libres : Free jazz, musique improvisée et autres expériences instantanées…

Peu connu ici, pourtant : 35 disques au compteur avec entre autres : Paul Bley, Gary Peacock, Bobo Stenson, Dewey Redman… puis ce sera avec le batteur Michel Lambert qu’il réalisera la plupart de ses albums. Pourtant il reçoit des prix de partout, est cité dans le prestigieux palmarès des meilleurs altistes de “Jazz Down Beat” 2013. Pourtant il fait une résidence de 6 mois à Rome en 2002, à Londres en 2011, tourne partout dans le monde : Saint-Pétersbourg, Roumanie, Katmandu, quelques tournées en Europe et de temps en temps en France (Paris, Vienne…)
Musique qui peut se révéler ardue, mais interprétée avec joie, vivacité et bonheur de jouer qui le rendent assez accessible à toute oreille grande ouverte. Son discours verbal est en parfaite adéquation avec son discours musical. Il se refuse à entrer dans une économie de marché (travail, famille, confort) et choisit de jouer Vrai, avec une grande part d’intuition (mot souvent cité, et sentiment évident dans son jeu). Mot essentiel aujourd’hui pour qui veut sortir de l’intellectualisme forcené, de la raison formatée et des codes imposés qui ont dogmatisé toute forme d’art depuis la Renaissance et l’ère des lumières, arts qui n’ont pu évoluer cependant, que grâce à quelques génies curieux de ce qu’il se passe derrière le miroir, qui ne peut que renvoyer l’image de ce que l’on place devant ! François Carrier en est un (curieux et génial). Il ne désire que célébrer la vie sans concession ni compromis. Pour lui, la mémoire, le savoir, le mental et le connu sont superfétatoires à côté de l’émotion, le présent, l’intuition et l’écoute.
Il parle aussi souvent d’Art Sacré (fut-il laïc, surtout : sans référence religieuse dont les dogmes ont éteint toute spiritualité). Sacré = séparé. Séparé de ce que l’on en attend, séparé du commun, du quotidien, de l’habituel, et du mental, de l’égo (isme et tique). La Création se doit d’être introspective, être un don du corps et de l’âme. Le sacré permet à une œuvre authentique de devenir immortelle et intemporelle, en ce qu’elle ne peut subir l’entropie inhérente à la matière commune.
Et puis l’écoute : attentif au son, à l’émotion du voisin, et de proche en proche, voyager jusqu’au fin fond de l’Univers pour assister et entendre la musique permanente du renouveau éternel des particules sans cesse en mouvement… dans le présent infini.
La spontanéité. C’est le présent permanent. Le connu appartient au passé, la construction (d’un chorus par ex.) est un pari sur un futur hypothétique. Un morceau de musique : c’est une partie du tout. Pas besoin de début ni de fin (comme un film, genre “Road movie”), il suffit d’être dedans, de le vivre, avec. Il suffit de vouloir juste passer et partager “un bon moment”, sans repères, sans limites de temps ou d’espace, juste laisser “the good time roll”. Mais alors, peut-on enregistrer la/cette musique instantanée, qui ne vaut que part sa spontanéité ? Oui, car elle n’existe que par l’écoute et l’échange, elle n’est jamais finie et donc la musique se réinvente à chaque écoute !


En avril le magazine JazzTokio demande à François Carrier d’écrire un cours article pour commémorer la vie de Lee Konitz? Il nous l’a confié : 

Full potential

La probabilité de vie dans notre vaste univers est infime, quand on y réfléchit. Pourtant, nous sommes tous bien vivants, ici et maintenant. Nous naissons tous dotés de certaines facultés. D’autres parleraient de talent. Rares sont ceux d’entre nous qui prennent précocement conscience de l’intégralité de leur potentiel. Pour ma part, bien qu’ayant toujours été très intuitif, je n’ai commencé à exploiter ce que je savais faire qu’à l’approche de la trentaine. C’est à ce stade de ma vie que trois choses se sont imposées à moi : la beauté, les habitudes et bien sûr, la musique. La musique est en moi depuis toujours.
Vers 1975, j’ai découvert le jazz. Au départ, jouant du saxophone alto, j’étais influencé par Phil Woods et Jackie McLean. J’écoutais du jazz jour et nuit, à l’époque principalement du be-bop. Au bout d’un an, chez un disquaire du coin, j’ai entendu pour la première fois Lee Konitz. Intrigué par l’album Lone Lee, inhabituel puisque en solo intégral, j’ai voulu savoir à quoi ressemblaient le son et la musique de cet altiste que je ne connaissais pas. A vrai dire, sur le moment je n’ai rien compris. Il avait un son unique, tellement différent. Ce sont précisément ces deux caractéristiques que je n’arrivais pas à saisir pleinement à l’époque : son unicité, sa différence.

Le monde qui nous entoure est chaotique. La vie y est difficile pour toutes les espèces. Cela a toujours été et il en sera toujours ainsi. La plupart d’entre nous considère ses congénères avec suspicion, la peur et l’ignorance conditionnent nos relations à l’autre alors que nous pourrions être ouverts et réceptifs. Quand on rencontre quelque chose d’unique et de différent, on se dit « C’est bizarre, ça fait peur… ». La couleur de peau, les religions, les frontières, les cultures, etc. tout devient prétexte à rejeter l’aberration, à la proscrire absolument. Nous sommes conditionnés ainsi. Nos parents, nos écoles, nos gouvernements, même nos amis les plus proches ont des idées arrêtées sur tout. Alors comment peut-on vivre une vie de liberté et d’ouverture dans ce monde dément ? En observant l’œuvre d’artistes, on peut dire s’ils possèdent cette liberté ou pas. Lee Konitz, lui, l’avait. Avec le temps, je me suis rendu compte de la beauté de son jeu et de sa musique empreinte de tant d’imagination et de grâce.

Je n’ai rencontré Lee Konitz qu’une seule fois. C’était juste avant son concert du 3 juillet 2003 au Festival de Jazz de Montréal. Le 29 juin, l’occasion s’était présentée pour moi d’enregistrer en studio avec le batteur Michel Lambert, le contrebassiste Gary Peacock et le pianiste Paul Bley. Nous étions également programmés en soirée du Montreal Jazz Festival le 30 juin dans cette formation. Pour Michel et moi, ces deux dates représentent des moments musicaux mémorables. A l’issue de notre concert Paul me demanda si cela nous dirait de faire la connaissance de Lee Konitz avant qu’eux-mêmes ne se produisent au Monument National à Montréal. Naturellement, j’acceptai immédiatement cette invitation. Trois jours plus tard, c’est tout joyeux et avec entrain que Michel et moi nous rendîmes dans les coulisses où nous attendait Paul. Il nous présenta brièvement à Lee et insista pour que j’offre à Lee mon dernier album, Compassion, pour lequel j’ai une affection particulière. J’ai donc remis le CD à Lee. Nous avons parlé deux-trois minutes et c’est alors qu’il m’a tourné le dos et mis le CD à la poubelle. Je ne l’ai pas vu faire, j’ai simplement remarqué le CD jeté alors qu’il était sur scène pour son premier duo avec le pianiste Jason Moran. En me rendant dans la salle de concert j’ai vu le CD mêlé aux ordures. Voici ce que je veux vous dire. Pendant quelques secondes, j’ai trouvé très bizarre qu’un personnage tel que Lee Konitz, légende du jazz, fasse une chose pareille. Mais dans les secondes qui suivirent, je décidai d’en rire. C’est après que j’ai compris. Pourquoi l’avait-il fait ? Il n’y avait pas de pourquoi. Il l’avait fait, un point c’est tout. Je lui suis reconnaissant de cette expérience aussi brève qu’instructive sur le personnage, l’artiste.

Dès lors, je me suis progressivement plongé dans sa musique.

J’éprouve un immense respect pour des artistes qui parviennent à être eux-mêmes, sans souci du qu’en dira-t-on. Lee Konitz, Steve Lacy, Jackie McLean, John Coltrane, Tony Williams, Monk et tous les autres, je ne vous regretterai jamais car votre musique vous rend vivants pour l’éternité.

François Carrier
Montréal, 29 avril 2020
 
P.S.: Le comportement humain doit se modifier. La physique quantique, entre autres choses, reconnaît qu’avoir conscience de ce qu’il se passe détermine notre expérience de la vie.


Mettre un disque de François Carrier sur la platine, c’est comme d’aller rendre visite à un ami.
Écouter sa musique, c’est prendre part à un discours, qui en devient, ipso facto, un échange. La musique est faite pour être écoutée, CQFD, mieux : la musique jouée est modifiable par (la présence, ou le rôle) des auditeurs. Encore plus fort : à l’instar de la physique quantique, la musique enregistrée est interdépendante de chaque écoute postérieure ! Donc, chaque écoute est différente, pour différents individus bien sûr, mais aussi pour le même qui n’écoutera pas le disque à la même heure, dans les mêmes situations ou dispositions, ou lieu, seul ou à plusieurs… Ce sera une expérience différente à chaque fois, jusqu’à, oui, modifier concrètement l’enregistrement original qui exprimera d’autres nuances selon chaque cas de figure. Alors, quid d’une chronique qui sera différente d’un auteur à l’autre, certes, mais aussi de l’instant et des conditions d’écoute aléatoires d’un même ? Magie et dilemme de l’écriture qui se veut de transmettre une émotion, un sentiment, une impression… Reste la volonté d’inciter le lecteur à devenir auditeur, par complicité, connivence, empathie…

Alors, écoutez

François Carrier : Sax alto, hautbois chinois
Michel Lambert : Batteri
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Enregistré Live à Londres en 2015, c’est une discussion entre 2 potes qui se pratique (nt) depuis une vingtaine d’années. La fougue intarissable de l’altiste ne peut que faire penser au jeu de Coltrane, dont M. Davis lui reprochait d’avoir tant de difficultés à terminer ses solos ; la réponse étant : “Tant de choses à dire”… Assurément, François Carrier est de la même veine : les idées se suivent, se chevauchent, dévient, bifurquent vers un autre sujet, reviennent… Juste quelques moments de répit pour écouter la réponse des drums… qui ne sont pas en reste d’inspiration non plus. Ce diable de Michel Lambert est partout. Des peaux et des bronzes, ça chante, ça bouscule, ça tonne, et puis ça se calme, un peu, le temps de laisser le sax aborder une autre voie, et l’ouragan reprend de plus belle. Effectivement : peu de place au silence ici. Tout ceci n’empêche nullement l’émotion d’habiter chaque note soufflée ou frappée. Une émotion qui nous est transmise avec force (non De force) et vigueur, sans agressivité pour autant, ni bavardage inutile, c’est juste de la joie, du bonheur d’être tous ensemble : de l’Amour, pour tous. Cela en deviendrait presque une religion : de l’Amour pour réunir tous les hommes ! Sauf, ici, pas de dogme ni d’obligation, même pas besoin d’y croire, l’évidence du discours est présente ! Par une imagination si fertile que, même si les suraigus sont de temps à autre sollicités, c’est sur toute la tessiture de l’instrument que François Carrier s’exprime, avec un sens de la mélodie permanent, largement appuyé par les rythmes choisis et adéquats de la batterie qui chante elle aussi, que l’on se prendrait à s’imaginer des chansons inconnues afin de compléter une proposition, une suite de notes qui nous rappellent que l’auteur et l’auditeur vivent et respirent ensemble. Peut-être pensez-vous que le hautbois est un instrument doux, fragile, un peu suranné ? Alors, vous allez changer d’avis ! Là : l’énergie nerveuse et primesautière, inventive et incisive est la même sur les 2 vents. Un son différent, certes, mais c’est bien le même esprit qui joue, souffle et nous ravi. Un changement de couleur sur une palette déjà bien riche de sons et de sens. On rit, on sourit, on est en joie de rentrer dans la complicité des 2 compères qui ont tant à se dire que le silence n’est qu’une courte respiration. Alors, “out of silence”, c’est le bruit ? Non, c’est le son, c’est la musique, c’est la communication. Et chacun a son mot à dire. Et c’est beau.

Chez FMR


François Carrier : Sax Alto, hautbois chinois
Michel Lambert : Batterie
Alexey Lapin : Piano

Un des 7 concerts qu’a donné ce trio à Moscou-Saint Petersbourg en 2014. Un ancien comparse de François Carrier se joint à la discussion. On parle bien le même langage, sur le même sujet (musique totalement improvisée), mais avec une autre couleur…
De l’adjonction d’un instrument mélodique, le jeu général est plus lyrique, posé. On y retrouve autant de concentration dans le choix des propositions partagées, autant de plaisir à discuter de l’air du temps et à explorer l’espace qui semble n’avoir aucune limite pour ces défricheurs de terrains inconnus et inventeurs d’histoires qui font rêver. Le piano s’entend aussi bien avec l’un et l’autre : tantôt soutient, appuyé, justifie le battement du cœur du rythme de la batterie, souvent utilisée (entendue) comme des percussions : coups de bûcheron, caresses amoureuses, tonnerre d’orage, nuages qui s’effiloche dans les nuées sereines… Mr Lapin est là. Il est aussi là pour initier ou suivre un bout de phrase lâchée par un saxophone bien contemplatif sur cet opus, il marche sur les notes qu’il croise, à portée d’idée, et en profite pour s’élever au-dessus de ce que l’on croyait avoir déjà entendu de cet artiste sans limites.
Ce sont 3 architectes de sons spontanés qui nous embarquent dans leur complicité de joyeux lurons. Car, ici, la joie est permanente. Une joie méditative, tout intérieure. Le concept de “sacré” prend tout son sens. Nous ne sommes plus sur terre, emplie d’habitudes, de certitudes, de réflexes et de formatages. Il nous faut tout oublier, tout lâcher pour suivre le chemin qu’inventent ces ciseleurs de notes, de temps, et d’espace. Voir enfin, s’apercevoir que l’intérieur est plus grand, plus riche que l’extérieur. On y trouve de même des fleurs, des cours d’eau, des montagnes et des vallées, des planètes et des lumières… mais sans contingences physiques, tout se mêle et s’organise différemment. Un tableau abstrait composé d’objets usuels… qui ont une âme. On devine déjà que notre perception dont de tout ce qui fait notre quotidien va en être modifiée, car leurs limites seront plus floues, comme dans cette musique : tout devient interactif, interdépendant. “Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut”, et qui se passe sur scène (à travers les HP’s) est comme ce que nous vivons, ouvrons les oreilles pour mieux voir, et le cœur pour mieux vivre !

Chez FMR



François Carrier : Sax Alto
Rafal Mazur : Guitare basse
Michel Lambert : Batterie

Enregistré en mai 2016 à Timisoara, Roumanie. Où notre duo de choc s’adjoint un bassiste polonais… qui n’est pas là pour s’en faire montrer ! Dès le début du premier titre de ce concert de musique improvisée, les brefs préliminaires échafaudés, c’est une avalanche de notes graves et grasses qui nous dégringole dans les oreilles. Avec un gros son qui envahit l’espace, un jeu dithyrambique qui semble ne jamais vouloir s’apaiser (on peut le rapprocher de la présence qu’impose Bill Laswell, pour la forme, l’esprit en est autre…), le bassiste prend allègrement sa place dans le duo que l’on pensait connaitre, mais placé dans une perspective différente sur cet opus qui permet de les entendre différemment. La basse serait ici comme l’espace entre les doigts de Dieu et sa Créature in “La Création” de Michel-Ange, un genre de silence tonitruant, de trait d’union gras qui distingue et relie les 2 autres éléments de ce trio qui en profitent pour explorer des voies où ils ne nous avaient encore guère emmenés. Le jeu nerveux et serré de Mazur oblige le sax à une attention extrême afin de trouver (et garder) sa place légitime de tiers de trio, de même pour la batterie, enregistrée plus faiblement (en décibels) que ce que l’on en connaissait, pour l’occasion. Ce qui n’empêche nullement nos 2 compères de poursuivre leur discutions habituelle, folle, forte en complicité, intuition et inventivité, mais en comptant sur le bavardage impressionnant et passionnant de cet invité de marque qui a vite pris les siennes. Rassurons-nous, le polonais n’est pas un farouche envahisseur, et il arrive qu’il reprenne son souffle, et se calme de temps à autre. Non qu’il ait besoin de temps à chercher d’autres thèmes à exposer, tant sa voix semble naturellement foisonnante, plutôt en respect de l’espace nécessaire aux 2 autres à s’exprimer librement. C’est dans cet esprit que la basse fait souvent office de tempura indien, sur un obstinento nuancé que l’on peut oublier, le temps de quelques roulements soutenus et de sax qui, lors, se fait plus pensif, lyrique. Quelques formes de duo sax-basse que colore la batterie à coup de pinceaux sur sa palette métallique. Ne nous y trompons pas, il ne s’agit pas de compétition, à qui jouera le plus, ou le plus fort, non, comme dans toutes les séances où se trouve François, c’est d’harmonie que l’on parle. L’émotion, l’imagination et l’intuition restent définitivement les clés de réalisation, et d’écoute, de la musique, de cette musique qui nous soulève de terre, nous élève vers des sphères où les mots, les notes n’ont que l’importance que l’on veut leur donner. Reste ce que l’on nous donne ici : le sens, le fond, le sentiment, l’Esprit !

Vous avez dit Musique Spirituelle ? Oui !

Chez : FMR


François Carrier : Sax alto
Alexander Hawkins : Piano
John Edwards : Contrebasse
Michel Lambert : Batterie

Concert enregistré à Londres en juin 2017. 2 cd’s, 4 titres, plus d’une heure et demie de pur bonheur !
Tout est bon, rien à jeter, sans redondance ni redite, 4 morceaux bien distincts. 4 sujets de discussion à 4, où chacun a son mot à dire avec ses propres idées, ses points de vue particuliers, avec fougue et enthousiasme, ou bien lyrisme et rêverie, et toujours en parfaite cohésion d’écoute et de réponse. Plus que jamais, on sent l’âme du grand Coltrane habiter l’événement. Effet de quartet ?
Le piano qui suit, accompagne ou devance l’alto, avec une sensibilité évoquant une certaine Alice, douce ou furieuse selon la nécessité, des notes joliment égrainées ou des blockchords assénés qui s’enchaînent, se bousculent, éclatent comme des bouquets de feu d’artifice. La contrebasse, cordes pincées, frappées ou caressées à l’archet, qui ne perd pas une miette de ce qui se passe, se dit, appuyant une proposition judicieuse, anticipant (provoquant ?) une nouvelle direction logique de cette conversation à bâtons rompus, et âmes repues. Et la batterie de ce bon vieux Michel Lambert, complice du saxophoniste dans leur accueil des 2 invités de marque, à l’affût d’un contretemps à souligner, d’un silence à cerner, d’une fulgurance à prolonger, d’une hésitation à conjurer, ou à approuver lorsqu’elle aborde l’orée d’un domaine inconnu…
Effet d’un désir (besoin ?) de spiritualité à partager, voir à imposer comme évidence de voie à suivre, de sens à donner et à prendre, de réalisation personnelle à transmettre… Chaque note élève la précédente et la révèle. En crescendo, portant l’esprit de tous vers des altitudes insoupçonnées, ou decrescendo pour une introspection, une mise en lumière des ténèbres en attente de révélation… Du chaos naît l’ordre, du magma de sons bouillonnants, apparaissent unissons, mélodies, vertus. Discussion entre amis, on parle du Beau, du Bon, du Juste, et tout est dit, reste à broder, à préciser-confirmer, et montrer que le meilleur moyen de communiquer est de rester dans l’Amour, de l’autre, de soi, dans l’éternel instant, ici et maintenant, et pour toujours. 4 musiciens, 4 plages, 4 disques ; tout ça pour retrouver la pureté de l’unité primordiale, celle d’avant la multiplicité dualiste. Résolution de la dichotomie des contraires, juste milieu du pavé mosaïque, parfait équilibre entre le corps et l’esprit. Un grand bonheur joyeux.

Chez : FMR

Merci les amis !

François Carrier songe à venir jouer à Paris cet automne… (Peut-être en 2021)
On surveille les dates !