Mani’fiesta

Dans cet album, tout est fait pour vous laisser croire que vous allez écouter un disque de flamenco, produit par un pur musicien andalou. Soit !

Alors, lisez plutôt.

En fait d’El Mati, il s’agit de Mathias Berchadsky (pas très Espagnol à première vue !), l’un des rares guitaristes de flamenco en France.

Son itinéraire, guitare en bandoulière, lui a d’abord fait croiser des jazzeux tels que Larry Coryell, John Scofield et Mike Stern… avant de musarder vers les rives argentines du tango et les cascades de notes du jazz manouche. Mathias était prêt pour ce voyage à Séville qui le décide à poursuivre plus loin dans la voie flamenca.

Le flamenco devient sa véritable passion et un engagement artistique ; cet album ne serait-il pas son manifeste pour ce style musical si singulier, sa Mani ‘fiesta ! Ou alors Mani comme « many » c’est à dire « pluriel » en anglais… En effet, les styles sont ici multiples et les sonorités typiques du genre flamenco se métissent aux percussions et incantations indiennes. Tiens, tiens, ce El Mati ne serait-ce pas encore un voyageur des notes, un mixologue de la world music, un shakeur de sons.

Après un premier projet « Cantos del posible » paru en 2010, cette « Fiesta Multiple » (traduction très personnelle du titre de l’album) donne tour à tour une idée du phrasé classique de Mathias (Djebel Musa, La Escapada, Acetileno, Elegia) et de la frénésie rythmique d’El Mati (Raices, Polyptico Sevillano, El mago, La picaresca). Dans tous les cas les compositions sont très mélodiques.

Les pistes s’enchainent et les paysages défilent, des plaines arides jusqu’à la méditerranée, le long des rives du Guadalquivir qui se teinte parfois des parfums du Gange…

A l’écoute de ce disque, les amateurs du projet « Jaleo » (Louis Winsberg), ou encore des vieilles galettes du trio « Paco De Lucia, John Mc Laughlin, Al di Meola », voire (dans un registre plus rock et contemporain) de « Rodrigo y Gabriela », se sentiront en pays de connaissances, et pour cause…. Depuis plusieurs années, Mathias « El Mati » Berchadsky multiplie les collaborations avec de nombreux jazzmen qui ne sont pas insensibles aux « musiques du monde » comme Louis Winsberg ou Minino Garay et travaille également pour le cinéma (Colombiana, Le mac, Une petite zone de turbulences…). De très belles références donc !

Alors, laissez tomber un instant la note bleue pour une pincée de cordes sèches dont vous me direz des nouvelles.

Par Vince

Butano