Au Trempling Jazz, la musique s’engage ! Les cinq groupes ont montré de vraies qualités de professionnels. A moins de 35 ans et des compositions de leur cru puisque ce sont les conditions, la relève 2023 est bien assurée !

© photo Philippe Marzat

HOLOCENE

 Alexandre AGUILERA :  flûtes traversières & saxophones
– Thomas GAUCHER :  guitare & banjo     
– Alexis CADEILLAN  :  basse électrique & contrebasse     
– Emilian DUCRET :  batterie

         –L’Horizon des événements (Alexandre)

        -L’éveil de l’eau (Alexandre)

         -Sixième Extinction (Alexandre)

Ils nous emmènent dès les premiers accords vers de hauts plateaux. Douceur d’une mélodie tendrement proposée par la flûte délicate. On survole lentement un relief dont les détails sont harmonieusement décrits. Les compositions du flûtiste sont des dentelles finement découpées… et le plaisir vient d’en suivre les courbes toujours gracieuses. La batterie précise et la basse habilement sobre assurent le swing. Et même si L’Horizon des événements raconte l’histoire d’un vaisseau qui se précipite dans un trou noir, nous avons voyagé autrement…

Les éléments naturels bachelardiens, air, eau, rêverie… sont racontés par un camaïeu musical, engageant les oreilles à percevoir les nuances du monde qui nous entoure. Il est bien temps! mais les accélérations sont toujours des avertissements, des alertes fébriles contre l’anéantissement programmé.

© photo Fred Boudou

MOUVEMENTS INFINIS

– Jérôme MASCOTTO  :  saxophones ténor & baryton                 
– Frédéric RENOUX :  claviers       
– Valentin POULET :  batterie

          1- Automne effaçable (Jérôme)

          2- Ce qu’il nous reste (Jérôme)

          3- Mouvements infinis (Jérôme)

          4- Oh mon oedème

L’automne effaçable est un morceau crépusculaire, de saison intermédiaire, de soleil voilé,  de frémissement du froid. Le swing prend le temps du ralenti, le sax ténor en conversation avec le clavier lyrique éveille par assauts progressifs la nature. Au centre, la batterie assure le tempo.

Ils auraient des airs de nostalgieon voudrait marcher sur une grève, les embruns nous rappelant de protéger  Ce qu’il nous reste, une belle inquiétude…

Les mouvements infinis sont une danse comme une procession qui chercherait une scansion joyeuse sans tout à fait le vouloir, plus désireuse d’alerter que de profiter d’un monde en fragilité.

C’est une musique qui fait défiler des scénarii ! A nous de nous emparer d’une histoire… La batterie martelante accompagne les arpèges obsédants des claviers.

Et pour brouiller les pistes, le trio termine par un morceau tonitruant avec un sax baryton oppressé, Oh mon oedème…Si ça enfle, c’est en swinguant ! Bien sympathique ! Juste de quoi exciter les percus et titiller le clavier alors groovant.

© photo Alain Pelletier

LAPSUS

– Bruno ROUGEVIN-BAVILLE :  piano, claviers
– Antoine BRUNET :  basse & moog           
– Félix FAVIEZ  :  batterie

          1-Après la Lumière (Bruno)

          2- Tharsis (Bruno)

          3- Esquisse (Bruno)

          4- Sentence (Bruno)

Le tempo effréné du trio nous entraîne dans une course folle Après la Lumière. L’agilité du clavier est suivie par la fluidité de la batterie. La guitare basse les poursuit avec dextérité. Le piano est une pluie dense malgré les gouttelettes fines, à la montée chromatique continue. La musique halète et reprend son souffle pour courir encore plus vite, obstinée, originale…

L’esquisse, hommage à Debussy, on ne s’en plaindra pas…grouille comme un sol ouvert d’insectes déchaînés. Les trois font frétiller leurs instruments, bousculant le tempo pour le pousser encore. Peu à peu, un univers liquide envahit la scène, fait de remouds, de courants contraires.  La basse referme la scène avec un final un peu psychédélique, aux effets saturant l’espace, suivie par le clavier et la batterie qui dramatisent le morceau. Un monde en soi.

C’est en fait une musique au tempo volontaire, déterminé – une Sentence ? qui se construit comme une cathédrale ou un escalier aux marches déroulantes, au souffle précipité. Quand la langueur arrive, elle n’en prend que plus de saveur. Onirique…

© photo Christine Sardaine

Eddie DHAINI Quartet

 – Eddie DHAINI   :   guitare                        
– Aurélien GODY :  contrebasse                       
– Baptiste CASTETS  :  batterie
– Loïc GUENNEGUEZ  : trompette/Low Whistle

          1- A Pedro (Eddie)

          2- Blake (Baptiste)

          3- Sedona (Eddie)

          4- Ligne13 (Eddie)

          5- Snake charming couscous (Loïc)

Le swing murmurant – A Pedro ? – du début est doux à nos oreilles et permet une attention accrue au solo du contrebassiste. Imaginons une samba à peine esquissée, des hanches ondulant discrètement. Seule la trompette impose des ondulations franches.

Joli son, belles couleurs de la trompette pour ce Blake mesuré, à la lenteur exquise, emprunt de délicatesse.

La mélodie est somptueuse aux sons impeccables, aux accents chatoyants. La guitare raffinée est malgré tout gourmande et entoure avec bienveillance la trompette gracile du musicien de profil…

Nous sommes enveloppés par des parfums inhabituels, des huiles essentielles, la finesse du jeu de la batterie glisse sur les accords d’une guitare enchanteresse. Ligne 13, Il suffit de presque rien, de quelques accords simplement suspendus, qu’ils retiennent tous un peu, d’une contrebasse chantante et d’une trompette aux nuances à chaque instant réévaluées. Superbe !

Ils sont allés chercher une cadence du presque pas, et swinguent tous en douce, arabisant le Snake charming couscous, juste ce qu’il faut pour que notre siège ne tienne pas en place. Un voyage qu’on voudrait sans retour…

© photo David Bert

CONTREFAÇONS

– Vincent  LE BRAS  : piano    
– Pierre THIOT :  saxophones alto & ténor              
– Paolo CHATET :  trompette            
– Esteban BARDET :  contrebasse      
– Thomas GALVAN :  Batterie     

        1-Ouverture (Vincent)

        2-Faciès (Vincent)

        3- Ballade (Vincent)

        4-Entrelacs (Vincent)

        5- Ouverture bis (Vincent)

Le sax alto somptueux et la trompette volubile entament l’Ouverture, un piano énergique, une batterie transversale et une contrebasse agile les accompagnent. Le tempo vif incite l’entrelacement des deux instruments à vent.

Faciès est une composition savante et dynamique où les deux mêmes sont en regard, l’un à l’autre, identique et dissemblable, c’est selon. La batterie est particulièrement fluide, variée dans le toucher, sensibilité rare sur cet instrument…Le piano groove avec légèreté.

Cette  Ballade nous entraîne dans une danse sur une scène immense où pouvoir tournoyer avec sensualité, le sax ténor engageant des pas savamment dessinés, belle inscription dans l’espace. S’y enroule la trompette plus langoureuse. Les deux dans leurs différences se rejoignent par cet enlacement superbement chorégraphié.

Sax alto et trompette se retrouvent dan ce duo frontal pour s’entrelacer. Piano, batterie et contrebasse assurant un tempo assez soutenu, soucieux pourtant de laisser la place à la tresse soufflante.

Anne Maurellet

Galerie photos Alain Pelletier

Galerie photos Christine Sardaigne

Galerie photos Fred Boudou

Galerie photos David Bert

Galerie photos Philippe Marzat