Christian Sands – Embracing Dawn
5 étoiles
Christian Sands : Piano, compositions
Yasushi Nakamura : Contrebasse (sf 8)
Ryan Sands : Batterie (sf 8)
Marvin Sewell : Guitare (1,2,3,5,9)
Andrew Joslyn : Violon (1,2,5,8,9)
Eli Weinberger : Violoncelle (1,2,5,8,9)
Ross Gillian : Contrebasse (1,8)
Warren Wolf : Vibraphone (2,5)
Grégoire Maret : Harmonica : 9
Christian Sands est un pianiste et compositeur américain plusieurs fois nommé aux Grammy Awards (dont en 2020 pour la meilleure composition instrumentale). Wynton Marsalis a dit de lui qu’il était « la star du jazz futur ». Il a été formé à la Manhattan School of Music de New-York et a débuté son parcours professionnel à 10 ans ! Ses 2 maîtres sont le bassiste Christian Mac Bride qui l’a recruté à 20 ans et le renommé pianiste Dr Billy Taylor qui l’a coaché.
Il a collaboré notamment avec Diane Reeves et Gregory Porter.
L’album « Embracing Dawn » est un mélange enraciné dans l’histoire du jazz : soul, swing, gospel funky, jazz-rock, ballades. C’est une œuvre composée pour faire face à un chagrin (d’amour en l’occurrence mais cela pourrait être un chagrin d’une autre nature généré par une perte de quelqu’un ou de quelque chose), quand il a compris que l’expression de son chagrin pouvait être comprise par ses contemporains en proie eux aussi à une perte il a voulu en faire une œuvre universelle pouvant aider chacun à libérer sa douleur puis l’apaiser et enfin s’en extraire doucement.
Christian est entouré de deux solides piliers : Yasushi Nakamura à la contrebasse (ayant collaboré avec Wynton Marsalis, Joe Lovano ou Dave Liebman) et Ryan Sands, son frère, bouillonnant batteur. Il a également invité des musiciens apportant une tonalité orchestrale plus classique (violon, violoncelle) et d’autres colorant ses brillantes compositions (guitare, vibraphone et harmonica) !
Mes morceaux préférés :
« Good Morning Heartache » enregistré en 1946 par Billie Holiday arrangé par Christian Sands débute l’album en donnant d’emblée le ton et le propos, l’émotion nous prend avec le piano sensible et les cordes tendres.
« Divergent Journeys » : Les moments au piano alternent entre énergie et douceur, le vibraphone éloquent de Warren Wolf apporte du lyrisme aidé en cela par les cordes (guitare, violon, violoncelle), la basse aux sonorités magnifiques de Yasushi Nakamura est un véritable socle tout le long du morceau.
« Ain’t That The same » : La batterie de Ryan Sands attaque avec les peaux ce morceau rythmé aux accents blues, les lignes de contrebasse donnent de la profondeur au groove, la guitare joliment bavarde de Marvin Sewell joue avec la rythmique éclairant façon funky, le piano s’y immisce avec talent : quelle brillante composition de Christian !
« Thought Bubbles I » : Le trio raconte tendrement, en parfaite osmose, cette histoire mélancolique, scandée et ponctuée de soupirs (silences), c’est émouvant.
« MMC » : Itérations pianistiques, énergie jazz-rock, le piano s’envole, la contrebasse voltige sur le tempo que la batterie créative de Ryan Sands surligne.
« Thought Bubbles II » : Le tempo scandé comme par une boite à rythme par chacun des trois, tour à tour, porte des envolées magistrales au piano aussi précises qu’inventives.
« Braises de Requiem » : L’émotion est à son comble sur ce morceau à l’orchestration quasi symphonique où le violon d’Andrew Josselyn, le violoncelle d’Eli Weinberger et la contrebasse de Ross Gillian font écho au toucher sensible et expert de Christian. Ce requiem aide à exorciser le chagrin, à signifier le début de sa fin.
« Embracing Dawn » : L’aube s’embrase doucement, me vient à l’esprit l’image du papillon sortant de sa chrysalide pour une renaissance. L’harmonica de Grégoire Maref sublime cette composition sur laquelle le piano joue sa mélodie avec la sérénité retrouvée.
Bref un album plein de poésie et de nuances qui apaise l’âme.
Label Mack Avenue sortie le 25 septembre 2024
Chronique de Martine Omiécinski
https://christiansands.bandcamp.com/album/embracing-dawn
