The Kilometers – vendredi 10 juin 2022 – Langoiran

Jean-Loup Siaut, guitare
Geoffrey Shob Neau, basse électrique
Robin Magord, claviers
Didier Bassan, batterie
Jean-Marc Pierna, percussions

Bruitage et grondement en amuse-bouche. Les hirondelles et l’eau passent, elles ne retiendront pas les Kilometers. On est partis pour planer ! Tempo rapide, mais ça groove sur le côté. La guitare circonvolutionne avec Impatience malgré une batterie efficace.

Rythme « waouh ! » Les battements sont forts, précis, charnus. Tu tapes, tu chaloupes, pendant que la guitare de Jean-Loup Siaut, reine du soir, incruste l’espace… Virages ou ralentis, enfonce l’accélérateur, défonce le gravier, Santana, t’es pas loin, hein ?

Swinguy Pinguin, l’orgue Hammond danse avec agilité sous les doigts de Robin Magord,  chatoyant et nerveux ; c’est la fête à la musique sur fond de Garonne au crépuscule joyaux ce soir. La basse de Geoffrey Shob Neau assure le tempo pour que la guitare s’envole.

Avec Odyssée, un slow comme on n’en fait plus, terriblement lancinant jusqu’aux effets hawaïens. Amateurs de neuroleptiques, laissez tomber. Il suffit de suivre la guitare de Jean-Loup pour partir dans des volutes colorées. Bain de pétales veloutés où l’on s’enfonce avec délectation, glissant davantage encore en espérant qu’il n’y aura pas de fond…

Pour planer, on plane, on ne sait si ce sont les accords ponctués de Robin ou les quatre autres qui frappent le tempo…en le caressant, le soir fond doucement, la Garonne a peut-être un peu ralenti, les percussions  de Jean-Marc Pierna et la batterie de Didier Bassan maintiennent le rythme, mais rien y fait, la guitare explose progressivement, la répétition provoquant le débordement. Jouissif, il faut bien le dire…

Viennent des bains de jouvence où l’on a le goût du pétillant dont les éclats jaillissent des doigts agiles de Robin. Il va s’en dire que percu, batterie, basse et guitare répondent au carré, et la ronde ne cesse d’accélérer joyeuse. Les cinq en balade, d’une hanche sur l’autre, langoureusement, avec une guitare aux sons enlaçants, qui fondent comme un sirop tiède sur nous… Y a plus qu’à amplifier et le nectar coule, s’étend, la batterie de Didier régulant le débit. Smoothy.

Des Kilometers de groove, chacun faisant chanter son instrument pour en apprécier le juste tempo. On marche avec eux. Tranquillement.

Pour Crafty donkey, à fond les ballons, joie de la folie du jeu, hystérie bien maîtrisée, juste pour le fun…La main de Jean-Loup frétille sur sa guitare, la basse de Shob s’électrise un peu plus encore, percussions de Jean-Marc et batterie de Didier savamment affolées. Les touches de l’orgue de Robin explosent.

Forcément qu’on est dans les airs, planant au début, planant à la fin, ça fait du bien un coup de psychédélique joyeusement actualisé par un groupe de musiciens sacrément doués et tout autant sympathiques ! La Garonne s’est arrêtée pour les écouter. Ça doit vriller en dessous, les courants, faut pas croire. Et nous ? C’est pareil…La basse scande le tempo, virevoltante, et affirmée. La guitare construit des sons impeccables, implacables.

Alors pour finir, ça pulse, Time square, tous de concertfinal frontal, déterminé. Quelques accords et puis ça réseaute, et s’étend par cercles concentriques aux ellipses variées qui reviennent au même point pour repartir encore, comme le plaisir de la liberté qui se savoure à chaque échappée. Comme un plaisir sans fin…

On espère bien vous revoir The Kilometers !

Anne Maurellet, photo Jean-Michel Meyre

CrawFish Wallet – samedi 11 juin 2022 – Camblanes-et-Meynac

Amandine CABALD ROCHE, chant et  Washboard
Gaëtan MARTIN, trombone et sourdines
Fred LASNIER, contrebasse et chant
Jean-Michel PLASSAN, banjo

Ça commence par un sourire Amandine, avant même de nous enrober. Sa voix sucrée annonce l’utilisation ds instruments comme objets ? non, sujets de plaisir. Le trombone de Gaëtan Martin se contorsionne de rire, à gorge déployée ou fait la sourdine… Un soleil rougeoyant dans la voix, des éclats de miel coulent rapidement dans nos veines.

La contrebasse goguenarde  de Fred Lasnier allèche les musiciens. Betty Boop se dandine…ça cartoone !…

Un fox-trotte et le banjo de Jean-Michel Plassan s’envole. Les ralentis sont de savoureux déhanchés. La contrebasse  se tord elle aussi encouragée par la voix de son maître Fred Lasnier.  Les musiciens jouent impeccablement et Amandine chante les amours, le quotidien, les anecdotes du quotidien. Récits multiples pour mettre en musique la vie à bonne distance, un peu là, un peu le sourire en coin parce qu’il faut s’en sortir et la musique est libératrice, exorcisante. La voix colorée d’Amandine Cabald Roche ensoleille la New Orleans davantage encore. Une chanson vaudoue plus loin et on se laisse envoûter.  

C’est une friandise aux ingrédients parfaitement dosés, et les langueurs de chaque instrument arrondissent les aspérités de la vie et les magnifient toujours avec une pointe d’humour, témoin habile de lucidité….Pincer les sons pour les rendre gouailleurs… et le  tour « savant » est joué !

Anne Maurellet, photo Jean-Michel Meyre

Electric Vocuhila – dimanche 12 juin 2022 – Quinsac

Maxime Bobo, sax alto, clavier & composition
Arthur Delaleu, guitare
François Rosenfeld, basse & guitare
Antoine Hefti, batterie

La place de Quinsac a beau être charmante, nous sommes propulsés dans des contrées paradisiaques. Pagaie à droite, pagaie à gauche, l’eau est translucide, les vaguelettes du tempo bercent doucement les oreilles…faut chalouper tranquille, guitares et sax chantent la mélopée quand la basse gourmande de François Rosenfeld déborde le rythme pour enjoyer les autres qui ne se privent pas alors de tournoyer. On porte des chapeaux de paille, un cocktail à la main.

Des couleurs, il y en a plein, le choix de la joie, d’une légèreté bien maîtrisée…Prendre le temps du paysage, celui de la musique en dentelle, points habilement variés où chaque note est une ode à la vie. Ça fait du bien ! La batterie d’Etienne Ziemniak assure l’ouvrage. Quant au sax de Maxime Bobo, joliment dénaturé, il peut batifoler – il a de l’expérience, le bougre, et ça s’entend…Les guitares d’Arthur Delaleu et de François Rosenfeld s’exotisent, une basse délurée et une guitare chatoyante au découpage raffiné. Les teintes ocres de Madagascar s’affriolent et l’accélération du tempo éclate en mille couleurs sonores jusqu’à une frénésie explosive.

On entend l’Afrique maintenant, le Congo, et la célébration de la Terre par le mouvement, offrande généreuse aux dieux pour un avenir meilleur.

Ralentir aussi, c’est profiter des accords, de l’air chaud, des autres, du plaisir du rythme, de la scansion, de la vie ! C’est modeste et magnifique ! La répétition suscite la fantaisie qui se fait attendre  pour qu’on s’en délecte. La basse enlumine l’autre guitare. La musique entre en transe et alterne un déhanché du plus langoureux avec un rythme primaire, repoussant les chimères. Puissance de la musique, racines et nuées, de l’une à l’autre sans cesse jusqu’à l’oubli bienheureux comme si la vie était infinie…

Il fait 360 degrés et c’est bon !

Anne Maurellet, photo Dom Imonk